Un soir de juillet, dans une maison de la rue des Templiers, Hélène Masselin entend un vacarme sur sa terrasse. "J’ai vu ce chien noir complètement enragé, qui tenait mon chat roux dans sa gueule. J’ai essayé de le sauver, j’ai frappé le chien avec une échelle… Il a finalement lâché le chat, mais le lendemain, il a fallu l’euthanasier".
À 84 ans, cette Brignolaise qui vit dans la vieille ville depuis quatre décennies a perdu Roujé, son chat de 17 ans, dans une scène qu’elle n’oubliera jamais.
Et elle n’est pas la seule. Depuis plusieurs semaines, des habitantes du centre ancien affirment ainsi avoir vu un chien, noir, de taille moyenne, museau allongé, s’attaquer à des félins. Certaines vont jusqu’à dire que le maître encourage ces attaques. "C’est un monsieur très grand, toujours en short et en basket. Il se balade avec ce chien, et à chaque fois qu’une attaque a eu lieu, il était toujours présent, à côté de son chien", révèlent-elles.
Une série d’attaques suspectes
Pour Monique Michel, 70 ans, le doute n’est plus permis. "Au début, on pensait à un accident, ça arrive qu’un chien s’en prenne à un chat. Mais au bout de cinq cas, toujours dans le même secteur, ce n’est plus un hasard. Cet homme lâche volontairement son chien sur des chats sans défense".
La septuagénaire s’inquiète désormais pour son propre compagnon à quatre pattes. Antoinette Fauconnier, 72 ans, nourrissait depuis neuf ans Mistinguette, une chatte errante bien connue du quartier. Début septembre, cette dernière disparaît. "On a appris que ce chien l’avait attrapée. Des voisins l’ont retrouvée morte dans des fougères, on a cru qu’on allait s’évanouir… Ça faisait neuf ans qu’on la nourrissait tous les jours".
Les témoignages convergent: rue des Templiers, jardin Gaou, place Parrocel, les habitantes décrivent le même scénario, les mêmes blessures infligées aux animaux. Certaines parlent même de chats "déchiquetés". D’autres voisins affirment aussi qu’un enfant aurait été mordu, sans que cela ne soit vérifié.
Au total, ce sont quatre attaques qui ont été recensées depuis la mi-juillet.
Entre impuissance et volonté d’alerter
Les quatre résidentes de la vieille ville disent également avoir sollicité la police municipale et la gendarmerie, sans résultat. "Ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire, qu’ils ne prenaient pas les plaintes", soupire Hélène Masselin. Pour elles, c’est l’inaction qui fait le plus mal. "On veut mobiliser les gens, que ça se sache. Plus il y aura de vigilance, plus ce maître malveillant reculera".
Contactée, la police municipale appelle à la prudence. "On a entendu parler de rumeurs, mais nos équipes n’ont rien constaté et nos caméras n’ont rien relevé", explique Romain Massa, adjoint à la police municipale. "On prend ces signalements au sérieux, mais il n’y a pas pour l’instant d’éléments factuels qui permettent de dire qu’un homme lâche volontairement son chien sur des chats."
Même commentaire de la part de Raphaël Miccilino, commandant la compagnie de gendarmerie de Brignoles: "Nous ne sommes pas en mesure de confirmer qu’il y a un chien errant ou un chien guidé par son maître. Quant à la prise de plainte, c’est sans doute qu’il n’y a pas d’infraction pénale caractérisée, et non un refus de nos services."
En attendant, l’inquiétude demeure. Dans les ruelles anciennes de Brignoles, les habitants n’osent plus laisser sortir leurs animaux. "Un accident, ça peut arriver, admet Antoinette Fauconnier. Mais au bout de quatre fois, ce n’est plus un accident."
commentaires