Pour son 20e anniversaire, retour sur les missions du Centre de coordination gérontologique de Monaco

Le Centre de coordination gérontologique de Monaco vient de souffler sa vingtième bougie en présence du Souverain. L’occasion de revenir sur ses actions et ses projets.

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Yannis Dakik (ydakik@nicematin.fr) Publié le 23/06/2025 à 11:15, mis à jour le 23/06/2025 à 11:15
Le Souverain et le ministre de la Santé et des Affaires sociales Christophe Robino, entourés de Philippe Migliasso et Pascale Gelormini.  Photo Manuel Vitali/Dir’Com’
"Vingt ans déjà", lancent sans se concerter le conseiller de gouvernement-ministre des Affaires sociales et de la Santé Christophe Robino et le docteur Pascale Gelormini, à la tête du centre avec Philippe Migliasso. Vingt ans que le Centre de coordination gérontologique de Monaco (CCGM) accueille, oriente et accompagne les personnes de plus de 60 ans dans leur volonté de garder une indépendance, à leur domicile, malgré leur fragilité.
 
À la tête du CCGM depuis sa création, Philippe Migliasso se souvient de l’ouverture de ses portes en 2005. "C’était assez innovant et précurseur à l’époque. Pour faire face à ce phénomène d’évolution démographique qu’on appelle même la gérontocroissance, avec une évolution de la tranche des plus âgés au niveau de la population. Car Monaco aussi suit ce mouvement."
 
Préserver l’autonomie, maintenir la sécurité
 
Pour faire face à ce phénomène de vieillissement de la population, le centre a ciblé son champ d’action sur le soutien des personnes fragiles en préservant une certaine autonomie des concernés. "Nous nous adressons exclusivement aux personnes qui vivent à leur domicile. Nous ne sommes pas un centre d’hébergement. Ici, on répond aux besoins de la population qui demande à rester à son domicile le plus longtemps possible. Notre équipe, composée du docteur Gelormini, d’infirmières, d’assistantes sociales, se rend au domicile pour faire l’évaluation gérontologique. C’est un grand mot pour dire qu’il s’agit d’une batterie de tests qui sont reconnus à l’échelle internationale et qui vont nous permettre d’évaluer l’autonomie de la personne dans son contexte de vie. Sur le plan physique, cognitif, mais aussi sur le plan environnemental et social."
 
L’entretien dure environ une heure puis, à son terme, les équipes autour de Philippe Migliasso établissent un "plan d’aide" pour apporter une réponse adaptée à la problématique du patient. « Avec les regards de nos différentes professions, chacun au travers de son prisme va faire une analyse de la situation. Nous regardons quels sont les moyens à mettre en place pour répondre à la personne. »
 
Ainsi, que ce soit pour de la toilette, pour une aide médicale ou pour une simple mission, les équipes du CCGM se rendent au domicile du patient pour lui apporter le soutien nécessaire.
 
Un soutien pour les personnes âgées... et les aidants
 
Si on parle souvent d’aide auprès des seniors, leur entourage est aussi concerné. "S’occuper d’une personne en perte d’autonomie, c’est aussi s’occuper de l’aidant familial, estime Philippe Migliasso. Il n’est pas la première intention, mais pour qu’on ait un accompagnement serein, il faut bien entendu travailler avec l’aidant familial."
 
Une aide qui se matérialise, parfois, par un simple temps d’écoute. "De temps en temps, la personne arrive et elle a beaucoup, beaucoup de questions. Elle est en panique. Souvent, on a des épisodes de crise. On parle même de burn-out chez l’aidant."
 
Ainsi, la structure organise des entretiens individualisés en tête-à-tête. "La personne est amenée à exprimer ses difficultés. Parfois, c’est à nous de lui permettre de prendre du recul pour analyser la situation et la dédramatiser, de lui faire savoir qu’elle n’est pas la seule dans cette situation, qu’il y a des solutions."
 
Une évolution proportionnelle à celle de la société civile
 
Avec le temps, les pratiques évoluent. Et grâce à une activité étalée sur vingt ans, Philippe Migliasso a le recul nécessaire pour constater certains de ces changements. À commencer par la volonté de rester chez soi coûte que coûte. "On voit une différence et une évolution des mentalités. Aujourd’hui, nous accompagnons les aidants de la première génération que nous avons accompagnés. Les souhaits sont différents. Désormais, les personnes aidées souhaitent être acteurs de leurs projets de vie, être décisionnaires. Ils sont véritablement partenaires dans les plans d’aide que nous proposons."
 
Et quand il tente de motiver les raisons qui poussent les personnes à agir de la sorte, Philippe Migliasso a plusieurs pistes. "Le domicile, c’est plus que l’endroit où on vit, c’est des souvenirs, c’est toute l’histoire qu’on porte. Les domiciles sont un peu l’autoportrait des personnes qui les habitent. Et puis entrer en institution, c’est accepter de nouvelles habitudes, c’est accepter la vie en collectivité, c’est accepter d’être guidé par un rythme, le rythme de l’institution. Le domicile, c’est quand même la liberté de choisir. Et l’autonomie, c’est la liberté aussi de dire non. Et quand on est chez soi, on peut dire non."
 
Seulement voilà, ces évolutions ont des conséquences pour les établissements. "Aujourd’hui, les gens qui entrent en institution sont des personnes beaucoup plus dépendantes que la population que nous avions accompagnée au départ. Cela veut dire qu’ils n’ont plus d’autres options et que c’est une solution de la dernière chance. C’est-à-dire qu’on a tout essayé avant."

Les projets dans les cartons du centre de coordination

Mises en place en début d’année, les gardes itinérantes rencontrent un succès certain, affirme Philippe Migliasso. Ce service, c’est une société de service à la personne qui les assure avec deux passages par nuit pour maintenir un lien avec les seniors en dehors des heures d’intervention des auxiliaires de vie. "Les missions sont principalement des couchers tardifs ou des besoins physiologiques. Cela permet de maintenir un lien social et une interaction pour la personne aidée qui, souvent, avait des difficultés de participer aux repas de famille car elle devait aller se coucher à des heures qui ne sont pas forcément adaptées." Le responsable du centre se réjouit de l’accueil positif de ce dispositif qui nécessite tout de même de remplir des critères d’éligibilité. "Il faut quand même continuer à évoluer et à communiquer dessus. On observe une crainte dans l’acceptation de ces gardes itinérantes de nuit puisque c’est quand même accepter l’intervention de personnes la nuit chez soi."

Vers la reconnaissance du statut d’aidant?

Outre ce projet déjà sur les rails, Philippe Migliasso espère faire reconnaître le statut d’aidant familial. "Il y a une grosse réflexion à ce sujet car c’est un pilier central. C’est une force invisible qui est là 24 heures sur 24, 365 jours par an. On réfléchit également au relayage pour permettre à l’aidant de s’accorder un séjour, de partir chez la famille, en sachant qu’il y aura une présence au domicile 24 heures sur 24. La réflexion est bien avancée et elle est en cours, mais cela demande des petites adaptations sur le plan législatif et notamment au niveau du droit du travail."

Enfin, toujours dans le but de soulager l’aidant et d’accompagner la personne en perte d’autonomie, le responsable du CCGM souhaite mettre en place un lieu d’accueil pour les patients dont l’aidant aurait besoin d’être hospitalisé temporairement. "Si le senior ne peut pas rester au domicile alors que l’aidant est hospitalisé, l’idée est qu’il puisse se rendre dans un accueil temporaire avec une prise en charge."

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