"Plus que jamais, je cherche la paix dans ma vie ": les confidences d’Ayo sous les pins de Jazz à Juan
Samedi 12 juillet, la chanteuse était à Jazz à Juan juste avant Ben Harper, face à un public conquis. Idéal pour échanger avec cette artiste entière et libre.
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Jimmy BoursicotPublié le 15/07/2025 à 15:30, mis à jour le 15/07/2025 à 15:30
Ayo : " Pour moi, il n’y a rien de plus puissant que l’océan. Quand je m’y baigne, je me sens connectée, en sécurité. Je peux vivre dans l’instant présent..." Photo patrice Lapoirie
Dans le panthéon personnel d’Ayo, figure Nina Simone, dont elle nous avait parlé avec passion lors d’une précédente rencontre, en 2021.
Cette fois, lorsqu’on la retrouve sous les pins, dans un transat, quelques heures avant son show à Jazz à Juan, le même soir que Ben Harper, la chanteuse semble portée par une autre femme forte, loin d’avoir été épargnée par la vie.
Sur Royal, son sixième album sorti juste avant le Covid, Ayo reprenait Throw it Away, l’un des morceaux de l’Américaine Abbey Lincoln, disparue en 2010. Une figure qui l’accompagnait déjà sur son tout premier disque, Joyful (2006).
"C’était une femme incroyable, de la même génération que Billie Holiday et Nina Simone. Elle faisait aussi du cinéma, elle aurait pu devenir l’équivalent de Marilyn Monroe. Et c’était une activiste. Elle utilisait sa voix pour dénoncer l’injustice vécue par les Afro-Américains ", explique l’artiste d’origine allemande et nigériane.
"J’ai eu la chance de rencontrer Abbey Lincoln il y a presque vingt ans, à New York. Quand elle est entrée dans le studio, j’étais dos à la porte. Mais j’ai tout de suite senti sa présence, elle avait une aura incroyable."
"Mami Wata", entre puissante énergie et quiétude
Ce jour-là, Ayo posait sa propre version de And It’s Supposed To Be Love, dans laquelle Abbey Lincoln racontait avec ironie comment son partenaire la battait.
En voyant son air serein, qui déclenche les sourires sur son passage, avec sa voix angélique incitant à la douceur, on pourrait croire que sa vie a toujours été un long fleuve tranquille.
Comme souvent, les apparences sont trompeuses. Fin juin, interrogée par le site actu.fr avant son concert au Festival Django Reinhardt de Fontainebleau, évoquait ses traumatismes d’enfant, quand elle craignait de retrouver sa mère, accro à l’héroïne, sans vie derrière la porte de leur salle de bains.
"Et malgré tout, je ne voudrais rien changer à mon enfance. Elle a déterminé la personne que je suis aujourd’hui, et c’est sans doute pour cela que je suis devenue musicienne. Beaucoup d’autres artistes, surtout dans le jazz, ont connu des histoires compliquées. En ce moment, je suis paisible. Je suis très heureuse, mais je peux aussi être très mélancolique. Alors, plus que jamais, je cherche la paix dans ma vie", nous assure-t-elle.
Devant le public de Jazz à Juan, Ayo a propagé ses ondes de bonheur en explorant le répertoire de son dernier album, Mami Wata (2024). Un titre inspiré par le nom d’une divinité aquatique du culte vaudou.
"Pour moi, il n’y a rien de plus puissant que l’océan. Quand je m’y baigne, je me sens connectée, en sécurité. Je peux vivre dans l’instant présent. Et pour moi, cet océan représente aussi l’énergie féminine, l’origine de la vie."
Devant le public de Jazz à Juan, Ayo a propagé ses ondes de bonheur en explorant le répertoire de son dernier album, "Mami Wata" (2024). Photo Patrice Lapoirie..
Dans sa quête de sérénité, Ayo a peut-être trouvé le refuge idéal, en plein océan Pacifique. Après avoir vécu du côté de New York et du Portugal, la voilà installée à Tahiti.
Ce qui l’a menée à l’autre bout du monde? Un drôle de mélange combinant sa passion dévorante pour le surf, la période Covid, et sans doute une petite tape du destin sur l’épaule.
Alors que les mesures de confinement s’intensifiaient au Portugal, la chanteuse et sa fille, Billie-Eve, avaient tenté d’acheter des billets pour la Polynésie française, en vain.
Dans la foulée, un homme avait contacté Ayo sur Instagram, pour lui proposer de venir donner un concert à Tahiti.
"J’ai pensé à une arnaque, une telle coïncidence était impossible. Mais j’ai fini par appeler ce gars, qui était vraiment promoteur. Et deux mois plus tard, j’étais là-bas!"
Impossible de résister aux charmes du lieu, où Ayo a fini par poser ses bagages. "Ce que j’aime le plus à Tahiti, c’est que les gens sont très simples. Et j’aime la simplicité. J’apprécie aussi leur générosité et leur sincérité."
Quel que soit son futur, cet épisode restera à jamais gravé en elle, sur sa peau, puisqu’elle arbore un tatouage polynésien sur son bras droit.
"Dans la tradition, il est censé raconter l’histoire de celui ou celle qui le porte. Sur le mien, on retrouve des éléments symboliques qui représentent mes trois enfants, mes parents, mais aussi l’énergie féminine. Et le tout forme une sorte d’unité."
« La scène, c’est un cadeau »
Ce jour-là, les baigneurs en contrebas, le soleil rasant et les verres qu’on entendait tinter au loin nous rappelaient que pour beaucoup de gens, l’heure des vacances avait sonné.
Ayo, venue avec ses deux plus jeunes enfants, devait jouer quelques heures plus tard. Sans états d’âme, au contraire.
"Monter sur scène, c’est un cadeau pour moi. Je n’ai jamais pris ça comme du travail, contrairement à tout ce qui se passe avant et après. Et puis, je n’ai jamais eu de crainte ou quoi que ce soit : je viens du live!"
À l’inverse, la native de Frechen, une ville allemande située à l’ouest de Cologne, goûte peu aux longues sessions en studio.
"Tous mes albums se sont faits rapidement, jamais en plus d’une semaine. Quand tu passes trop de temps en enregistrement, tu perds la magie, tout devient trop intellectualisé. La plupart de mes chansons sont des premières prises. J’aime garder les imperfections. D’autant plus dans le monde actuel, où on ne sait pas ce qui est réel ou pas, avec l’intelligence artificielle, les filtres..."
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