40 ans après, ils racontent la création du stade Louis-II à Monaco

Prouesse architecturale qu’on ne présente plus, le stade Louis-II célèbre cette année 40 ans d’histoire, d’émotions et de performances. Les chevilles ouvrières de sa conception témoignent.

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Sacha Tisic Publié le 06/02/2025 à 11:00, mis à jour le 06/02/2025 à 11:00
Le stade Louis-II lors d’un match de Ligue 1 entre l’ASM et le FC Metz. (Archive J.-F. Ottonello)

Quatre décennies d’histoire, un stade de trois hectares situé sur une extension de 22 hectares, une salle omnisports modulable jusqu’à 4.500 places, un centre nautique, une piste d’athlétisme de 400m avec huit couloirs, des arches reconnaissables entre mille, 120.000m3 de béton, 9.000 tonnes d’acier et 2.000 tonnes de charpente... le mythique stade Louis-II souffle ses 40 bougies en 2025. Un anniversaire célébré en grande pompe ce mardi soir au salon d’honneur de l’enceinte, réunissant personnalités politiques et sportives de la Principauté. Parmi elles, ceux qui ont activement participé à la construction de l’édifice.

Le "lobby du foot" opposé à la piste d’athlétisme

Dont l’ancien directeur puis conseiller de gouvernement pour les Travaux Publics, et actuel conseiller du Prince, Bernard Fautrier. Il se souvient pendant la phase de réflexion de la lutte acharnée entre "le lobby du football" et ceux qui souhaitaient un véritable stade omnisports.

"Mon premier souvenir remonte à l’élaboration du programme du bâtiment. La mise au point de ce programme ne fut pas chose simple. Il y avait à l’époque, y compris au sein du gouvernement, le lobby du football, qui refusait qu’un spectateur soit éloigné de la pelouse par une piste d’athlétisme. Fort heureusement, le prince Rainier III et le prince Albert II n’ont pas hésité et ont choisi l’option du stade omnisports. Je n’imagine même pas ce qu’auraient été les choses si les scolaires n’avaient pu utiliser ces magnifiques installations. Et Herculis n’aurait pu être inventé et développé", expose longuement celui qui était aussi président de la section athlétisme de l’AS Monaco.

Bernard Fautrier se rappelle également des nombreux échanges qu’il a eus avec l’équipe d’architectes. "Nous leur devons en outre ces magnifiques arcades [...] les surfaces à usage de bureau. Ce parti pris à non seulement permis d’intégrer l’ouvrage sportif au quartier de Fontvieille mais aussi de nous donner une surface appréciable de 12.000m2 de bureau, ce qui n’était pas du tout inutile à l’époque", poursuit-il. Une idée développée par Rainier Boisson, dernier des cinq architectes du stade encore en vie. "L’idée de cette façade incorporant des bureaux était une idée que j’avais développé dans mon diplôme d’architecte. Et le Souverain [Rainier III] avait eu la gentillesse de reprendre ce projet", indique-t-il.

Ses plus grands défis techniques d’architecte lors du chantier? "Les poutres croisées qui sont sur la salle omnisports et la piscine. Il s’agit de poutres de très grandes hauteurs, de très grandes importantes, mais croisées, avec de nombreuses précontraintes, comme la mise sous tension de l’acier pour renforcer l’effort du béton. Une première mondiale à l’époque", assure le professionnel.

À l’époque déjà, la couleur des sièges faisait débat

"Une deuxième chose qui m’avait marqué, c’était l’importance des fûts qui sont les soutènements du stade et qui sont des énormes cubes ferraillés de façon très conséquente. Pour le coulage du béton, je me rappelle aussi que la centrale avait travaillé jour et nuit pendant deux jours... ce sont des souvenirs particuliers", enchaîne Rainier Boisson. Les deux hommes se remémorent non sans émotion l’omniprésence du prince Rainier III dans le déroulement du chantier.

"Compte tenu de l’importance et de la complexité du chantier, cela ne pouvait pas aller sans aléas et périodes de stress. Je me souviens d’un voyage express que j’ai dû faire à Paris, où se trouvait le prince Rainier III, pour évoquer une situation préoccupante dans la conduite des travaux, ses potentielles dérives financières et la nécessité d’une remise en ordre au sein du service maîtres d’ouvrage. Cela fut fait rapidement, avec le dynamisme notamment de l’extraordinaire René Bouchet, à qui l’on doit bien d’autres aménagements essentiels pour Monaco comme la digue du port", explique Bernard Fautrier. Et à l’époque déjà, la couleur des sièges était un objet de débat.

"On avait présenté au Prince trois ou quatre couleurs pour les sièges avec des photos montages. On a été les premiers surpris qu’il retienne le jaune. Il avait écarté les bleus, les verts... et je crois bien les rouges", rapporte l’architecte, pas opposé au jaune, contrairement à Bernard Fautrier. "J’étais loin d’être un chaud partisan du jaune. Mais il eut une vertu que je conserve chèrement dans mon cœur, il permettait au prince Rainier III de me chambrer en me disant: ‘‘Tu vois qu’il est pas mal du tout ce jaune’’."

Adieu les sièges jaunes

Si le remplacement des sièges était déjà acté, la directrice du stade Louis-II, Sylvie Bertrand, a confirmé qu’ils ne seront plus jaunes… sans toutefois préciser leur couleur future.

En séance du Conseil national le 16 décembre 2024, le conseiller de gouvernement – ministre de l’Intérieur Lionel Beffre a déclaré que des propositions d’architectes étaient arrivées sur la table et qu’elles seraient soumises à arbitrage.

Concernant la phase de travaux qui démarre cette année et qui devrait – pour sa première phase – prendre fin en 2027 avant l’organisation des Jeux des petits États d’Europe à Monaco, Sylvie Bertrand donne davantage de renseignements. Outre les sièges, "cette année, on se lance dans la rénovation des buvettes et des sanitaires". Pour l’après 2027, Lionel Beffre avait précisé le déroulé des évènements le 29 novembre dernier. "On rentrera dans une phase plus structurante avec de nouveaux halls d’accueil grand public, une rénovation du parking, l’implantation de panneaux photovoltaïques sur la toiture, etc."

Une plaque commémorative pour les 40 ans

Le prince Albert II, accompagné ici par la directrice du stade Louis-II Sylvie Bertrand, dédicace la plaque commémorative pour les 40 ans de l’enceinte omnisports. Cette plaque sera affichée dès avril 2025 dans la rue piétonne intérieure, qui accueillera une exposition consacrée aux 40 ans du stade, sous la direction du journaliste Gérard Holtz, présent au salon d’honneur mardi soir.

"Pour faire cette plaque, on a broyé et fait fondre six sièges jaunes, qui ont été fondus dans la ville de Crest, qui appartenait au duché de Valentinois, et qui fait aujourd’hui partie du réseau des Sites historiques Grimaldi de Monaco", indique Sylvie Bertrand.

(Photo Jean-François Ottonello).

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