Le prochain pape sera-t-il français? Voici les cardinaux en vue au conclave qui démarre mercredi 7 mai

Les cardinaux du monde entier se réunissent en conclave à partir du mercredi 7 mai pour élire le successeur du pape François. Seuls 133 cardinaux, âgés de moins de 80 ans, prendront part au vote.

La rédaction avec AFP Publié le 05/05/2025 à 14:00, mis à jour le 05/05/2025 à 14:00
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Diplomates, hommes de terrain, théologiens ou médiateurs: voici 16 cardinaux dont la voix comptera au moment du vote pour élire le nouveau pape.

Si certains sont présentés par les observateurs comme "papabili", favoris pour succéder à François, l'issue du conclave, qui débute mercredi 7 mai, est toujours imprévisible, rendant tout pronostic très hasardeux.

Europe

- Pietro Parolin (Italie), numéro deux du Vatican, 70 ans: secrétaire d'Etat pendant la quasi-totalité du pontificat de François, ce diplomate très chevronné a été le bras droit du pape et un homme de premier plan sur la scène internationale.

Silhouette légèrement courbée, voix fluette et tempérament calme, il a voyagé dans le monde entier et est connu de nombreux dirigeants politiques comme de l'ensemble de la Curie romaine (appareil administratif du Saint-Siège), dont il connaît tous les rouages.

Membre du Conseil des cardinaux, parfait connaisseur des dossiers, il a eu un rôle clé dans la signature en 2018 d'un accord historique entre le Saint-Siège et la Chine sur les nominations d'évêques.

- Pierbattista Pizzaballa (Italie), patriarche latin de Jérusalem, 60 ans: fin connaisseur du Proche-Orient, ce franciscain et théologien italien parlant l'hébreu et l'anglais est arrivé à Jérusalem en 1990.

En septembre 2023, il devient le premier patriarche de Jérusalem - la plus haute autorité catholique d'Orient - en exercice à être créé cardinal.

Un mois plus tard éclate la guerre entre le Hamas et Israël, avec ses répercussions dans le région. Ses multiples appels à la paix l'ont placé sur le devant de la scène.

- Matteo Maria Zuppi (Italie), archevêque de Bologne, 69 ans: ce diplomate discret et expérimenté effectue depuis plus de 30 ans des missions de médiation politiques à l'étranger.

Membre de la communauté romaine de Sant'Egidio, le canal officieux de la diplomatie du Saint-Siège, il a été médiateur au Mozambique et émissaire spécial du pape François pour la paix en Ukraine. Archevêque de Bologne, il est depuis 2022 président de la Conférence épiscopale italienne (CEI).

Cet homme svelte au visage jovial jouit d'une grande popularité en Italie pour son action auprès des plus démunis. Il prône l'accueil des migrants et des fidèles homosexuels au sein de l'Eglise.

- Claudio Gugerotti (Italie), 69 ans: fin diplomate, polyglotte, cet Italien originaire de Vérone (nord) est un expert du monde slave.  Sa carrière l'a amené à servir en tant que nonce (ambassadeur du Saint-Siège) dans plusieurs pays de la région (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Bélarus, Ukraine) ainsi qu'au Royaume-Uni.

Consulté par le pape sur la guerre entre l'Ukraine et la Russie, il était depuis 2022 préfet du dicastère (ministère) pour les Eglises orientales.

- Jean-Marc Aveline (France), archevêque de Marseille, 66 ans: né en Algérie, descendant d'une lignée de pieds-noirs andalous, Mgr Aveline a passé presque toute sa vie à Marseille, dont il est devenu une figure emblématique.

Nommé archevêque de Marseille en 2019 et créé cardinal en 2022, ce défenseur de la fraternité interculturelle à la personnalité souriante et affable a très tôt cherché à favoriser un dialogue interreligieux apaisé et à ?uvrer pour la défense des migrants, deux piliers du pontificat de François.

Elu début avril président de la Conférence des évêques de France, il a également été le principal artisan de la visite du pape à Marseille en 2023.

