Jean-Pierre Giran: "Ça me peine profondément"
"Ça me fait une peine infinie, parce que Nathalie Bicais est une élue qui était très engagée, très active, passionnée et déterminée au profit de la ville de La Seyne, a réagi le président de la métropole Toulon Provence Méditerranée. Pour ce que je connais du dossier, ça me paraît une sanction extrêmement grave, très sévère. Ça me peine profondément. Ça ne m’inquiète pas pour le fonctionnement de la métropole – les actions programmées auront lieu – mais je pense à elle."
Jean-Pierre Colin: "Un vrai choc pour les Seynois"
Il fut le premier adjoint de Nathalie Bicais de juin 2020 au printemps 2022. Depuis, il a quitté la majorité pour rejoindre les rangs de l’opposition municipale. Interrogé ce vendredi à la sortie de l’audience à laquelle il assistait, il déclare: "La Justice a rendu sa décision, et tout le monde doit la respecter. Cela étant, ajoute-t-il, c’est un vrai choc pour les Seynois et pour la Ville. Mais le délibéré dit les choses clairement; je les avais d’ailleurs senties depuis presque trois ans, et c’est pour cela que j’avais quitté la majorité de Mme Bicais. Par expérience, je sentais que quelque chose n’allait pas, mais c’est une démarche personnelle qu’a eue Mme Bicais et elle ne doit pas emporter la totalité des élus de la majorité qui sont des gens honnêtes."
Ce qui vient de se passer, ajoute Jean-Pierre Colin, "est un moment important pour la ville. Maintenant, les élus choisis par les électeurs sous la bannière de la Coalition en 2020 doivent se réunir en conscience car nous sommes désormais en responsabilité pour l’année qui vient, même si ce n’est encore le moment de parler de la suite du mandat en cours".
Damien Guttierez, élu d'opposition à l'origine des plaintes: "Un aboutissement logique"
Il est celui qui est à l’origine des plaintes sur la base desquelles la procédure a été ouverte contre Nathalie Bicais. Elu en 2020, sur la liste majoritaire, puis passé dans l’opposition, Damien Guttierez, estime que le jugement rendu ce vendredi est "un aboutissement logique compte tenu des infractions dont on avait connaissance depuis presque quatre ans. Les faits sont tellement graves que je suis presque gêné de devoir assumer, en tant qu’élu, ce type de pratiques. Car maintenant, ajoute-t-il, c’est l’image que renvoient les élus qui me préoccupe, de même que la réhabilitation de la Ville qu’il va falloir engager. Il faudra aussi expliquer comment on a pu autant se tromper sur cette femme qui n’était manifestement pas digne d’occuper ces fonctions".
Et Damien Guttierez de conclure: "Il reste un an avant la fin de ce mandat pour tenter de donner une image saine de la gestion de la ville."
Sébastien Gioia: "Rééquilibrer le préjudice subi par la Ville"
Sébastien Gioa est le conseiller municipal d’opposition qui s’est constitué partie civile lors du procès de Nathalie Bicais pour défendre les intérêts de la Ville. Il a obtenu gain de cause puisque le tribunal a condamné la première magistrate et son collaborateur Christophe Riqueau à verser solidairement à la commune 177.000 euros.
"Au nom des Seynois, réagit Sébastien Gioia, il était était important que la Ville soit représentée lors de ce procès. C’est un engagement personnel que j’avais pris. Et la Justice l’a approuvé. Il est bien que que les parties civiles soient reconnues et que les sommes (correspondant aux salaires + charges versés à M. Riqueau) soient restituées à la collectivité. C’est une somme qui permet de rééquilibrer le préjudice subi par la Ville. Reste maintenant à redonner confiance aux Seynois dans le monde politique..."
Cheikh Mansour: "La majorité a désigné son candidat pour succéder à Nathalie Bicais"
Après la condamnation de Nathalie Bicais, Cheikh Mansour, 4e adjoint et proche de la maire, annonce que la majorité municipale a choisi qui elle présentera pour "finir le mandat".
Sa grande proximité avec Nathalie Bicais n’est un secret pour personne. Adjoint en charge notamment de la police municipale et de la politique de la ville, Cheikh Mansour était présent à l’annonce du délibéré ce matin. A l’issue de l’audience, il estime que "les perdants, ce sont surtout les Seynois. Car d’une manière générale, ajoute-t-il, qu’on l’aime ou pas, grâce à l’actuelle majorité, soudée et compétente, qui connaît parfaitement les dossier, la ville a changé ces dernières années. C’est une évidence, même si chacun a le droit de ne pas apprécier, mais la majorité agit au quotidien pour l’intérêt général".
Désormais, l’adjoint porte son regard sur ce qu’il va se passer dans les prochains jours. "Dans un souci de stabilité pour la ville, il faut rester unis et responsables en désignant un élu de la majorité pour finir ce mandat et ce à quoi nous avons travaillé." Lui dit ne pas être "intéressé". Motif: "Si on veut être maire, on se présente devant les électeurs." En revanche, assure-t-il, la question a été tranchée "en interne", afin de savoir qui de Christine Sinquin (actuelle 1ère adjointe) ou de Jo Minitti (6e adjoint et doyen du conseil municipal) sera désigné (e).
"L’enjeu, explique Cheikh Mansour, est d’éviter toute division qui ferait le jeu de la politique politicienne, de ceux qui essaient de profiter de la situation pour exister et revenir aux affaires alors qu’ils ne maîtrisent pas les dossiers. Nous voulons, nous, rester concentrer sur l’essentiel, poursuivre les projets en cours; c’est notre seule boussole."
