"Au total, il nous aura mordus quatre fois": l'ancien maître du chien Smoke, euthanasié cette semaine, raconte son adoption
Le berger hollandais a été euthanasié mardi. La Société protectrice des animaux l’avait recueilli en 2023. Un an plus tard, le chien a été adopté par un militaire et sa compagne. Il les a mordus quatre fois en trois mois.
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Anaïs GrandPublié le 22/08/2025 à 20:23, mis à jour le 22/08/2025 à 20:25
Smoke, adopté pendant trois mois, a mordu à quatre reprises. Photos DR
"Il ne méritait pas ça." Roger (1) est encore sous le choc de l’annonce. Comme beaucoup de monde, il a appris la triste nouvelle dans notre édition, ce jeudi: Smoke a été euthanasié deux jours plus tôt. Le militaire est celui qui avait adopté le berger hollandais âgé de quatre ans, en janvier 2024. Le chien était hébergé à la Société protectrice des animaux de Flayosc depuis 2023. Il avait été retrouvé attaché à une grille dans un aéroport.
"Quand je l’ai vu pour la première fois, c’était le coup de foudre immédiat. J’étais là pour faire des photos pour le refuge. Je suis passé devant son box, il était avenant, cherchait des câlins et des caresses." L’ex-enquêteur délégué pour la SPA revient une deuxième fois. Puis finit par l’adopter. "ça faisait cinq ou six mois qu’on cherchait un chien avec ma compagne. Tout s’est fait très rapidement avec Smoke." Il remplit les papiers, effectue un don et rentre avec lui dans sa maison, à Montferrat.
"On ne savait pas qu’il était mordeuret qu’il avait déjà mordu une bénévole à son arrivée au refuge. On savait juste qu’il faisait de la protection de ressource, assure Roger. Aussi, ses vaccins n’étaient pas tous à jour. J’ai dû le vacciner pour la rage et d’autres. Mais à part cela, rien à signaler." La première nuit se déroule sans encombre. "Il venait sur nous avec ses jouets. Il était câlin. On le voyait s’épanouir de jour en jour. On l’emmenait partout!"
La dernière morsure la plus violente
Puis, survient le premier accident. Roger lui donne à manger. Pensant que Smoke ne veut plus de sa gamelle, il la lui retire. Contrarié, le chien se jette sur son bras. "J’en ai gardé deux cicatrices. Mais c’était ma faute. J’aurai dû attendre davantage." Avec sa compagne, le couple fait appel à un éducateur canin pour comprendre son comportement. Le professionnel confirme la protection de ressource. Il met en place des exercices à pratiquer avec le chien régulièrement. "On a tout suivi à la lettre et cela a été réglé rapidement", assure Roger.
Sauf que rebelote. Un mois et demi plus tard, alors qu’il somnole, Smoke se met comme à chasser des mouches. "Il n’y en avait pas pourtant. Ma chérie s’est alors approchée de lui. C’est là qui lui a mordu le bras. C’était bizarre. Une fois l’épisode passé, c’est comme s’il était perdu. C’était vide, dans ses yeux."
La même chose se reproduit une nouvelle fois, avec les mêmes symptômes. Le jeune berger hollandais attrape des mouches invisibles après avoir somnolé. Puis se réveille, étourdi. "Au total, il nous aura mordus quatre fois."
La dernière fut la plus violente. "Nous étions en Alsace, chez mes beaux-parents. Smoke dormait en bas de la maison. Ma compagne est partie lui dire bonne nuit et lui faire des caresses. C’est là que je l’ai entendu crier." Roger se précipite voir ce qu’il se passe. Et en bas: stupeur. "Il l’a mordu et n’a pas voulu la lâcher. Il l’a subitement attaqué, sans signe avant coureur. Elle a été contrainte de le frapper pour le faire lâcher. Sa main était ouverte sur 5 bons centimètres. Elle a eu 10 points de suture… Elle a été traumatisée. Elle ne pouvait plus approcher un chien pendant des mois!"
"J’en veux beaucoup à la SPA"
Le couple enferme Smoke à l’extérieur par mesure de protection. Et se résigne à le rendre au refuge de Flayosc. "Ça nous a brisé le cœur."D’autant que Roger a tout tenté. À la suite du deuxième épisode de somnolence, il a emmené le chien chez un vétérinaire pour des analyses. "Il nous a parlé d’épilepsie, de maladie dégénérative… On a fait une prise de sang, mais tout était parfait. On n’a pas voulu faire d’examen complémentaire: un scanner ou une IRM coûte beaucoup trop cher. Nous n’avions pas les moyens financiers, ni les moyens humains pour le garder."
Après avoir averti par mail le refuge de ce qu’il s’est passé ces trois derniers mois (nous avons pu le consulter Ndlr), le militaire ramène Smoke à la SPA. "Les semaines qui ont suivi, je demandais de ses nouvelles. On me répondait que tout allait bien. Il fallait vérifier. On avait tous un doute! J’en veux beaucoup à la SPA. Il y avait des solutions."
Fortement attristé, Roger a supprimé presque toutes les photos du chien. Une manière pour lui de faire son deuil, alors que la colère gronde ailleurs…
Nadège A. est partagée entre colère, tristesse et sentiment d’injustice. Membre du collectif pour sauver Smoke depuis la première heure, elle a publié la pétition, le 20 juillet, pour sauver le berger hollandais de l’euthanasie. Mais les quelque 75.000 signatures n’y auront rien fait. Et désormais, un nouveau mouvement s’organise. "Je vais déposer plainte ces prochains jours contre le refuge de Flayosc. On souhaite défendre tous les chiens victimes et menacés d’euthanasie. Pour cela, des procédures seront engagées à toutes les échelles, même nationale, pour faire entendre leur voix", annonce-t-elle. Une nouvelle pétition a vu le jour ce vendredi pour "rétablir la vérité autour de Smoke et obtenir justice". Dans ce cadre, le collectif prend un nouveau nom: Justice pour Smoke et tous les autres.
Par ailleurs, la manifestation prévue dimanche devant la SPA de Flayosc est finalement annulée. "Nous redoutons des débordements. Il y a une vague de haine naissante sur les réseaux sociaux", justifie-t-elle.
Et de réagir à l’interview du président de la Société protectrice des animaux, Jacques-Charles Fombonne : "Ce qui me blesse le plus, c’est qu’on nous fait passer pour ce qu’on n’est pas. On n’a jamais insulté qui que ce soit. Les blessures du bénévole ont été exagérées. Et le référé heure par heure, ils l’ont reçu en main propre. Nous l’avions donné au responsable régional."
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