- Anders Arborelius (Suède), évêque de Stockholm, 75 ans: ce luthérien suédois s'est converti au catholicisme dans un pays dont l'écrasante majorité de la population est protestante mais qui compte aussi parmi les plus sécularisés de la planète.

Premier évêque catholique de nationalité suédoise, il a été créé cardinal en 2017. À l'unisson de François, Anders Arborelius défend l'accueil en Europe des migrants.

- Mario Grech (Malte), évêque de Gozo, 68 ans: l'évêque de Gozo, la deuxième île du petit archipel méditerranéen de Malte, a joué un rôle crucial au cours du synode sur l'avenir de l'Eglise voulu par François. 

Mgr Grech a été le secrétaire général de cette assemblée mondiale qui a délibéré de questions cruciales comme la place des femmes et des divorcés remariés.

Dans ce rôle, il s'est livré à un délicat exercice d'équilibriste, suivant la volonté de François de créer une Église ouverte et attentive, tout en étant à l'écoute des préoccupations conservatrices.

- Peter Erdö (Hongrie), archevêque de Budapest, 72 ans: cet intellectuel austère parlant sept langues est apprécié pour son expertise théologique et son ouverture aux autres religions.

Fervent défenseur du dialogue avec les chrétiens orthodoxes, il accorde aussi une attention particulière à la communauté juive. Il affiche des vues très conservatrices, aussi bien concernant les divorcés remariés que les couples homosexuels.

On lui a reproché son silence face aux dérives antidémocratiques du gouvernement de Viktor Orban, alors que l'Eglise hongroise a au contraire salué ses initiatives pour rénover les lieux de culte et re-christianiser les écoles au nom de la défense de la chrétienté en Europe.

- Jean-Claude Hollerich (Luxembourg), archevêque de Luxembourg, 66 ans: jésuite comme François, ce cardinal féru de littérature allemande et de culture japonaise a aussi été membre du dicastère de la Culture et de l'Education, ainsi que de celui pour le Dialogue interreligieux.

Spécialiste des relations culturelles entre l'Europe et l'Extrême-Orient, sensible aux questions environnementales, il passe pour un théologien ferme sur le dogme mais ouvert sur les évolutions sociétales, à l'image du défunt pape dont il était proche.

Asie

Le cardinal philippin Luis Antonio Tagle assiste à une messe à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 30 avril 2025. Photo d'archives AFP.

- Luis Antonio Tagle (Philippines), 67 ans: l'ancien archevêque de Manille Luis Antonio Tagle est une figure modérée n'ayant pas hésité à critiquer l'Église catholique pour ses manquements, notamment dans les affaires de pédocriminalité.

Comme le pape François, il est en pointe dans la défense des pauvres, des migrants et des personnes marginalisées, au point d'avoir été surnommé le "François asiatique".

Cet homme charismatique aux lunettes rectangulaires, à l'allure juvénile et au sourire facile, surnommé "Chito", a été créé cardinal par Benoît XVI en 2012 et il avait déjà été considéré comme un possible candidat à l'époque du conclave de 2013 ayant abouti à l'élection de François.

- Charles Maung Bo (Birmanie), archevêque de Rangoun, 76 ans: Mgr Bo a été créé en 2015 par le pape François cardinal, le premier et unique de Birmanie.

Ce Salésien a appelé au dialogue et à la réconciliation dans son pays en proie à des conflits et, après le coup d'État militaire de 2021, a appelé les manifestants de l'opposition à rester non violents.

Lui-même originaire d'une minorité ethnique, il a défendu les Rohingyas, majoritairement musulmans, persécutés, et s'est prononcé contre le trafic d'êtres humains qui bouleverse la vie de nombreux jeunes Birmans.

Afrique

Le cardinal ghanéen Peter Turkson lors des célébrations du dimanche des Rameaux place Saint-Pierre au Vatican en avril 2014. Photo d'archives AFP.

- Peter Turkson (Ghana), 76 ans: l'un des cardinaux africains les plus influents, Mgr Turkson a souvent été présenté parmi les favoris pour devenir le premier pape noir de l'Église.

