Officiellement, l’heureux propriétaire de la villa Maria Irina est, depuis 2016, un milliardaire arménien. Au travers de deux sociétés luxembourgeoise et chypriote, Samvel Karapetyan aurait alors acquis cette somptueuse demeure du cap Martin, plus connue sous le nom de Villa del Mare. C’est celui que portait encore cette bâtisse de 1.600m2, lorsque le vieux "Léopard du Zaïre", feu le dictateur Mobutu, en avait fait son pied à terre azuréen.
La Villa del Mare, rebaptisée Maria Irina, est considérée comme l’une des quinze plus belles propriétés de la Côte d’Azur. Plantée au-dessus de la Grande Bleue au milieu d’un parc de 3 hectares, elle dispose de trois piscines dont une olympique, de terrains de tennis et même de sa propre piste d’atterrissage pour hélicoptère.
Le fantôme de Poutine et de sa maîtresse
Depuis la mort de Mobutu Sese Seko en 1997, cette villa a plusieurs fois changé de mains. C’est un magnat de l’immobilier russe, Chava Chigirinsky, qui la rachète pour la bagatelle de 170 millions d’euros au milieu des années 2000 et la rebaptise Maria Irina. Cinq ans plus tard, ce proche de Boris Eltsine est finalement obligé de se séparer de sa "datcha" sur les bords de la Méditerranée pour éponger ses dettes.
Au travers de la société Maritime Villa Holding SNC, la propriété entre en fait à l’actif de Gazprom Bank, la structure financière du géant gazier russe. Du moins, jusqu’à cette nouvelle transaction en 2016 au profit de Karapetyan?
Rien n’est moins sûr! Le service d’enquête de Bercy suspecte une vente de paille. Au point qu’une procédure a été ouverte par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) qui a tout bonnement saisi la villa del Mare il y a un an. Elle suspecte le groupe gazier russe et les oligarques à sa tête d’en être les véritables bénéficiaires économiques. À moins qu’il ne s’agisse d’une énième poupée russe.
La rumeur locale affirme, en effet, que le maître du Kremlin pourrait avoir acquis cette villa du cap Martin pour l’une de ses prétendues maîtresses, la gymnaste Alina Kabaeva. "Son nom apparaissait dans les documents de vente."
Un auditeur monégasque qui s’est occupé de la "compliance" (conformité, Ndlr) de cette transaction, c’est-à-dire des vérifications obligatoires sur l’origine des fonds et l’identité des bénéficiaires économiques réels, est formel. "C’était même devenu une blague au bureau: pour rire, on disait qu’il allait falloir qu’on demande le passeport de Poutine pour valider la vente."
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