Humanitaire, flic, romancier, scénariste, Olivier Norek a déjà eu plusieurs vies. À 49 ans, celui qui vient de publier un roman historique autour de la guerre entre la Finlande et la Russie en 1939, Les Guerriers de l’hiver, revient avec Tout le monde ment sur France 2 à son premier amour: une histoire de flics.
Pour ce troisième épisode – le quatrième arrive la semaine prochaine –, l’équipe de Vincent Verner (Vincent Elbaz), traque un PDG d’une gigantesque entreprise de traitement des eaux incarné par Stéphane Freiss. Verner, c’est le boss du Groupe des affaires sensibles, des flics pas comme les autres qui s’attaquent aux puissants. Une idée de Norek qui, après avoir connu le succès avec des romans policiers dont la quadrilogie autour de son personnage de Victor Coste, s’est rapidement mis à la fiction.
"La télévision répond à deux logiques: une envie et une opportunité, détaille Olivier Norek. Après mon roman Territoires, la production d’Engrenages m’appelle pour que j’écrive la sixième saison qui traitait de la même thématique. Je me plonge alors pendant quinze jours, seul, pour décortiquer des séries de flics qui me parlent comme Sherlock Holmes et The Wire. Je voulais comprendre comment ça fonctionnait. Et puis l’envie a fait la suite car, quand on est romancier, écrire pour les autres, c’est grisant."
Un chef d’orchestre
Depuis, l’homme enchaîne les romans et les scénarios dont ceux de la série de France 2, Les Invisibles ainsi que Tout le monde ment, donc. "Ce n’est pas le même métier. Quand j’écris un roman, je suis le seul maître à bord. Sur une fiction, il y a plus de filtres: la production, le diffuseur, le réalisateur, les coscénaristes, les acteurs. Je dois faire monter plus de personnes sur mon bateau et être le chef d’orchestre au milieu de cette cacophonie pour avoir une belle mélodie, poursuit-il. Tous les acteurs sont des instruments de musique et on ne demande pas à un violon la même chose qu’à une contrebasse."
Par exemple, lors de l’écriture de Tout le monde ment, Édouard Baer avait été envisagé pour incarner le personnage central avant que Vincent Elbaz ne s’impose. "Vincent est un acteur protéiforme, très physique, et comme son personnage est récurrent, j’arrive à comprendre comment il fonctionne, c’est comme un outil que je maîtrise de mieux en mieux. Je connais son vocabulaire, sa manière de bouger." Très attaché à la narration, par les mots ou l’image, Olivier Norek ne s’interdit rien et, malgré le succès, demeure un homme qui doute. "Je ne suis jamais apaisé, jamais serein, jamais en confiance mais c’est peut-être mon moteur", confesse le natif de Toulouse.
Son roman "Surface" bientôt à l’écran
"Chaque livre est différent en fonction de qui le lit, nos souvenirs sont nos propres moteurs d’interprétation mais quand un réalisateur adapte l’un de mes écrits, avec ses propres souvenirs, il y a toujours, dans un premier temps, un sentiment de déception liée à une petite trahison. Et puis au deuxième visionnage, on aime, on s’habitue alors à la vision de l’autre."
Lorsque l’on est adossé à autant de succès populaire et d’estime, on est convoité. C’est le jeu. "Quand on vient me proposer d’adapter à l’écran l’un de mes livres, le feeling entre en jeu mais je regarde surtout la faisabilité du projet, je fais attention à l’attelage final. Mais parfois cela peut prendre du temps, Code 93 est optionné depuis 10 ans, par exemple, et ne s’est pas encore fait. Surface, publié en 2019, va seulement sortir prochainement en série sur France 2 avec Tomer Sisley et Laura Smet".
Mine de rien, l’homme sort d’un tunnel de création avec, en peu de temps, un roman et deux séries. "J’étais un flic de terrain alors je suis un auteur de terrain, je vis les choses, quand j’écris Dans les brumes de Capelans, je pars plusieurs mois à Saint-Pierre-et-Miquelon pour m’imprégner. Je me vois comme un contenant, je me remplis d’émotion, de curiosité, de témoignages, que je vide ensuite en couchant tout ça sur le papier. Et là, après une telle période de création, je suis un ballon vide qu’il faut que j’aille vite regonfler en ouvrant mes radars, je fonctionne ainsi."
"Tout le monde ment", ce mercredi à 21h10, sur France 2.
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