En juillet dernier, ils ont fait sourire la planète. La mine déconfite du p.-d.g. d’Astronomer, surpris par une « kiss cam » alors qu’il assistait au concert de Coldplay avec sa maîtresse et collègue, est devenue virale.
Les rires se sont voilés lorsqu’on a appris que le premier avait été licencié, tandis que la seconde était poussée à la démission.
Plus récemment, c’est le directeur du groupe Nestlé qui a été congédié. Lui aussi était en couple avec sa directrice des ressources humaines (DRH). Le géant suisse de l’agroalimentaire a indiqué que cette "relation amoureuse non déclarée [sic] avec une subordonnée directe" était "une infraction au code de conduite professionnelle" de l’entreprise.
Cette semaine, enfin, nos confrères du Parisien ont révélé la mésaventure d’une DRH des Yvelines, contrainte de rédiger sa propre lettre de licenciement pour "faute", après que la liaison qu’elle entretenait depuis deux ans avec le président de sa société eut été mise au jour.
Des salariés sanctionnés sur l'autel de la morale
Dans ces trois affaires, il n’est pas question de contraintes, de pressions, de violences ou d’emprises psychologiques. Les acteurs sont majeurs et consentants ; on pourrait estimer que ce qu’ils font sous la couette ne regarde que leurs conjoints et leur conscience – en aucun cas leurs employeurs.
Et cependant, ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées. Pour ne pas déplaire à leurs actionnaires et à leurs clients, pour étouffer un "scandale" démultiplié par les réseaux sociaux, des dirigeants ont fait le choix de sanctionner leurs salariés sur l’autel de la morale.
Même si les feux de l’actualité sont désormais braqués ailleurs, vers un mouvement social en germe et un gouvernement en devenir, ces décisions interrogent autant que l’indifférence qu’elles ont suscitées. Elles révèlent une évolution de nos sociétés vers une forme de puritanisme que l'on croyait réservée au pays de l’Oncle Sam.
commentaires