À 5 ans, il n’en fait qu’à sa tête! Les parents de Victor sont désespérés… Ils ont le sentiment de n’avoir aucun ascendant sur leur enfant. Le petit garçon plein d’énergie leur répond, refuse d’obéir, il n’accepte ni ordre ni frustration. Les jeunes parents ont pourtant tout essayé: crier, punir, laisser faire, rien ne semble fonctionner… Cette situation entraîne des tensions dans le couple, en désaccord. Pour la maman, "les punitions ne sont pas la bonne solution"; le papa estime, lui, que Victor, qui a été "trop écouté, doit être recadré sans tarder".
Remises en question des compétences parentales
Lorsqu’un enfant provoque ou refuse d’obéir, il est difficile de conserver calme et contrôle de la situation. Si les parents ont conscience de l’effet contre-productif des cris et autres accès de colère, il leur semble parfois impossible de faire autrement, tant la fatigue, l’usure et le sentiment d’impuissance mettent leurs nerfs à rude épreuve. L’écart entre l’idéal éducatif et la réalité du quotidien peut alors provoquer doutes et remises en question concernant leurs compétences parentales.
Il est pourtant essentiel que le parent ait un peu de bienveillance envers lui-même. Il est tout à fait normal de ne pas tout maîtriser d’emblée. L’autorité ne se décrète pas, elle se construit — dans le respect de l’enfant, mais aussi de soi. Il faut donc se donner le temps et la possibilité d’apprendre, de comprendre ce qui se joue, et de s’interroger sur l’origine du comportement de son enfant.
Comprendre l’origine du comportement
Est-il dans une phase d’opposition, comme c’est souvent le cas entre 2 et 4 ans, puis à l’adolescence? Est-il en quête de limites depuis toujours? Ou bien son attitude a-t-elle changé soudainement? Si le comportement s’est détérioré de façon brutale et intense, il s’agit alors peut-être d’une surcharge émotionnelle qu’il est essentiel d’identifier. L’enfant a-t-il vécu un événement déstabilisant (déménagement, deuil, divorce) ou bien connaît-il des difficultés à l’école? Le cas échéant, il faudra dans un premier temps l’aider à s’apaiser.
Si, comme Victor, l’opposition est présente de façon régulière depuis longtemps, il faudra prendre en considération son âge et son développement psychologique. Avant 6 ans, les enfants ont une pensée très centrée sur eux-mêmes et une régulation émotionnelle encore en construction. Leur difficulté à gérer la frustration les rend impulsifs, ce qui explique qu’ils n’écoutent pas toujours — non par provocation, mais par manque de maturité ou par incompréhension des attentes.
À partir de 10-11 ans, les enfants cherchent à affirmer leur personnalité et leur esprit critique se développe: ils comprennent les règles, mais les remettent en question pour tester les limites et mieux comprendre le monde.
Transmettre les contraintes du réel
Malgré les difficultés rencontrées par de nombreux parents face aux comportements déviants ou provocateurs de leur progéniture, il est important de ne pas les ignorer. Être bienveillant et respectueux envers son enfant ne signifie pas le laisser tout faire. Il faut au contraire l’aider dès le plus jeune âge à intégrer les contraintes du réel. Il ne s’agit pas de supprimer le plaisir, mais de transmettre l’idée que certaines choses nécessitent un effort et sont inévitables: l’hygiène, la persévérance, le respect des autres… Mais pour qu’un enfant de l’âge de Victor puisse le faire, il est important de poser un cadre structurant, d’adopter une posture ajustée et d’être patient….
Un cadre structurant
Les règles doivent ainsi être cohérentes, adaptées à son âge, et compréhensibles. "On se lave les mains avant de manger" ou "iI faut se doucher avant de se coucher". On peut aussi jouer sur sa motivation: "Si tu ranges vite les jouets, on pourra aller au parc", ou lorsque l’effort demandé provoque une opposition, proposer un choix: "Tu t’habilles avant ou après le petit-déjeuner?" Le ton adopté par le parent compte autant que les mots: une voix posée, calme et ferme envoie un message clair et sécurisant. Répéter ou crier affaiblit l’autorité au lieu de la renforcer.
Posture du parent
L’autorité parentale n’est pas synonyme de domination, elle est un repère sécurisant pour l’enfant. Le parent n’est pas non plus là pour plaire ou être le meilleur ami, mais pour guider, contenir, protéger. C’est cette posture qui crée un véritable lien de confiance. Un enfant respecté dans ses émotions, ses besoins et ses limites sera plus enclin à respecter en retour. L’autorité s’exerce alors dans une relation mutuelle de considération, loin des rapports de force. Pour autant, si les rappels à l’ordre réguliers ne suffisent pas, il sera utile de sanctionner les comportements inadaptés.
Sanction éducative
Même si c’est un exercice délicat, la sanction a sa place dans l’éducation… À condition d’être pensée comme un repère, non comme une punition effrayante, violente ou humiliante. Une sanction juste doit faire sens, être en lien avec l’acte commis, permettre si possible une réparation, et surtout être adaptée à l’âge et à la compréhension de l’enfant. L’objectif n’est pas de faire mal, mais d’aider à intégrer ce qui est acceptable… et ce qui ne l’est pas. Elle sera d’ailleurs bien plus efficace qu’un discours culpabilisant. Dire à un enfant "tu es méchant" ou "tu fais de la peine à ta maman" attaque sa personne, plutôt que de lui faire comprendre ce qu’il doit changer. Cela peut nuire à son estime de soi sans l’aider à progresser.
Il arrive que malgré tous les efforts des parents, rien ne semble fonctionner… Il faut pourtant garder espoir. Les phases difficiles finissent par passer, souvent avec du temps, de la patience, et parfois avec le soutien d’un professionnel.
Comment sanctionner?
- Avant 6 ans: à cet âge, l’enfant comprend surtout les conséquences simples et rapides.
Il jette un jouet: on le lui retire un moment. Il frappe: on interrompt le jeu, on explique, puis on propose une réparation symbolique (pardon, dessin…).
- Entre 6 et 10 ans: l’enfant raisonne mieux, on peut introduire des conséquences liées à ses actes.
Il parle mal, ment: réflexion à l’écrit ou à l’oral: "Pourquoi ai-je agi comme cela? Comment pourrai-je faire autrement la prochaine fois?" Il ne range pas: plus d’accès au jeu concerné temporairement.
- Après 10 ans: on peut discuter des règles et impliquer l’enfant dans les réparations. Manque de respect: réflexion ensemble sur une réparation. Oubli des devoirs: réduction du temps d’écran.
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