Il avait dissimulé le corps d’un client dans un "sarcophage de béton" avec l’aide d’un boxeur: un gérant de bar bientôt jugé pour meurtre à Nice
Assises Fin juin 2022, les enquêteurs exhumaient le corps momifié d’un homme disparu depuis cinq mois. Le gérant du bar qu’il fréquentait sera jugé à partir de ce lundi pour meurtre, avec un boxeur qui l’a aidé à dissimuler le cadavre.
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Christophe CironePublié le 03/05/2025 à 08:00, mis à jour le 03/05/2025 à 12:01
La grille métallique de L’Atrium placée sous scellé, le 30 juin 2022, au lendemain de l’exhumation du corps dans la cave. Photo Frantz BoutonFrantz Bouton / Nice Matin
L’affaire avait fait grand bruit, autour d’une mort tragique longtemps passée sous silence. Le 29 juin 2022 à Nice, le corps momifié d’un homme était exhumé d’un "sarcophage de béton", comme l’avait qualifié le procureur de la République Xavier Bonhomme. La victime avait disparu cinq mois plus tôt, tuée dans un bar par son gérant. Ce quinquagénaire sera jugé du 5 au 9 mai pour meurtre, avec un coaccusé, par la cour d’assises des Alpes-Maritimes. Il nie avoir voulu tuer.
Si ce fait divers a tant fait couler d’encre, c’est surtout pour son mode opératoire post-mortem. Le cadavre avait été coulé dans du ciment et grossièrement dissimulé, dans une cave, à l’arrière de L’Atrium. Ce bar-PMU situé au 66 rue de France, à un bloc d’immeubles de la promenade des Anglais, était très fréquenté par la communauté kabyle. Des origines communes aux deux accusés et à la victime.
M’hand G. a 34 ans lorsqu’il disparaît, dans la nuit du 6 au 7 février 2022. Il vit séparé de la mère de son fils, travaille comme technicien fibre optique. "Une vie rangée, classique", dixit Me Juliette Pappo, l’avocate de sa famille. Mais le trentenaire algérien fréquente L’Atrium. Et les relations avec son gérant s’enveniment.
Un boxeur à ses côtés
Le 29 juin 2022 à Nice, le corps momifié d’un homme était exhumé d’un "sarcophage de béton", comme l’avait qualifié le procureur de la République Xavier Bonhomme.C.Cirone / Nice Matin.
Abdelkrim Kacimi, 59 ans désormais, a notamment travaillé dans le BTP, avant d’acquérir L’Atrium en 2019. Selon lui, M’hand fréquentait son bar depuis juin 2021. Il aurait eu un "comportement impropre pour un client", déclarait après le drame Me Yves Roussarie, qui le défendait alors. "Ce client le menaçait en permanence. Il lui demandait de l’argent. Il avait des propos insultants, négatifs. Il déconseillait aux autres clients de payer, disait que ce restaurant allait lui appartenir."
Un comportement toxique à l’origine d’un déchaînement de violence? "Aucun élément du dossier ne dit ça, objecte Me Pappo. À part les méfaits de l’alcool, rien n’explique comment ils en sont arrivés là. Ce sra l’un des enjeux du procès. Sa famille aimerait que justice lui soit rendue."
Le soir du drame, Abdelkrim Kacimi et M’hand G. se seraient "chauffés" au téléphone. M’hand G. vient s’expliquer. Le gérant demande à un autre client de rester à ses côtés. Ce trentenaire en impose. Boxeur catégorie poids lourd, il a évolué au top niveau. Il admettra avoir porté "des giflettes" à M’hand G. pour calmer ses ardeurs. Mais ce n’est pas lui qui a porté les coups mortels.
Ivre de rage
Après un échange de coups, "le boxeur" et M’hand G. vont nettoyer leur visage ensanglanté aux toilettes. Abdelkrim Kacimi serait alors arrivé, ivre de rage. Selon "le boxeur", il aurait porté de multiples coups à M’hand G., lui aurait écrasé la gorge avec le pied, et aurait introduit un pistolet dans sa bouche en lançant: "Tu mérites sale chien, je te tue!"
Peu après, un grand soupir leur parviendra des toilettes. Le dernier de M’hand G.
, Abdelkrim Kacimi a livré des versions fluctuantes. Le procès permettra "de se rapprocher au plus près de la vérité", selon Me Lionel Ferlaud, qui assurera sa défense. Si des coups ont été portés, "on ne sait pas qui, quand, comment. C’est un mec bien. Bien sûr, il y a eu ce pétage de plombs ce soir-là... Mais il est complètement traumatisé d’avoir donné la mort à quelqu’un".
"Au mauvais endroit"
Abdelkrim Kacimi comparaîtra dans le box. "Le boxeur", défendu par Mes Franck et Alexandre De Vita, a été placé sous contrôle judiciaire après quatre mois de détention. Lui aussi avait été mis en examen pour meurtre. "Mais sa responsabilité pénale par rapport au meurtre a été très rapidement écartée, souligne Alexandre De Vita. Mon client s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Il a commis une erreur de jugement."
"Le boxeur" répondra finalement de non-assistance à personne en danger et modification de scène de crime. Les deux accusés ont exprimé de profonds regrets. Notamment sur ce "très mauvais choix" d’un sarcophage de béton et d’un mur de silence.
Ils auront face à eux la famille dévastée de M’hand G. "Elle l’a cherché pendant cinq mois, rappelle Me Pappo. C’est assez sordide de savoir qu’ils continuaient à faire la fête dans le bar, alors que la victime était dans un sarcophage, enterrée dans la cave".
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