Les femmes oubliées de l’histoire de la musique enfin mises en lumière dans un bel ouvrage du Niçois André Peyrègne

André Peyrègne, expert bien connu de nos lecteurs, narre "Les Petites Histoires féminines de la grande musique » dans le livre ainsi intitulé. Il sera en dédicace ce jeudi 18 septembre à Nice, le 30 à Toulon et le 18 octobre à Villeneuve-Loubet.

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Laurence Lucchesi Publié le 18/09/2025 à 13:15, mis à jour le 18/09/2025 à 13:15
André Peyrègne, qui est également Président d’honneur de la Fédération française de l’enseignement artistique. Photo dr Nice Matin

Une couverture rose, ornée d’une mosaïque de portraits très warholienne. Ainsi se présente Petites Histoires féminines de la grande musique, paru aux éditions Desclée de Brouwer (19,90 euros). Un ouvrage consacré exclusivement aux femmes compositrices, instrumentistes, chanteuses, inspiratrices ou mécènes, qui a vu le jour sous la plume de notre correspondant André Peyrègne. Directeur du conservatoire de Nice de 1980 à 2015, ce chef d’orchestre, musicologue, conférencier, présentateur de concerts et de festivals, a été mû par l’envie impérieuse de mettre son expertise au service de ces artistes au féminin pluriel: "Après le succès de mon précédent ouvrage, Petites histoires de la grande musique paru il y a deux ans, nous a-t-il confié, j’avais retenu un unique reproche: je ne parlais pas assez des femmes."

Le conservatoire ou le trottoir

Loin de lui l’idée d’avoir opté pour ce parti pris: "Force est de constater que les femmes ont été inexistantes dans les siècles précédents sur les grandes scènes. Par injonction sociale: elles étaient tenues d’être de bonnes épouses, de bonnes mères, de ne pas se montrer en public. Et quand bien même elles avaient accès à la pratique d’un instrument et s’avéraient douées, c’était vite étouffé. Ainsi Cécile Chaminade, une compositrice de grand talent de la fin du XIXe, morte à Monaco. Son père lui disait: ‘‘Aller au conservatoire ou faire le trottoir, c’est la même chose’’. Idem avec Germaine Tailleferre. Quant à Felix Mendelssohn, l’un des plus grands génies de l’histoire de la musique, aussi doué que Mozart, il avait une sœur Fanny, pas moins prodigieuse que lui. Mais vouée à être femme au foyer selon le diktat paternel. Et Felix, jaloux du talent de sa sœur, s’est approprié certaines de ses œuvres, un scandale absolu! " Partant de ce postulat, André Peyrègne a relevé le défi. Celui de tisser non pas une suite indigeste de biographies, encore moins un inventaire exhaustif, mais une série de récits drôles, émouvants, tragiques, parfois insolites, concernant une centaine d’entre elles.

Utilisées pour remplacer les castrats

De Nadia Boulanger à la Callas, en passant par Clara Schumann ou Marie Pleyel. Un livre que l’on peut dévorer d’une traite ou picorer à sa guise, et qui se lit autant qu’il s’écoute, puisque chaque histoire est agrémentée d’une référence d’œuvre musicale. Pour mieux découvrir ces grandes oubliées de l’histoire de la musique. Même si nombre d’entre elles, à l’instar de la compositrice Louise Farrenc, disparue en 1875, ont milité pour qu’il y ait des musiciennes dans les orchestres.

Pour ce faire, il faudra attendre les années 1940-1950 en ce qui concerne les orchestres français, rappelle André Peyrègne, 1980 à l’Orchestre philharmonique de Berlin, et 1997 pour celui de Vienne! Les chanteuses, toutefois, sont autorisées à se produire sur scène bien avant, afin de... remplacer les castrats, utilisés jusqu’au XVIIIe siècle, pour assurer les voix aiguës dont les compositeurs avaient besoin! "À un moment donné, le Vatican a interdit la castration pour des questions d’hygiène, d’éthique et de philosophie. Les femmes ont pu revenir sur scène, à un bémol près: celles qui s’y risquaient étaient considérées comme des femmes de mauvaise vie!"

Lily Pons, la petite fiancée de l’Amérique née à Draguignan

Bien plus tard, au début du XXe siècle, certaines artistes lyriques seront adulées telles des rock stars, à commencer par Lily Pons, fille d’une couturière de Draguignan. Après avoir tenté vainement sa chance à Cannes, direction l’Amérique, où Lily va faire l’objet d’une idolâtrie! "Elle remplissait des stades entiers, un Lily Pons Day a été instauré, son nom a été donné à une locomotive, une petite cité près de New York et elle était reçue par des chefs d’État! Elle repose au cimetière du Grand Jas à Cannes."

On découvre pêle-mêle dans ce captivant ouvrage, préfacé par Cecilia Bartoli, l’existence d’une diva de 8 ans, celle de deux saintes musiciennes, Hildegarde von Bingen et Sainte-Cécile, l’étrange relation entre Erik Satie et Suzanne Valadon, ou celle tout aussi surprenante de Tchaïkovski et de sa mécène Nadejda. Et André Peyrègne de conclure: "Désormais, la place des femmes est définitivement acquise dans l’histoire de la musique, et tout le monde s’en réjouit!"

Dédicaces : ce jeudi 18 septembre à 19h30 à la librairie Masséna de Nice. Mardi 30 septembre à la librairie Charlemagne à Toulon et à Villeneuve-Loubet samedi 18 octobre au salon du livre d’Histoire.

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