Luxe, médicaments, aéronautique, gastronomie... Ces fleurons de l'industrie française menacés par les droits de douane à 30% fixés par Donald Trump

Voitures, avions, vins, sacs de luxe... Des secteurs essentiels de l'économie européenne risquent d'être percutés par les droits de douane de 30% annoncés samedi à partir du 1er août pour les produits de l'Union européenne s'ils entrent bien en vigueur. Voici les fleurons de l'industrie française sous le coup de cette taxe.

A.R Publié le 12/07/2025 à 19:49, mis à jour le 12/07/2025 à 19:52
Hermès, connu pour ses sacs Birkin ou ses carrés de soie, avait indiqué qu'il compenserait "intégralement" les premiers droits de douane de 10% mis en place en avril par Donald Trump en augmentant ses prix de vente aux Etats-Unis. Photo: doc Nice Matin

Voitures, avions, vins, sacs de luxe... Des secteurs essentiels de l'économie européenne risquent d'être percutés par les droits de douane de 30% annoncés samedi à partir du 1er août pour les produits de l'Union européenne s'ils entrent bien en vigueur.

Le président américain Donald Trump justifie ces tarifs douaniers par un déséquilibre commercial entre les Etats-Unis et l'UE au détriment des Américains.

La relation commerciale USA-UE représente 30% des échanges mondiaux, avec 1.680 milliards d'euros de biens et services échangés en 2024, selon la Commission européenne.

Médicaments

Les produits pharmaceutiques sont les biens les plus exportés depuis l'Europe vers les Etats-Unis (22,5% du total en 2024 selon Eurostat) et ils sont pour l'heure exemptés de droits de douane imposés par Washington.

Plusieurs groupes pharmaceutiques ont déjà annoncé des investissements aux États-Unis pour y renforcer leur production, tout en demandant à l'UE d'assouplir son cadre réglementaire.

Automobile

Les Etats-Unis sont aussi un "marché clé" pour l'industrie automobile européenne, qui y a exporté en 2024 près de 750.000 voitures pour une valeur de 38,5 milliards d'euros, selon l'Association européenne des constructeurs (ACEA).

L'Allemagne produit la majorité de ces voitures exportées, notamment des berlines, SUV et sportives premium de chez Audi, Porsche, BMW ou Mercedes.

En 2024, les Etats-Unis représentaient par exemple 23% du chiffre d'affaires de Mercedes: le constructeur y produit également ses SUV, qu'il exporte en dehors du pays. Ceux-ci risquent également d'être touchés par des représailles européennes.

Les livraisons aux Etats-Unis du géant européen Volkswagen ont déjà nettement reculé au premier semestre, après une première salve de droits de douane.

Aéronautique

Les droits de douane américains actuels pèsent déjà lourd sur le secteur très mondialisé de l'aéronautique.

Depuis le 12 mars, une surtaxe douanière de 25% s'applique sur les importations aux Etats-Unis d'aluminium et d'acier, matériaux phares de l'aéronautique.

Et l'ensemble des produits (dont les avions) importés d'Europe doivent s'acquitter d'une surtaxe de 10%.

Au salon du Bourget début juin en France, le patron d'Airbus Guillaume Faury espérait leur remise à zéro, tout comme son homologue chez l'américain Boeing, Kelly Ortberg.

"Nous ne sommes pas en mesure de répercuter ces coûts sur nos clients", avait déclaré fin mai Kelly Ortberg dans une interview à Aviation Week.

L'accord qui était en cours de négociation cette semaine entre l'UE et les Etats-Unis, avant le coup de semonce de Donald Trump samedi, devait notamment comporter des exemptions pour l'aéronautique, les alcools et les produits cosmétiques.

Luxe

Le secteur du luxe est resté assez discret ces derniers mois dans ses réactions mais l'impact des droits de douane pourrait être sérieux.

LVMH, numéro un mondial du luxe, réalise un quart de ses ventes aux Etats-Unis (et 34% de ses ventes de vins et spiritueux). Son patron Bernard Arnault avait appelé les dirigeants européens à régler "à l'amiable" les tensions commerciales, se disant même "favorable" à "une zone de libre-échange" avec les Etats-Unis.

Le groupe français possède déjà aux États-Unis trois ateliers Louis Vuitton et quatre ateliers de la marque américaine Tiffany.

Hermès, connu pour ses sacs Birkin ou ses carrés de soie, avait indiqué qu'il compenserait "intégralement" les premiers droits de douane de 10% mis en place en avril par Donald Trump en augmentant ses prix de vente aux Etats-Unis.

Mais 30%, c'est une autre affaire.

Cosmétiques

Les parfums et cosmétiques de marques françaises et italiennes sont très vendus aux Etats-Unis.

En 2024, L'Oréal a réalisé dans ce pays 38% de son chiffre d'affaires annuel. Il produit sur place un peu moins de 50% des produits vendus, selon sa direction, et ce qui est importé aux Etats-Unis concerne principalement les produits de luxe (Lancôme, Yves Saint Laurent, Armani...).

Le directeur général de L'Oréal évoquait en avril une possibilité de relocaliser "une partie" de la production aux Etats-Unis.

Gastronomie et vins

Des droits de douane de 30% sont un "coup mortel" pour les aliments "Made in Italy", a réagi samedi le principal syndicat agricole italien Coldiretti, qui esquisse une répercussion sur les prix pour les consommateurs.

Selon ses projections, "avec des droits de douane de 30%, les tarifs supplémentaires pour certains produits emblématiques du Made in Italy atteindraient 45% pour les fromages, 35% pour les vins, 42% pour les tomates transformées, 36% pour les pâtes farcies et 42% pour les confitures et conserves homogénéisées".

Avec à la clé un impact pour les entreprises italiennes, car dans pareil cas les importateurs demandent des remises, souligne le syndicat.

Côté français, les Etats-Unis représentent le premier marché à l'international du secteur des vins et spiritueux, pour un total de 3,8 milliards d'euros en 2024, selon leur fédération (FEVS).

"Ce serait une catastrophe pour tout le secteur, dans une situation où les vins et spiritueux affrontent déjà d’énormes difficultés", a lancé samedi Jérôme Despey, patron de la branche viticulture du syndicat FNSEA.

"On a vu souvent des menaces de la part des Etats-Unis, on demande à la Commission européenne de ne rien relâcher dans la négociation", a-t-il déclaré à l'AFP.

Un impact différent d'un pays à l'autre

L'Italie et la France, avec respectivement 44 milliards de dollars et 16,4 milliards de dollars d'excédent selon les Américains (mais pour la France un déficit de quelques milliards, selon les statistiques des douanes), seraient a priori moins touchés.

Mais l'impact varie d'un secteur d'activité à l'autre au sein de chacune de ces deux économies.

L'agroalimentaire et les produits viticoles seraient particulièrement affectés dans les deux pays, avec des débouchés commerciaux importants. C'est également le cas pour l'Espagne.

Comme l'Allemagne, l'Italie pourrait également craindre pour son secteur automobile. A titre d'illustration, le constructeur franco-italien Stellantis (Fiat, Peugeot notamment) a suspendu ses prévisions pour l'année en raison de ces incertitudes.

Parmi les secteurs français les plus exposés figurent également l'aéronautique, le luxe (parfums, maroquinerie, etc.), les vins et le cognac.

Airbus, dont le siège opérationnel est situé à Blagnac, dans le sud-ouest de la France, revendique par exemple la position de "premier client des exportations de l'industrie aérospatiale américaine".

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