"Des tueurs silencieux": des chercheurs assurent que le changement climatique et ses pics de chaleurs ont causé au moins 15.000 morts cet été en Europe

Entre 15.000 et plus de 17.000, c'est le nombre de décès qui pourraient avoir été causés par le changement climatique durant l'été 2025 en Europe. Ce sont en tout cas les premiers résultats d'une étude scientifique, encore en cours, révélés ce mercredi 17 septembre Et l'estimation pourrait même être revue à la hausse... En cause, les vagues de chaleur, aux effets délétères sur la santé.

AFP Publié le 17/09/2025 à 07:30, mis à jour le 17/09/2025 à 07:30
La chaleur a des effets délétères sur la santé, surtout des plus de 65 ans, précise l'étude. Photo Justine Meddah

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne ce mercredi 17 septembre le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

Il faut toutefois prendre ces chiffres avec précaution. Ce type d'étude, de plus en plus courante depuis plusieurs années, vise à donner une estimation rapide de la mortalité liée au réchauffement climatique, sans attendre une publication en bonne et due forme en revue scientifique avec une méthodologie plus robuste.

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Des chiffres en dessous de la réalité? 

Pour parvenir à leurs conclusions, les chercheurs ont d'abord modélisé dans quelle mesure le réchauffement climatique avait contribué aux températures élevées cet été. Ils estiment, au final, que sans changement climatique, les températures moyennes auraient été inférieures de 2,2°C dans les villes concernées.

Les auteurs ont ensuite croisé cette observation avec des données passés sur la mortalité liée à la chaleur dans les différentes villes. Ils en arrivent ainsi à la conclusion que le réchauffement climatique a contribué à plus de 800 morts à Rome, plus de 600 à Athènes, plus de 400 à Paris... De manière générale, plus de 85% de ces morts auraient frappé des plus de 65 ans.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".

Mais ces chiffres ne prennent pas en compte l'excès réellement observé de mortalité. C'est à partir de telles données que des chercheurs finissent par donner une estimation solide de la mortalité liée à la chaleur: elle avait ainsi causé quelque 47.000 morts en Europe en 2023, selon une étude publiée par Nature Medicine un an après la période concernée.

"C'est impossible d'obtenir des statistiques en temps réel à l'heure actuelle", a admis Friederike Otto, co-auteure de l'étude. Mais les estimations "sont dans les clous", a-t-elle assuré.

De fait, nombre de chercheurs extérieurs à l'étude ont salué une étude valable, soulignant même qu'elle risquait d'être en-dessous de la réalité.

"Les méthodes utilisées dans ces études d'attribution sont scientifiquement solides mais prudentes", a expliqué Akshay Deoras, spécialiste en sciences de l'atmosphère à l'université britannique, au Science Media Centre. "Le nombre réel de morts pourrait même être plus élevé."

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