Hugues Moutouh nommé secrétaire général du ministère de l’Intérieur: un habitué des polémiques et des combats politiques
L’annonce, ce mercredi en conseil des ministres, signe le départ du préfet des Alpes-Maritimes Hugues Moutouh. Retour sur ses 18 mois dans le département.
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Grégory LeclercPublié le 09/04/2025 à 21:50, mis à jour le 09/04/2025 à 21:58
Au premier jour de sa nomination dans les Alpes-Maritimes, le préfet avait escaladé la montagne jusqu’au Pas de la mort à Menton, la route empruntée par les migrants.Photo Jean-François Ottonello
Un petit tour et puis s’en va. Dix-huit mois après son arrivée dans les Alpes-Maritimes, le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, 57 ans, est déjà sur le départ.
Hugues Moutouh succède à Didier Martin, qui occupait ce poste-clé de l’administration de l’Intérieur depuis janvier 2023.
La nomination d’Hugues Moutouh à Paris n’a pas dû être pour déplaire à Christian Estrosi, maire de Nice. Ce dernier avait réclamé son départ en juillet dernier.
Le maire de Nice s’en était vertement pris au préfet, dénonçant "un problème de commandement, de compétence et de responsabilité". Contacté par notre rédaction, il a sobrement commenté cette nomination, souhaitant "bonne réussite" au préfet dans son futur poste.
Son surnom, le "préfet bulldozer", sied à merveille à Hugues Moutouh.
Au premier jour de sa nomination dans les Alpes-Maritimes, ce proche de Robert Ménard, le maire de Béziers, avait fait tomber la veste - mais pas la cravate - et enfilé des chaussures de marche pour se rendre sur le pas de la mort, à Menton, la route empruntée par les migrants.
Hugues Moutouh, adepte des déclarations fracassantes, se rêvait militaire, pratique le Krav-Maga et a baptisé son chien Poutine.
Lors des émeutes consécutives à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre, en 2023, il s’était fendu d’une formule choc, "deux claques et au lit", en message aux parents des jeunes émeutiers.
Un proche de Nicolas Sarkozy
En avril 2023, il s’était déjà distingué en étant le premier à prendre un arrêté "anti-casseroles", pour faire taire les opposants à la réforme des retraites, lors du déplacement du président de la République.
Lorsque le chef de l’État avait été giflé lors d’un déplacement dans la Drôme le 8 juin 2021, il avait porté plainte au nom de l’État.
Hugues Moutouh, 54 ans, devient secrétaire général du ministère de l’Intérieur. Photo Nice-Matin.
Dans ses dix-huit mois à la préfecture des Alpes-Maritimes, on l’a vu foncer bille en tête dans le quartier des Moulins à Nice, haut lieu du trafic de stups, suivi par des policiers vaguement inquiets pour sa sécurité.
L’homme, proche d’Éric Ciotti (ex LR rallié au RN), avait voulu montrer sa fermeté face aux dealers, multipliant les opérations.
Plus jeune préfet de France
Proche de Nicolas Sarkozy, dont il avait été le conseiller technique quand l’ex président était ministre de l’Intérieur, Hugues Moutouh était devenu en 2011 le plus jeune préfet de France, dans la Creuse, à 44 ans.
En 2012, il participe à la gestion de la crise des attentats de Toulouse et Montauban, aux côtés du ministre de l’Intérieur Claude Guéant.
Il fut tour à tour ensuite avocat, dirigeant d’entreprise avant de revenir aux plus hautes fonctions publiques. Ses méthodes, jugées brutales, ont maintes fois été dénoncées par ses détracteurs dans les Alpes-Maritimes. Mais peu lui chaut. Difficile d’arrêter un bulldozer.
Le préfet déclarait s’inquiéter de la montée de l’ultra violence dans le narcotrafic en général, et dans les Alpes-Maritimes en particulier.
Une fois, et c’est la seule, le préfet avait fendu l’armure dans une interview à Nice-Matin, peu de temps après la mort de sept personnes dans un incendie, dans le quartier des Moulins, en juillet 2024.
"Cela fait partie des épisodes les plus tragiques de ma carrière professionnelle. J’en ai pourtant eu quelques-uns, des attentats avec des tueries multiples, mais aussi un accident dans la Drôme avec sept personnes d’une même famille", avait-il déclaré, ému.
Sa gestion de la guerre contre le narcotrafic critiquée
Cet événement avait pourtant exacerbé le différend politique avec Christian Estrosi, qui avait justement critiqué sa gestion de la lutte contre le narcotrafic.
"Moi, les deux claques et au lit, je les attends toujours!", avait lancé le maire de Nice, reprochant à Hugues Moutouh de ne pas faire appliquer le couvre-feu instauré pour les moins de 16 ans dans les quartiers difficiles.
"Ici, on respecte ceux qui n’ont pas la main qui tremble", a commenté Bryan Masson, député Rassemblement national des Alpes-Maritimes, en réaction à son départ. On ne connaît pas encore le nom du successeur d’Hugues Moutouh dans les Alpes-Maritimes.
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