"Pas un n'a eu le courage de dire : j'arrête tout"... La fille d'Hélène Pastor accuse au procès en appel

Sylvia Ratkowski Pastor a longuement témoigné devant la cour d'assises d'appel, ce mercredi, à Aix-en-Provence. Entre souffrance d'avoir perdu sa mère et rancoeur envers son ex-compagnon.

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Christophe Cirone Publié le 27/10/2021 à 23:15, mis à jour le 27/10/2021 à 23:15
Sylvia Ratkowski Pastor à son arrivée à la cour d'appel, avec son garde du corps et son avocat, Me Dominique Mattei Photo Franz Chavaroche

"On est dans l’horreur absolue, comme depuis le début." Sylvia Ratkowski Pastor le rappelle face aux jurés, hier, à Aix-en-Provence. Rappel utile. En mai 2014, elle et son frère Gildo ont perdu leur mère, Hélène Pastor, dans le double assassinat perpétré devant l’hôpital L’Archet 2 à Nice. Et les tensions palpables avec Gildo Pallanca Pastor, sur les bancs de la partie civile, avaient tendance à éclipser cette tragédie.

Sylvia, la discrète 

Dans la famille Pastor, "on n’aime pas du tout être dans les journaux. C’est très compliqué à gérer", soupire Sylvia Ratkowski Pastor à la barre. Las, ce crime a propulsé sa famille sous ces projecteurs qu’elle fuyait tant. Sylvia, arrière-petite-fille du fondateur d’un empire immobilier en Principauté, le prouve par son attitude depuis le début du procès, le 18 octobre. Discrète, elle affiche un visage fermé dans la salle des pas perdus.

Ce mercredi 27 octobre, enfin, elle dévoile d’autres facettes à l’audience. Celui d’une fille éprouvée par la mort brutale de sa mère. Celui d’une femme en colère, trahie par l’homme qu’elle aimait. Celui d’une "maman" meurtrie "de voir ses enfants souffrir". Celui d’une rescapée, enfin, séchant ses larmes d’émotion pour retrouver peu à peu de l’aplomb.

"Beaucoup de gens ont la chance de perdre la mémoire dans ce tribunal, grince Sylvia Ratkowski Pastor. Mais moi, je ne perds pas la mémoire. C’est comme si c’était maintenant. " À 61 ans, elle n’a pas oublié Hélène, "cette maman extraordinaire", qui a "terriblement souffert" bien avant d’être défigurée par un tir de plombs. Hélène, une "mère un peu peureuse", qui "ne vivait qu’avec nous, ne voyageait qu’avec nous". Une femme naguère tombée "folle amoureuse" d’un Polonais rejeté par la famille Pastor. Comme le sera Wojciech Janowski à son tour.

"Mais c'est un film!"


Dans le box, l’ex-consul polonais regarde en silence celle qui a partagé 28 années de sa vie. Leur trajectoire commune s’est fracassée à la caserne Auvare, à Nice, le 23 juin 2014, quand tous deux ont été convoqués par la PJ. Elevée sous les ors monégasques, Sylvia Ratkowski Pastor découvre alors les affres de la garde à vue. "Je ne savais même pas ce que c’était ! Je voulais rentrer chez moi. On m’a dit : “Vous ne rentrez pas.” "

Tout bascule le lendemain, au soir. "Ils commencent à me dire que Wojciech serait le commanditaire de l’assassinat de Maman et de Mohamed. Je ne comprends pas. Ce n’est pas possible. Dans ma tête, je me dis : “Mais c’est un film !”" Un bien mauvais thriller, qui aurait pu lui être fatal si elle avait accompagné sa mère à l’hôpital. "Le week-end précédent, Wojciech m’avait dit : “Je t’interdis d’aller à Nice avec ta mère quand je ne suis pas là.” Mais je fais ce que je veux !", lâche-t-elle d’un ton sec.

Janowski venait de partir en Pologne. Après coup, Sylvia Ratkowski Pastor trouve cet enchaînement « un peu étonnant, c’est vrai ». Elle dénonce la "chaîne macabre" qui relie les criminels, leur absence de "courage et d’empathie. Pas un n’a eu le courage de dire : j’arrête tout !"

Gildo Pallanca Pastor écoute sa sœur à trois mètres d’elle. En silence. Loin de ses déclarations fracassantes dans Paris Match, où il s’interroge sur "la duplicité" de sa sœur. La défense de Janowski tente une question sur ce thème. "Hors sujet ", intervient Me Dominique Mattei, le conseil de Sylvia. Le président Ramael évacue : "Tout ce qui vient de la presse, ce n’est pas le dossier. Moi ce que j’aime, c’est le dossier… "

Une brève passe d’armes entre Me Campana (défense) et Me Baudoux (partie civile) clôt le débat. Des "dissensions" avec son frère ? "Oui, on en a eu, mais au niveau travail, rectifie Sylvia. Après, je ne peux pas obliger mon frère à me dire bonjour… " L’intéressé aura l’occasion de s’exprimer à son tour demain.

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