Né dans une famille modeste de 10 enfants, Mgr Turkson parle six langues et s'est rendu à plusieurs reprises au Forum économique mondial de Davos pour alerter les chefs d'entreprise des dérives de l'économie libérale.

- Fridolin Ambongo (République démocratique du Congo), 65 ans: voix puissante du mouvement pour la paix en République démocratique du Congo, un pays meurtri par des décennies de violences, Fridolin Ambongo pourrait rassembler sur son nom des votes de cardinaux jugés conservateurs.

Il avait en effet joint sa voix aux protestations soulevées par la publication en décembre 2023 par le Vatican du document "Fiducia supplicans" ("La confiance suppliante") ouvrant la voie aux bénédictions de couples de même sexe.

Archevêque de Kinshasa depuis 2018 et cardinal depuis 2019, il était aussi membre du "C9", le conseil des neuf cardinaux chargés de conseiller le pape sur la réforme de l'Eglise.

- Robert Sarah (Guinée), 79 ans: figure de proue des catholiques traditionalistes critiques de François, ce francophone réservé se distingue par ses positions très conservatrices sur l'immigration et l'homosexualité.

Il a ainsi qualifié d'"hérésie" le texte du Saint-Siège ouvrant la voie, en 2023, à une bénédiction des couples homosexuels, une évolution largement rejetée par les évêques africains.

En octobre 2023, il fait partie des cinq cardinaux conservateurs qui demandent publiquement au pape François de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples gays et l'ordination des femmes. Ses prises de positions radicales lui valent une grande popularité parmi les catholiques traditionalistes, notamment dans les pays francophones.

Amériques

Le cardinal américain Timothy Dolan lors d'une messe en l'honneur du défunt pape François à la cathédrale Saint-Patrick de New York , le 22 avril 2025. Photo d'archives AFP.

- Robert Francis Prevost (Etats-Unis), 69 ans: natif de Chicago, Mgr Prevost était depuis 2023 le préfet du puissant Dicastère des évêques, chargé de nommer les évêques du monde entier.

Mgr Prevost a passé des années en tant que missionnaire au Pérou et est l'archevêque-évêque émérite de Chiclayo dans ce pays d'Amérique du Sud. Il est également président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine.

- Timothy Dolan (Etats-Unis), archevêque de New York, 75 ans: le chef conservateur du puissant archevêché de New-York est un extraverti jovial qui apprécie le sport, la bière et qui s'efforce d'apporter plus d'optimisme à l'Eglise.

Bien que conservateur sur le plan théologique, farouche opposant à l'avortement, ce cardinal costaud au visage rougeaud a un humour plein d'autodérision.

Médiatique, très présent sur les réseaux sociaux, il a coordonné la lutte contre la pédocriminalité de 2002 à 2009, dans le diocèse de Milwaukee, dans le Wisconsin.

Le conclave, mode d'emploi

Durant le conclave débutant mercredi, les cardinaux électeurs se réuniront à huis clos dans la chapelle Sixtine pour élire dans le plus grand secret un successeur au pape François, mort le 21 avril à 88 ans.

Voici le déroulement de ce vote, régi par la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, édictée par Jean-Paul II en 1996.

Préparatifs

- Les cardinaux électeurs, ceux âgés de moins de 80 ans (actuellement au nombre de 135 mais deux d'entre eux sont absents pour des raisons de santé), sont logés pendant tout le conclave dans la résidence Sainte-Marthe au Vatican.

- Lundi 5 mai à 17h30 (15h30 GMT), tous ceux devant assister au déroulement du conclave - qu'ils soient ecclésiastiques ou laïcs - prêtent serment dans la chapelle Pauline du palais apostolique de garder le secret.

- Le matin du premier jour (7 mai), les cardinaux participent 10h00 à une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre. Ils sont priés d'arriver à 9h15 à la chapelle Saint-Sébastien, où se trouve la tombe de Jean Paul II, pour revêtir leur tenue liturgique. Cette chapelle se trouve dans la basilique, près de la célèbre Pietà de Michel-Ange.

