Trois jeunes de 18 à 19 ans ont été condamnés ce lundi soir à douze mois aménageables, par le tribunal correctionnel de Nice. Ils comparaissaient pour de lourds chefs d’inculpation: participation à une association de malfaiteurs, acquisition, détention, et transport d’arme. Au terme de cinq très longues heures d’audience, d’un dossier creux et d’une procédure bâclée, trois des quatre chefs pour lesquels ils étaient poursuivis ont finalement été abandonnés par le tribunal.
Selon l’accusation, les trois jeunes marseillais retrouvés en possession d’un Colt 45 et de munitions, le 13 janvier 2025 dans une voiture, dans le quartier de l’Ariane, étaient venus à Nice pour intimider quelqu’un - mais qui? - dans le cadre d’une guerre des territoires, sur fond de trafic de stupéfiants.
Sauf que rien, absolument rien, n’a permis d’étayer cette accusation. À l’exception, notable, du transport d’arme. Leurs téléphones portables qu’ils ont remis sans difficultés aux policiers ne contenaient absolument rien d’incriminant, encore moins sur une éventuelle association de malfaiteurs. Oui, ils ont bien fait le trajet de Marseille à Nice, pour 200 euros selon les dires de l’un deux. Oui ils ont récupéré un paquet pour le transporter d’un point A (Pasteur) à un point B (l’Ariane).
Oui, ce paquet contenait un Colt 45. Mais tous semblent avoir été pris d’une trouille bleue en se rendant compte qu’il s’agissait d’une arme. C’est un mineur, qui se trouvait avec eux dans la voiture, qui avait le contact téléphonique avec la personne qui les a envoyés dans ce plan scabreux. Le seul dont le portable n’a bizarrement pas été expertisé. Tous ont été interpellés quelques minutes seulement après avoir réceptionné l’arme, des policiers en patrouille étant surpris par leur attitude. "La bêtise n’est pas une infraction", a résumé Me Aurélia Barre, avocate de l’un des prévenus.
Des éléments à charge insuffisants
Le procureur, Mégane Nomel, avait requis un mandat de dépôt pour l’un des trois prévenus, le seul comparaissant libre. Tous vont finalement pouvoir reprendre leurs études. L’un se destine à être ingénieur. Le quatrième, mineur, qui se trouvait lui aussi dans la voiture ce soir-là, avait déjà été condamné par le tribunal pour enfants à huit mois de prison sous surveillance électronique dans ce dossier. "Tout ça pour ça", a soufflé Me Pierre Bruno du barreau de Marseille, avocat d’un des prévenus, en quittant l’audience. Il avait auparavant dénoncé une procédure "de guingois".
Le tribunal, présidé par Didier Iermoli, a pris son temps. La défense, menée par Me Pierre Bruno, Me Aurélia Barre et Me Jérôme Pagani a permis de faire condamner les prévenus à la hauteur du seul délit réellement constitué: celui du transport d’arme. Et elle a permis de rappeler un fondamental du droit pénal: la charge de la preuve revient toujours à l’accusation. Les trois prévenus ont, en outre, interdiction de paraître durant cinq ans à Nice et interdiction de détenir une arme durant dix ans.
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