Au total, 2,5 millions de patients vivant dans 151 intercommunalités situées principalement dans le centre et le sud-ouest hors littoral du pays seront concernés par le dispositif, déployé "dès la semaine prochaine", comme annoncé par le ministère de la Santé.
Dans les Alpes-Maritimes, la mesure s'appliquera sur le territoire de la Communauté de communes Alpes d'Azur (1).
L'objectif? Envoyer des médecins généralistes en renfort dans des déserts médicaux, jusqu'à deux jours par mois... et uniquement sur la base du volontariat.
Une première, et une excellente nouvelle pour le président du Conseil régional de l'Ordre des médecins, Hervé Caël.
"Renoncer à la coercition à l’installation en faisant plutôt appel au volontariat, c’est une démarche que nous soutenons pleinement, souligne le médecin azuréen. Face à la difficulté actuelle de trouver de nouveaux praticiens, on ne s'arc-boute plus sur la volonté d'avoir un médecin comme avant, installé dans tel ou tel village, disponible 7j/7, 24h/24. Nous sommes en train de réinventer collectivement un système d'accès aux soins."
Une égalité d'accès aux soins, "mais pas n'importe comment"
Dans les 34 communes (2) que regroupe l'intercommunalité Alpes d'Azur, "deux médecins issus d'autres territoires, dont un vient de Nice, sont déjà présents quelques demi-journées par semaine".
Le Conseil régional de l'Ordre des médecins travaille main dans la main avec l'Agence régionale de santé (ARS) sur ce nouveau projet, avec une ligne conductrice: "Ne pas fragiliser l'existant."
Hervé Caël reste enthousiaste, mais prudent: "Nous ne connaissons pas encore les détails d’application de ce "pacte de lutte contre les déserts médicaux". Mais il faudra inciter, et c'est légitime, les médecins à venir, notamment en prenant en charge leurs déplacements. En veillant toutefois à ne pas créer de concurrence ou à décourager les praticiens déjà sur place. Que personne ne se dise: attendez, vous faites monter d'autres médecins dans de meilleures conditions, du coup j'arrête. Nous sommes tous sensibles à la nécessité d'avoir une égalité d’accès aux soins sur l’ensemble du département, mais pas n’importe comment."
L'appel aux volontaires est donc momentanément en attente, mais la marche à suivre pour la suite est déjà fixée: "Quand on aura trouvé, nous nous réunirons avec l’ensemble des acteurs de soin de ces communes autour d’une table pour monter un projet de santé. À partir de là, tous pourront, ensemble, mettre en place des actions complémentaires, comme des créneaux de téléconsultation par exemple."
Quant au choix géographique, pourquoi les Alpes d'Azur plutôt qu'une autre intercommunalité? "Des besoins, il y en a également sur d'autres territoires, on peut discuter le choix qui a été fait." Mais le médecin et ses confrères ont décidé de jouer le jeu.
"Cette expérience grandeur nature peut démontrer que si tout le monde y met de la bonne volonté, nous pouvons arriver à quelque chose." Et retrouver du sens à travers un système médical territorialisé élaboré en commun avec l'ensemble des acteurs de santé qui y sont rattachés.
1. Dans la région, sont également concernées : les communautés de communes Lacs et Gorges du Verdon dans le Var, Ventoux Sud, Rhône Lez Provence et Enclave des Papes-Pays de Grignan dans le Vaucluse.
2. Aiglun - Ascros - Auvare - Beuil - Châteauneuf-d'Entraunes - Cuébris - Daluis - Entraunes - Guillaumes - La Croix-sur-Roudoule - La Penne - Lieuche - Malaussène - Massoins - Péone-Valberg - Pierlas - Pierrefeu - Puget-Rostang - Puget-Théniers - Revest-les-Roches - Rigaud - Roquestéron - Saint-Antonin - Saint-Léger - Saint-Martin-d'Entraunes - Sallagriffon - Sauze - Sigale - Thiéry - Toudon - Touët-sur-Var - Tourette-du-Château - Villars-sur-Var - Villeneuve-d'Entraunes.
La carte des communes concernées est disponible ici.
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