"Christine Sinquin et Jo Minniti sont tous les deux responsables et ont les épaules pour assumer la fonction", poursuit Cheikh Mansour qui annonce que la majorité a déjà décidé, "à l’issue d’un grand débat, qui sera son candidat pour finir le mandat. Tout le monde a pu s’exprimer et les deux prétendants ont fait preuve de grandeur et de noblesse puisque l’un(e) d’eux s’est désisté(e) pour soutenir l’autre et maintenir la cohésion; ce que je trouve remarquable".
Dorian Munoz: "Notre ville mérite autre chose"
Elu du Rassemblement national au conseil municipal, et candidat déclaré pour le scrutin de 2026, Dorian Munoz indique, par voie de communiqué, "prendre acte du verdict rendu contre Madame Nathalie Bicais. Mais il ne m’appartient pas de commenter cette décision de justice", ajoute le conseiller municipal qui "appelle les Seynoises et les Seynois à se rassembler autour de (sa) candidature aux prochaines élections municipales de mars 2026. Après douze ans de la gauche de Marc Vuillemot, nous avons subi le fléau de l’équipe de la "Coalition" (arrivée à la tête de la commune en 2020, Ndlr). Nous venons en effet de perdre, de nouveau, un mandat avec la majorité actuelle. Après 18 ans de gestion chaotique, notre ville mérite autre chose" (...)
Frédéric Boccaletti: "Si cette condamnation fait notre jeu? Non, ça fait surtout le jeu de l’abstention"
"Je prends acte de la décision de justice avec toutes les réserves que je peux émettre sur l’exécution provisoire. C’est une mesure malsaine, que je dénonce, a déclaré le député Rassemblement national de la 7e circonscription du Var. Ça donne un trop grand pouvoir aux juges. Je serais davantage favorable à ce qu’un procès en appel puisse avoir lieu dans les douze mois suivant la condamnation en première instance. Pour la suite, il est prévu un vote au conseil municipal mais il est évident, alors même que les attaques contre Nathalie Bicais sont venues de ses anciens colistiers, que cette majorité n’a plus de légitimité. Dans moins d’un an, il y a des élections, et je souhaite que les Seynois aillent vers le candidat du Rassemblement national Dorian Munoz. Si cette condamnation fait notre jeu? Non, ça fait surtout le jeu de l’abstention."
"Un maire qui sera le candidat des majorités régionales, départementales et métropolitaines aux élections municipales face aux extrêmes en mars 2026"
Réunis à la même table, au Lido sur les plages du Mourillon, ce vendredi midi, Jean-Louis Masson (président du conseil départemental) et Renaud Muselier (président du conseil régional) ont opté pour une réaction commune à la condamnation de Nathalie Bicais à 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire pour prise illégale d’intérêts. A laquelle s’est greffé Jean-Pierre Giran (président de la Métropole TPM). Les trois hommes se projettent ainsi: "Dans l’intérêt des Seynoises et des Seynois, pour les projets de la commune, pour leur vie quotidienne, nous invitons les membres de la majorité élue en 2020 à choisir un maire qui sera le candidat des majorités régionales, départementales et métropolitaines aux élections municipales face aux extrêmes en mars 2026."
Sans le nommer, ils pousseraient le nom de Jean-Pierre Colin, ex-Premier adjoint de Nathalie Bicais et vice-président à la Région, qui se préparait à un tel scénario.
"Je conseille aux conseillers municipaux de soutenir celle ou celui qui est clairement candidat en 2026, sinon, on court le risque de perdre les prochaines élections municipales, ajoute Jean-Louis Masson. La question n'est pas d'élire tel ou tel mais de construire un projet sur le long terme."
Pour les élus de gauche, la déclaration de Nathalie Bicais est "diffamatoire"
Les élus socialistes, écologistes et communistes du conseil municipal de La Seyne s’étonnent et s’indignent des propos tenus par la maire après sa condamnation par le tribunal.
Ne souhaitant pas commenter le jugement qui a conduit à l’inéligibilité de Nathalie Bicais, les quatre élus de gauche qui siègent au conseil municipal (Olivier Andrau, Hakim Bouaksa, Anthony Civettini, Bouchra Reano) indiquent que "c’est une affaire entre elle et la Loi. Et le choix d’un nouveau maire sera l’affaire de la très fragile majorité démantelée de droite et d’extrême droite".
En revanche, les élus de gauche "s’étonnent" de la déclaration de Nathalie Bicais faite à l’issue du jugement. Dans son communiqué, la maire qualifie en effet "[ses] opposants politiques", de "mercenaires", qui auraient "réussi à berner la justice" et à "dévoyer le système judiciaire".
"Ce sont des propos très graves", estiment les quatre élus qui rappellent qu’"avec un écart de voix de moins de 4 % des inscrits entre sa liste et la nôtre à l’élection de 2020, c’est nous qui sommes les principaux opposants à la maire, or aucun d’entre nous ne peut se voir reprocher quelque manœuvre de cet ordre que ce soit. Cette déclaration est diffamatoire. Madame Bicais doit se ressaisir et rectifier".
"Après les dix mois de gestion du maire de transition qui sera élu sous peu, concluent les élus de gauche, les Seynoises et Seynois devront s’en souvenir et accorder leur confiance à une équipe soudée autour d’un projet réaliste que les gauches et l’écologie soumettront à leurs suffrages."
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