À Monaco, bataille d’expert autour de l'authenticité d'un testament à trois milliards d’euros rédigé sur un simple carnet
L’experte mandatée par la justice monégasque dans le cadre de la tumultueuse succession Bourlakov vient de conclure à l’authenticité du testament olographe qui déshérite la femme et les filles du milliardaire de sa colossale fortune estimée à 3 milliards d’euros.
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Eric GallianoPublié le 22/07/2025 à 16:45, mis à jour le 23/07/2025 à 09:26
Le fameux testament olographe d’Oleg Bourlakov. Photo DR
Un banal carnet de notes à la couverture sombre et aux pages floquées "OceAnco". Du nom d’un chantier naval au Pays-Bas. Celui-là même auquel Oleg Bourlakov a confié, en 2012, la construction du Black Pearl.
Un incroyable voilier de 106 mètres de long. La fierté de cet ancien colonel de l’armée rouge ayant fait fortune dans le ciment.
Oleg Bourlakov, ingénieur de formation, aurait dessiné lui-même les mécanismes des trois mats rotatifs du Black Pearl. Un petit bijoux de technologie estimé à 200 millions de dollars.
L’une des pièces maîtresses de la succession Bourlakov.
Le milliardaire russe qui vivait à Monaco est décédé en juin 2021, emporté par le Covid. Depuis, ses ayant-droits se disputent sa fortune devant les tribunaux.
Près de 3 milliards d’euros qui tiendraient sur une page A5 de ce petit carnet publicitaire de la OceAnco précieusement conservé dans le coffre d’un office notarial de la Principauté.
10 millions pour sa maîtresse et rien pour sa femme
Deux ans avant sa mort, Oleg Bourlakov y aurait inscrit de sa main ses dernières volontés. Un testament olographe qui lègue le Black Pearl à sa sœur, Vera, et à son beau-frère Nikolaï Kazarov.
Le reste de ses biens, appartements, dont un penthouse de 300 mètres carrés à Monaco, ses actions et tous ses avoirs, vont à une fondation gérée par ces derniers.
A l’exception des "10 millions en dollars canadiens" que selon ce bout de papier, le milliardaire leg à sa jeune maîtresse lettone, avec laquelle il a eu un dernier enfant juste avant sa mort.
Mais rien pour sa femme, Lyudmila, avec laquelle il a partagé 50 ans de sa vie, et leurs deux filles, Veronika et Elena.
Il faut dire que Lyudmila Bourlakova avait demandé le divorce en 2018, à la veille de Noël, et en ayant pris soin de transférer au préalable plusieurs centaines de millions vers un trust ouvert à son nom aux Bahamas.
En retour elle accuse son défunt mari d’avoir tenté de la spolier, elle et ses filles, avec la complicité des Kazarov. La justice monégasque est saisie de plaintes pénales croisées. Elle s’est aussi déclarée compétente pour régler la succession Bourlakov.
C’est dans ce cadre qu’une expertise du fameux testament olographe a été ordonnée.
La guerre judiciaire des Bourlakov
L’experte judiciaire vient de rendre ses conclusions: "Monsieur Oleg Bourlakov est l’auteur du testament en question".
Pas de quoi surprendre les avocats de la sœur et du beau-frère du défunt milliardaire, Mes Frédéric de Baets et Richard Mullot, qui estiment que "ce rapport d’expertise ne fait que confirmer ce que tout le monde sait depuis longtemps".
Ils déplorent d’ailleurs qu’il ait "fallu 4 ans à la justice monégasque pour en arriver à cette conclusion qui, pour eux, n’est qu’une première étape".
Une fois l’authenticité tranchée se posera ensuite la question de la validité de ce testament olographe, sachant que le milliardaire en avait déposé un en 2004 devant un notaire canadien. Mais on n’en est pas encore là.
Dans le camp de la future ex-épouse Lyudmila, dont le divorce n’a jamais été prononcé Oleg étant décédé 15 jours avant la date du jugement, on estime que "cette expertise est défectueuse et n’éclaire pas le tribunal sur toutes les questions qu’il était tenu d’aborder".
"Nous allons évidemment demander une contre-expertise, qui devra être réalisée par un expert parlant et lisant le russe et utilisant des méthodes scientifiques sérieuses", annonce un porte-parole de la famille Bourlakova.
Mes Frédéric de Baets et Richard Mullot ne manqueront pas d’y voir un moyen de jouer la montre. Les deux avocats dénoncent le fait qu’"à Monaco, avec de l’argent détourné au préjudice d’Oleg Bourlakov on peut faire durer des procédures par des moyens légaux et soutirer des informations pour les alimenter par des moyens illégaux tels que des filatures et des écoutes".
Il semble que tous les coups soient permis dans ce dossier à 3 milliards d’euros. Y compris le recours à des officines de renseignements.
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