Le sommet de Nice peut-il changer la donne pour l’océan, dont "dépendent notre santé, notre climat et notre futur" ? Au second jour de la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc), organisée jusqu’à vendredi à Nice, le secrétaire général de l’ONU a estimé, "n’avoir jamais été témoin d’un tel moment dans des conférences de ce type".
António Guterres fait référence "non seulement aux pays présents, mais aussi à la société civile, au monde économique, à la représentation des communautés indigènes", ces acteurs étant deux fois plus nombreux qu’au précédent sommet de l’Océan à Lisbonne (2022).
Pour autant, il n’est "pas entièrement satisfait": "Je voudrais que les évolutions soient beaucoup plus rapides." Le haut responsable vise "des intérêts puissants [qui] nous poussent dangereusement vers le précipice. (...) Nous livrons un combat difficile contre un ennemi bien identifié, son nom est la cupidité. Cette cupidité sème le doute, nie la science, déforme la vérité, récompense la corruption et détruit la vie au nom du profit. Nous ne pouvons pas laisser la cupidité dicter le sort de notre planète."
"La question n’est pas de pêcher ou non, mais de savoir comment nous pêchons"
Exhortant les États à agir ("assez de discours"), António Guterres a listé plusieurs priorités, à commencer par la lutte contre les méthodes de pêche destructrices: "La question n’est pas de pêcher ou non, mais de savoir comment nous pêchons." Ce qui implique de "protéger et gérer au moins 30% des zones marines et côtières d’ici 2030".
Deuxième priorité: la pollution plastique. "En empoisonnant l’océan, c’est nous-mêmes que nous empoisonnons." Agir implique de supprimer les plastiques à usage unique: "Tous les pays doivent conclure rapidement un traité mondial ambitieux et juridiquement contraignant. Et nous espérons que cela se produira cette année."
Le seuil de +1,5°C est encore tenable, si…
En vue de la prochaine COP 30, à Belém au Brésil (en novembre), "les pays doivent présenter des plans d’action climatique nationaux ambitieux, exhorte António Guterres, nous devons accélérer notre transition, c’est le principal objectif de notre prochaine COP".
L’homme fort de l’ONU affirme quitter Nice "plein d’énergie et d’espoir", malgré un réchauffement record de 1,5°C de la température mondiale entre 2023 et 2024. Ce franchissement est symbolique. Dans une dynamique de réchauffement climatique, les conditions de vie humaine et les systèmes naturels seraient très perturbés au-delà de +1,5°C. Pour autant, une seule année ne suffit pas à caractériser ce dépassement de seuil. Pour apprécier une tendance climatique, les températures moyennes sont observées sur une ou deux décennies. Ce qui laisse encore une marge d’adaptation.
"Les scientifiques sont très clairs: ils nous disent que 1,5°C est encore atteignable, comme limite du réchauffement global", rapporte le secrétaire général. La condition serait "une réduction drastique des émissions d’ici 2035". Pour autant, "nous approchons un point de bascule au-delà duquel tout retour en arrière pourrait devenir impossible". L’ONU en fait "une question d’urgence, que nous n’avons pas suffisamment perçue".
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