Le monde est petit. Et celui du rugby encore plus. Au bord du terrain, dans les staffs ou devant les caméras, il est ainsi fréquent de retrouver les anciens joueurs.
Mais certains, qu’ils aient dû composer sans les avantages du professionnalisme (et donc travailler à côté du sport) ou qu’ils en aient bénéficié, ont choisi des voies bien différentes.
Dans cette série, Var-matin vous propose de revenir sur les "autres vies" de plusieurs anciens joueurs du RCT, entre doubles parcours et reconversions insolites. Retrouvez aujourd’hui un nouvel épisode.
On pourrait dire de lui qu’il a eu mille vies. Largement connu pour sa brillante carrière de joueur au Rugby club toulonnais (deux Brennus) et avec le XV de France (42 sélections, quatre Tournois des Cinq Nations remportés), celui que l’on surnommait autrefois le Barbare de la rade a également connu moult activités une fois les crampons rangés.
Président du RCT de 2003 à 2006, conférencier, égérie pour de nombreuses marques, consultant, commentateur pour TF1, entrepreneur dans l’hôtellerie-restauration (L’Oustaou à Porquerolles, Le Brasseur à La Valette)… Éric Champ l’avoue volontiers: "La reconversion fut un régal".
Et s’il vit aujourd’hui comme "[il a] envie de vivre", paisiblement, et jamais trop loin de Toulon, le Valettois d’origine a longtemps bourlingué dans le cadre de sa deuxième carrière: celle de dirigeant. Peut-être la moins connue, mais pas la moins remplie pour autant.
Premier travail dans l’ancien Naval Group
Tout a commencé à la fin des années 1970, lors de sa formation de technicien à la direction générale de l’armement (DGA). Eric n’a que 16 printemps lorsqu’il entre au Mourillon pour un cursus en trois ans. Le rugby est encore "amateur" et il lui faut donc s’assurer un avenir professionnel.
"Après ça, j’ai commencé à travailler à la DCNS (Direction des constructions navales), devenue Naval Group, se souvient le grand gaillard. J’étais dans les ateliers de réparations, où l’on réparait les bateaux, les sous-marins."
Cette formation, industrielle, lui resservira quelques années plus tard, en 1991. L’emblématique troisième ligne a alors entamé la seconde partie de sa carrière de rugbyman. L’un de ses amis d’enfance, de son côté, est à la tête d’un petit groupe industriel "familial".
"Ils étaient intéressés par ma formation industrielle et ma notoriété", confie Éric, qui prend cet intérêt comme une belle "opportunité". En effet, le Varois souhaite continuer à fouler les pelouses du championnat de France. Le deal avec la société est le suivant: "Tu continues à jouer au rugby, et tu apprends les métiers de l’ingénierie". Il n’en fallait pas plus pour le faire signer.
Assystem, Capgemini, Parlym…
Le capitaine du RCT embarque dans le vaisseau Studia et contribue à son développement, notamment dans le sud et dans le nord de la France. Il y restera vingt ans.
Lors du rachat de l’entreprise par le groupe Assystem, il est même nommé directeur commercial du groupe d’ingénierie, spécialisé dans des domaines tels que le nucléaire, le spatial et l’aéronautique.
Puis, en 2003, il prend la tête de l’une de ses filiales, Assystem Facilities. "J’ai un peu retrouvé dans le management des équipes d’ingénierie le management que j’avais connu dans le rugby, à la fois pour le subir et le réaliser", assure-t-il aujourd’hui.
Oui, mais. Malgré les charmes de Paris, le Sud lui manque. Dès 2009, Eric regagne donc la région, et plus particulièrement Aix-en-Provence, en devenant le directeur du développement de Sogeti High Tech, une société d’ingénierie, d’études et d’assistance techniques en hautes technologies, filiale du groupe Capgemini.
"Ce qui m’a beaucoup plu pendant toutes ces années, c’est qu’on a appuyé sur le champignon!" Encore et toujours, puisque moins de quatre ans plus tard, le Varois se lance un dernier gros défi au sein du groupe industriel Parlym. Il endosse alors le rôle de dirigeant, chargé du développement des entreprises du pôle France.
"À un moment, mes plus grands copains étaient les chefs des gares et les conducteurs de taxis. Et ma maison, c’était plus l’aéroport que chez moi", se marre Éric, avant de poursuivre: "Ce qui était très intéressant, c’est qu’il y avait de la part de cette boîte et de son président une vraie volonté de développement et de conquête. Là-dessus, on s’est bien entendus".
Aujourd’hui, le groupe est présent dans une quarantaine de pays et réalise des projets dans les secteurs du gaz, du nucléaire et des énergies renouvelables. "Moi, j’ai vendu il y a quelque temps mes capitaux chez eux. Mais je continue de collaborer, même si je n’ai plus de rôle opérationnel."
"L’un de mes moteurs a été la conquête"
Reste donc un parcours fou dans cet après-rugby. Un parcours qui aura vu Éric Champ diriger des centaines d’hommes et de femmes. Un parcours qui lui aura permis de vivre beaucoup "de belles aventures".
Et qui, aujourd’hui, lui permet d’encore redire merci au rugby: "L’un de mes moteurs, sans penser à l’argent, a été la conquête. Et cela en faisant les choses avec des gens qu’on aime. Le lien numéro un avec le rugby, c’était ça: la notion de conquête. Je suis allé chercher ce qui, dans ma carrière sportive, m’avait permis d’avancer dans la gestion des groupes et des individualités." Un vrai capitaine de vaisseau, ce Barbare de la rade.
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