Fête du livre d’Hyères: Laurence Peyrin présente son nouveau livre feel good "Un cœur invincible"

Avec "Un cœur invincible", Laurence Peyrin nous fait regarder dans le miroir de deux femmes à un tournant de leur vie. Elle sera à la Fête du livre d’Hyères.

Karine Michel Publié le 16/05/2025 à 12:00, mis à jour le 16/05/2025 à 12:00
interview
Laurence Peyrin. Photo Astrid di Crollalanza

C’est un livre qu’on a du mal à refermer, dont on ne veut pas quitter les personnages. Parce qu’on aimerait bien savoir ce qui se passe après la fin, dont le mot n’est pas écrit…

"Pour vous dire la vérité, j’avais écrit un épilogue… Mais je trouvais que ça faisait tellement téléfilm américain que ça n’était pas possible pour moi. Un point sur lequel mon éditrice était plutôt d’accord", sourit l’autrice Laurence Peyrin.

Son nouveau roman Un cœur invincible, publié chez Calmann Levy, nous fait entrer dans le quotidien de femmes dont les itinéraires parallèles, pas si différents, finiront naturellement par croiser le même chemin. Et l’emprunter ensemble.

Un feel good book qui interroge aussi sur les femmes d’aujourd’hui.

Deux femmes, Azaria et Holly, à un moment charnière de leur vie. C’est souvent le cas dans vos romans. Pour quelle raison?

C’est tout le ressort du livre, à mon sens. Il faut qu’à un moment, il y ait un "twist" qui justifie le fait qu’on écrive l’histoire de cette femme. C’est une remise en question, un regard vers l’avenir. Comment on sort de situations compliquées, quelles leçons en tirer. Pour moi, ce qui fonde l’écriture, c’est prendre une personne normale comme vous, moi, qui arrive à cet instant où elle se dit: maintenant j’en suis là, qu’est-ce que je fais du reste? C’est ce que j’aime raconter: comment on avance, comment on prend la parole pour dire aussi: "Ma vie est comme ça et j’ai envie qu’elle soit encore mieux".

La meilleure amie de Holly a cette phrase: "Pourquoi t’épuiser à réécrire ta vie?" Avez-vous le sentiment que c’est parce que les femmes ne s’aiment pas en règle générale qu’elles passent à côté de leur vie?

Je pense qu’on est notre pire ennemie. Le danger, il ne vient pas forcément de là où on nous l’explique en ce moment. Il vient aussi de soi-même, de cette façon qu’on a, justement, d’être une victime, du fait d’être une femme. Ce qui est sûr c’est que le fait d’être une femme, c’est épuisant. Pour un tas de choses qui ne regardent que nous. La vie nous inflige des choses qui ne sont pas forcément graves mais qui sont une remise en question. Rien que la maternité par exemple. Tout, dans la vie d’une femme, est une remise en question. Et on arrive à un moment où, un peu comme Azaria, on est dans cette recherche de la perfection, de la femme que l’on voudrait être. On ne la trouve jamais.

Azaria est née le 11 septembre 2001. Pourquoi ce symbole?

C’est mon amour pour New York qui s’exprime. Cette date d’abord, m’a bouleversée, et elle est aussi le symbole de la résilience. À l’époque, je n’étais jamais allée à New York, j’ai vu ça à la télé. Maintenant, comme je fréquente et j’habite ces lieux, je vois tout ce qui a été fait depuis. Et puis, on oublie les victimes collatérales du 11 septembre 2001. C’est ce dont je parle dans le livre, des personnes qui souffrent alors qu’ils n’étaient pas dans les tours. Je voulais raconter ça à travers le traumatisme qu’on peut avoir d’être simplement né ce jour-là. On vous le rappelle toute votre vie.

New York, plus généralement les États-Unis, ou encore le Royaume-Uni. Vos romans se déroulent toujours ailleurs qu’en France. C’est parce que cela vous procure une plus grande liberté d’écriture?

Je ne me suis jamais posé la question mais vous avez raison. En même temps, c’est une liberté hypercadrée par ce que je n’ai pas tant d’endroits que je connais par cœur et qui m’habitent vraiment… Et où j’habite vraiment, comme c’est le cas en ce moment: je passe une semaine ici, il pleut mais je m’en fiche. Je ne fais rien. Je m’imprègne de l’endroit. La liberté dans l’écriture, c’est mon truc, mon inspiration. À un moment, vous avez une idée et elle correspond au lieu.

