À première vue, sa voiture est loin d’attirer l’œil comme les bolides qui passent la frontière. Et pourtant, les agents douaniers l’ont bel et bien repérée.
Vendredi 18 avril, vers 21 heures, le conducteur d’une Renault Clio est contrôlé au péage de La Turbie. Il tentait de rejoindre l’Italie, il a terminé son voyage dans le box du tribunal correctionnel de Nice.
Et pour cause : les forces de l’ordre ont découvert - grâce au marquage du chien - une planque dans le plancher de son véhicule. À l’intérieur, sous le siège conducteur : 21 sachets de résine de cannabis. Soit 56,980 kg de stupéfiants. Si le jeune homme de 25 ans reconnaît son rôle de mule, il assure n’avoir jamais assuré cette mission auparavant.
Mais alors comment s’est-il retrouvé dans cette histoire? L’Italien, originaire de Rome, déclare que quinze jours plus tôt, lorsqu’il se trouvait à Barcelone dans un bar un homme l’a accosté pour lui proposer d’assurer ce transport pour 2000 euros - avec frais de voyage pris en charge.
Pour la présidente, Isabelle Demarbaix-Joando, il y a raisonnablement de quoi douter du scénario: "Quelqu’un que vous ne connaissez pas vous confie ces produits dont la contre valeur est estimée à 455.840 euros?" Le prévenu répète: "Je ne savais pas qu’il y en avait autant." La présidente poursuit: "Ca n’arrive pas à n’importe qui qu’un inconnu propose cela!" Même si ce genre d’argument n’exonère pas devant la justice, il tente une explication: "Oui, mais j’étais en train de fumer un joint…"
Bref, on n’en saura pas plus. Si ce n’est qu’en plus d’utiliser un téléphone dédié pour échanger avec ses commanditaires sur l’avancée de son parcours devant relier Malaga à Rome, il possédait 655 euros en liquide dans la voiture - somme considérée comme du blanchiment pour les douanes.
Mais pourquoi avoir tenté de jouer la mule ? Par souci financier. "Ma copine est enceinte de 4 mois, je fais des déménagements, je voulais acheter des choses pour le bébé…" La présidente regarde le prévenu craquer dans le box, il pleure: "C’est prendre beaucoup de risques monsieur…"
Pour le ministère public, Ludovic Manteufel requiert deux ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt et cinq ans d’interdiction de territoire. Pour la défense, Maître Benjamin Taieb fait valoir "l’amateurisme" de son client - qui a notamment utilisé son propre véhicule personnel en le laissant à des tiers pour qu’ils bricolent une planque et y déposent le cannabis.
Jamais condamné, en attente de jugement en Italie pour le vol d’un téléphone portable, le prévenu indique : "Je veux changer de vie."
Ancien héroïnomane, il a décroché de son addiction. Dans la salle, sa famille retient son souffle à l’énoncé du jugement qui suit les réquisitions du procureur.
Reconnu coupable, Kristian T. est donc condamné à deux ans de prison avec maintien en détention. Il fait également l’objet d’une interdiction de territoire français durant cinq ans et de deux amendes douanières à hauteur de 655 euros et de 455.840 euros. Son véhicule Clio est également confisqué tout comme les scellés. Avant le prononcé du jugement le prévenu s’était dit intéressé par une procédure d’appel.
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