Il arrive chaque année pile entre le Festival de Cannes et l’arrivée de l’été. Le prix Fitzgerald a été décerné ce vendredi soir à l’écrivaine américaine Joyce Carol Oates à l’hôtel Belles Rives de Juan-les-Pins. "La capacité de Joyce Carol Oates à tisser des récits complexes et captivants est inégalée. Son exploration de la psyché humaine et des relations, en particulier dans ‘‘48 indices sur la disparition de ma sœur’’, illustre l’élégance et la profondeur que le prix Fitzgerald cherche à honorer", a résumé Marianne Estène-Chauvin, la directrice de l’hôtel.
"48 indices sur la disparition de ma sœur" raconte l’enquête d’une femme, Georgene, sur la disparition, en 1991, de sa sœur aînée, Marguerite, plus belle qu’elle et dans l’ombre de laquelle elle a grandi. "Si on était dans un conte de fées, la jeune sœur serait la laide, explique la romancière. Elle doit savoir se démarquer de sa sœur aînée, si belle, en étant sarcastique et ironique et en critiquant les autres. Je pense qu’elle se déteste, qu’elle est très vulnérable et qu’elle est facilement blessée. Je voulais donner la parole à ceux qu’on appelle les ‘‘losers’’. Parce que ces personnes sont réelles et ont leur propre intégrité." Ce roman, découpé en 48 chapitres, comme autant d’indices, à commencer par une nuisette en soie blanche Dior...
Nostalgique
Honorée par ce prix, Joyce Carol Oates a confié en interview: "Scott Fitzgerald a parlé de ces moments de bonheur transitoires dont il sait qu’ils ne dureront pas, mais qui n’en sont pas moins radieux. Je pense donc que le fait d’être ici, littéralement, géographiquement, dans cet endroit, avec la lumière du soleil et cette beauté, a quelque chose qui nous fait réfléchir sur le passé. Malheureusement, il y a des gens qui ne font plus partie de ma vie, qui sont morts, et qui seraient heureux d’être ici. C’est toujours un peu doux-amer lorsque vous recevez un prix, mais que les personnes qui vous aimaient ne sont plus là pour le voir."
Âgée de 85 ans, l’écrivaine, à qui l’on doit également le roman "Blonde" à propos de Marilyn Monroe, adapté sur Netflix l’année dernière, a perdu son conjoint en 2019.
> "48 indices sur la disparition de ma sœur", de Joyce Carol Oates. Aux éditions Philippe Rey. 286 pages. 22 euros.
Un nouveau roman en fin d’année
Si vous avez des fans de Joyce Carol Oates autour de vous, vous pourrez glisser sous le sapin de Noël son nouveau roman qui devrait sortir cet automne. Intitulé « Butcher », il raconte l’histoire vraie d’un gynécologue au XIXe siècle, contraint de travailler dans un centre psychiatrique pour femmes. Des femmes oubliées du système, sur qui il va pouvoir mener les expériences les plus folles. « Cela a une résonance avec la condition des femmes américaines au XXIe siècle, avec les lois rétrogrades qui sont adoptées, nous a-t-elle expliqué. Je suis si surprise du retour du puritanisme chrétien en Amérique ! »
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