Dans vos romans, il y a toujours une personnalité qui fait office de "sage", comme c’est le cas ici avec Nancy, ou même Julia, la mère d’Azaria. Ce ne serait pas un peu vous à chaque fois?

C’est drôle que vous me disiez cela car une lectrice ce matin m’écrivait la même chose via un réseau social. Je lui ai répondu que j’aimerais avoir cette sagesse, peut-être que je l’ai au fond… Après, j’ai bientôt 60 ans, j’ai eu six enfants, vécu plusieurs vies [elle a été journaliste pendant 20 ans, ndlr], donc même si les gens qui me rencontrent me trouvent rock and roll, j’ai peut-être cette sagesse en moi que je fais ressortir uniquement dans les personnages de mes livres. J’ai tout sauf l’image d’une femme sage.

Une forme de liberté que vous avez acquise avec l’âge?

D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours éperdument foutu de ce que l’on pensait de moi. C'est passé par des expériences professionnelles ou humaines qui ont fait que je me suis aperçue très, très jeune, qu'on ne pouvait pas gérer ça. On ne pouvait pas gérer ce que les autres pensent de vous et des fois, on découvre des histoires sur soi-même qui n'ont jamais existé. J'ai fait le deuil de ça en me disant je m'en fous, de toute façon alors autant s’en ficher. Ce n'est pas du tout par mépris de l'autre. C'est vraiment par le fait de se dire j'abandonne, de toute façon il faut que je vive. Vous voyez? On peut raconter ce qu'on veut. À l'époque où j'étais journaliste, j'ai découvert des histoires qu'on avait faites sur moi où je n'y étais même pas. C'était quand même fou.

Phénomène aujourd’hui amplifié comme vous le décrivez dans votre livre, par les réseaux sociaux.

La moindre perception de soi est déformée, tout est une question d’angle désormais dans notre vie. L’angle que prennent les autres pour vous définir. On ne peut pas lutter contre les angles.

Pour finir, vous écrivez que ce qui compte ce n’est pas le parcours, c’est l’arrivée.

Je pense qu’à partir du moment où on désire quelque chose, on l'a déjà au trois-quarts. Donc il faut faire en sorte d'y arriver. Mais le but, c'est ce qui est important dans la vie. Après, le reste, c'est accessoire. Ce sont des circonvolutions quotidiennes, des manœuvres. Avoir un but, c'est la vie. Je suis très philosophe, mon Dieu, je me déteste (elle rit).

Grand entretien, dictée, ateliers jeune public...

En marge des échanges avec les auteurs présents, de nombreux rendez-vous pour tous les âges attendent les passionnés de littérature ce week-end. Petite sélection, totalement subjective...

Samedi

Parmi les nombreux ateliers proposés aux enfants, de 14h à 15h: Un atelier pour les 5 - 10 ans: "Crée ton monstre rigolo et farfelu" animé par Bruno Salomone. Espace jeunesse au forum du Casino.

À 11h30 au théâtre Denis: lecture dessinée et musicale Grand Palace Hôtel avec Amélie Graux, Sandrine Bonini et la musicienne Ava Carrère (sur réservation à partir de 7 ans).

Dimanche

Grand Entretien avec J.-M. G. Le Clézio, animé par Emmanuel Kherad au théâtre Denis (à 11h, sur réservation).

Défi dictée, après un court échange autour de son livre, Antoine Laurain vous proposera de participer à une grande dictée... Les trois meilleures copies se verront récompensées grâce à la complicité des éditions Flammarion (11h30 au Forum du Casino).

Lecture musicale autour du "Rêve du Jaguar" avec Miguel Bonnefoy, prix Femina et Grand Prix du roman de l’Académie française. La lecture sera suivie d’une séance de dédicace (à 7h au théâtre Denis. Sur réservation).

De 14h30 à 16h: Aquarelles pour ado et adultes avec Camille Garoche (au Forum du Casino pour 15 ans et plus).

Fête du livre d’Hyères samedi 17 de 10h à 19h et dimanche 18 mai de 10h à 18h au Forum du Casino. Entrée libre. Rens. fetedulivre.hyeres.fr

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