Affaire des détournements de fonds publics aux ports de Menton: le maire Yves Juhel et Mathieu Messina renvoyés en correctionnelle

Le maire et son ancien adjoint aux Finances sont renvoyés en correctionnelle le 17 octobre dans l’affaire de détournement de fonds publics à la SPL. Ils ont été déférés à Marseille, ce lundi après-midi, après une garde à vue et une confrontation à Nice. Les deux élus écopent d’un contrôle judiciaire en attendant l’audience.

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Stéphanie Gasiglia Publié le 02/06/2025 à 21:25, mis à jour le 02/06/2025 à 22:12
Le maire de Menton, convoqué lui aussi à 8 heures à Auvare, a réussi à ne pas croiser les photographes.

Yves Juhel, le maire de Menton et Mathieu Messina son ancien adjoint aux Finances sont renvoyés en correctionnelle dans l’affaire de la SPL - Société publique locale - ports de Menton, présidée jusqu’à la mi-2023 par l’élu corse. Ce sera le 17 octobre prochain, pour une audience relais au cours de laquelle une date de procès sera fixée.

Les deux élus avaient été déférés vers 15 heures, ce lundi, à Marseille pour être présentés au procureur, qui a saisi le JLD, le juge des libertés et de la détention, devant lesquels leurs deux avocats ont plaidé, juste avant 20 heures. Les deux hommes ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant l’audience. Neuf autres protagonistes sont renvoyés en correctionnelle par convocation. Parmi eux, l’épouse de Mathieu Messina ou encore l’ancien directeur de cabinet d’Yves Juhel, Franck Giovanucci.

Une confrontation tendue

Mathieu Messina et son avocate maître Caroline Canaletti, devant le commissariat Auvare à Nice. Photos Cyril Dodergny et archives Jean-François Ottonello. Photos Cyril Dodergny et archives Jean-François Ottonello..

Yves Juhel qui aura 80 ans en août et Mathieu Messina, 41 ans, étaient convoqués à 8 heures, ce lundi, à la police judiciaire de Nice au commissariat d’Auvare, pour "détournements de fonds publics, blanchiment en bande organisée de détournements de fonds publics, trafic d’influence passif, abus de bien sociaux". Le premier est arrivé en catimini, le second n’a pas échappé aux photographes. "Vers 8h15", selon une source proche du dossier, ils ont été placés en garde à vue. Placés une première fois en garde à vue en juillet dernier, presque 38 heures, il restait aux enquêteurs un peu plus de 8 heures pour poursuivre l’interrogatoire. Le premier magistrat et son ex-adjoint ont été auditionnés séparément. Avant d’être confrontés. Une confrontation "particulièrement tendue", confie une source policière. Chacun a campé sur ses positions.

Avant le départ pour Marseille du maire et de son ex-bras droit, les enquêteurs ont également entendu, en tout début d’après-midi, Eric Le Floch, le directeur général des services de Menton suspendu de ses fonctions après avoir signalé au parquet de "graves irrégularités", notamment dans ce dossier. Il avait été réintégré par décision de justice avant de porter plainte contre Yves Juhel pour harcèlement moral.

Truffes, champagne, compte de campagne...

L’affaire des ports secoue Menton depuis l’automne 2023, alors qu’un audit révèle un torrent de notes de frais plus que suspectes. Mathieu Messina démissionnaire - a fait chauffer la carte bancaire de la SPL et dégainé le chéquier à tout-va pour des dépenses extravagantes. Argent liquide, voyages, restos chics, caviar, truffes et champagne à gogo...

Les factures s’accumulent pour allègrement dépasser les 700.000 euros. Voire près de 2 millions, aujourd’hui, à l’issue de l’enquête menée par la Jirs.

Pris la main dans le pot de confiture - hors de prix - Mathieu Messina, n’a jamais nié, mais a toujours pilonné "qu’il tomberait, mais qu’il ne tomberait pas seul". Ces notes de frais, ces fausses factures délirantes pourraient, au moins en partie, avoir alimenté un système de rémunération occulte dont il n’aurait pas été le seul bénéficiaire. Et de pointer du doigt, au premier chef, Yves Juhel, qui aurait profité des largesses involontaires de la SPL pour combler ses comptes de campagne, alors qu’il était candidat aux municipales en 2022. Messina jure également lui avoir remis "30.000 euros" en liquide de la main à la main. Des accusations niées en bloc par le maire de Menton. Une somme qui a été, entre autres, sujet de friction lors de la confrontation de ce lundi matin.

Le procureur voulait l’interdiction de se rendre en mairie

"Dans la mise en place d’un contrôle judiciaire, il y a 19 obligations possibles, dont la numéro 3: ne pas se rendre en certains lieux. Et le procureur voulait interdire à M. Juhel de paraître à la mairie", peste l’avocat du maire de Menton, maître Philippe Soussi. "C’était sa mort politique", enchaîne-t-il. "Le procureur de Marseille a dégainé une jurisprudence, mais heureusement j’ai plaidé devant le JLD avec maître Michèle Roufast une décision de la cour de cassation qui date du 20 mai dernier: le contrôle judiciaire ne saurait faire obstacle à un mandant électif", décrypte l’avocat niçois qui a "gagné". Le maire a le droit de se rendre à la mairie. "C’est une victoire de la démocratie, de la règle de droit et de la justice". Yves Juhel a l’interdiction de rentrer en contact avec les autres protagonistes de l’affaire à l’exception de Mathieu Messina - toujours élu - et de son DGS, Eric Le Floch. Il n’a pas le droit de quitter le territoire national.

Mathieu Messina a de son côté l’interdiction de se rendre à... Menton.

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