- L'après-midi, à 16h15, ils se réunissent dans la chapelle Pauline. Les cardinaux de l'Eglise latine portent selon le Vatican une "robe rouge avec ceinture, rochet (une aube courte, ndlr) mosette (une pèlerine courte), croix pectorale avec cordon rouge et or, anneau, calotte et barrette", tandis que ceux des Eglises orientales sont vêtus avec leurs propres costumes ecclésiastiques.

- Au chant de la litanie des saints, ils entrent ensuite en procession dans la chapelle Sixtine, dont l'isolement est scrupuleusement contrôlé.

- Après le dernier chant liturgique, Veni Creator, les cardinaux prêtent serment.

- Selon un rituel immuable hérité du Moyen Age, le maître des célébrations prononce la formule "extra omnes" (tous dehors). Les personnes étrangères aux votes quittent les lieux.

L'élection

- Par tirage au sort, trois cardinaux sont désignés "scrutateurs", trois "infirmarii" pour recueillir les votes des cardinaux malades et trois "réviseurs" qui vérifient le décompte des bulletins par les scrutateurs.

- Assis côte à côte sous la fresque monumentale du "Jugement dernier" peinte par Michel-Ange, les cardinaux reçoivent des bulletins de papier rectangulaires portant en haut l'inscription "Eligo in Summum Pontificem" ("J'élis comme souverain pontife") avec un espace vide en dessous.

- Les électeurs écrivent à la main le nom de leur candidat, "d'une écriture non reconnaissable", et plient le bulletin de vote deux fois. En théorie, il est interdit de voter pour soi-même.

- Chaque cardinal se rend à tour de rôle à l'autel, portant son vote en l'air de manière à ce qu'il soit bien visible, et prononce à haute voix le serment suivant en latin: "Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu."

- Il dépose son bulletin sur un plateau et le fait glisser dans l'urne, devant les scrutateurs, s'incline vers l'autel et retourne à sa place.

- Les cardinaux dont l'état de santé ou l'âge avancé ne leur permet pas de se rendre à l'autel remettent leur vote à un scrutateur, qui le dépose dans l'urne à leur place.

- Une fois tous les bulletins recueillis, un scrutateur agite l'urne pour mélanger les bulletins, les transfère dans un deuxième récipient puis un autre en fait le compte.

- Deux scrutateurs notent les noms, tandis qu'un troisième les lit à haute voix, en perçant les bulletins avec une aiguille à travers le mot "Eligo" et les relie les uns aux autres. Les réviseurs vérifient ensuite que les scrutateurs n'ont commis aucune erreur.

- Si aucun cardinal n'a obtenu les deux tiers des voix, les électeurs passent directement à un deuxième tour.

- À l'exception du premier jour, les cardinaux procèdent à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi jusqu'à ce qu'un pape soit proclamé. Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu "pendant un jour au maximum, afin de laisser place à la prière" et "à un libre échange entre les votants".

- Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive.

- Les bulletins des deux scrutins et les notes prises par les cardinaux sont ensuite détruits, brûlés dans un poêle.

- La cheminée, visible par les fidèles depuis la place Saint-Pierre, émet une fumée noire si aucun pape n'a été élu et une fumée blanche en cas d'élection, par ajout de produits chimiques.

- Les cloches de la basilique Saint-Pierre sonnent pour annoncer aussi la nouvelle.

"Habemus Papam"

- Une fois élu, il reste au nouveau pape à répondre à deux questions du cardinal doyen: Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife? De quel nom voulez-vous être appelé? Répondant "oui" à la première, l'élu devient immédiatement pape et évêque de Rome.

- Un par un, les cardinaux rendent hommage et marquent leur obédience au nouveau pape. Viennent ensuite l'annonce aux fidèles - "Habemus papam" - par le cardinal protodiacre, puis l'apparition du nouveau pape et sa bénédiction apostolique Urbi et Orbi depuis le balcon de la Basilique Saint-Pierre.

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