Flaubert, Cocteau, Camus... découvrez les phrases que la ville de Nice a inspiré à ces écrivains

Avant la prochaine Conférence des Nations Unies sur l’Océan et à l’occasion du Festival du livre de Nice, feuilletons quelques pages inspirées par nos rivages à de grands écrivains…

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Illustration DR Publié le 31/05/2025 à 16:00, mis à jour le 31/05/2025 à 16:00
Nice vu du col de Villefranche par Hercule Trachel. Guy de Maupassant, auteur de " Sur l’eau ". photos Musée Masséna- Nice et dr Photo Musée Massena

La mer, à Nice, a été source d’inspiration pour quantité d’écrivains. Poètes vagabonds, conteurs de passage ou romanciers sédentaires, ils l’ont découverte, apprivoisée, aimée, tantôt rieuse, tantôt hautaine ou tempétueuse.

"Qui dira l’irrésistible séduction de cette Méditerranée à peine plissée par le vent?" Ainsi s’interroge Théodore de Banville dans un ouvrage précisément intitulé La Mer de Nice (lire par ailleurs). En 1888, Guy de Maupassant glissant le long de nos côtes à bord de son Bel Ami, écrivait: "Nice qui dort sous un ciel de soie rose, et la mer, impassible, semble un miroir d’acier bleui posé pour refléter la splendeur du jour." Ce même miroir est évoqué par Stephen Liégeard dans son livre La Côte d’Azur (1887) dont le titre a donné son nom à notre région: "La Baie des Anges, d’une courbe gracieuse, s’arrondit à nos pieds, unie comme un miroir zébré de mille chemins éclatants".

Un siècle plut tôt, l’écrivain écossais Tobias Smollett, considéré comme le premier touriste célèbre à Nice étonnait ses lecteurs: "Les gens furent très surpris lorsque je commençais à me baigner au début du mois de mai. Ils trouvaient curieux qu’un homme apparemment poitrinaire plongeât dans la mer, surtout par un temps aussi froid, et des médecins prévoyaient une mort immédiate. Mais lorsqu’il apparut que je me portais de mieux en mieux, des habitants de Nice suivirent mon exemple".

"Chère Méditerranée!"

En 1851, Flaubert a fréquenté Nice qui n’était pas encore française: "La mer, à Nice, est d’un bleu profond, presque irréel, comme si le ciel y plongeait tout entier. Elle ne fait pas de bruit, elle respire, c’est tout" (Lettre à Louise Collet). Et voici Paul Valéry: "Il y a, sur les rivages de Nice, une manière unique dont la lumière, l’eau et le ciel composent un rêve. La mer y parle bas, d’une voix continue, familière et cependant pleine de mystère".

Et voilà Cocteau: "Nice est un théâtre de miroirs où la mer reflète des rideaux de palmiers. J’y ai vu la lumière se rouler en vagues souples comme une étoffe qu’on secoue" (Le Passé indéfini).

Voilà également Scott Fitzgerald, dans Tendre est la nuit (1934): "La mer à Nice, à cette heure chaude, prenait une teinte de turquoise ancienne. Elle semblait contenir tous les désirs humains non formulés; elle enveloppait les cœurs comme une promesse qui n’a pas encore été trahie". Lisons aussi Albert Camus: "La mer à Nice est claire comme un regard lavé de toute tristesse. Elle ne parle pas du destin, mais de la lumière."

Lors d’un de ses quatre séjours à Nice, Nietzsche a écrit à son ami Peter Gast (1887): "Ah! cette lumière, ce ciel bleu, cette mer… c’est là que je respire, là que je pense librement".

Romain Gary, venu à Nice de sa Lituanie natale pour y passer sa jeunesse, s’exclame dans La Promesse de l’aube: " Chère Méditerranée! Que ta sagesse latine, si douce à la vie, me fut donc clémente et amicale, et avec quelle indulgence ton vieux regard amusé s’est posé sur mon front d’adolescent"!

Les écrivains niçois aussi

N’oublions pas les écrivains niçois. Dans la préface de l’ouvrage Nice, 100 ans de Jean-Paul Potron, Jean-Marie Le Clézio, Prix Nobel de littérature, raconte: "Je me souviens d’un temps, pas très lointain où la mer tenait une importance, représentait, sans doute, la moitié virtuelle de la ville… Je prenais mon Virgile et j’allais lire ou rêvasser en regardant les mouvements des bateaux qui glissaient devant la digue du phare…"

Le cher Louis Nucéra, si réceptif aux vibrations de Nice, soupirait en contemplant la Baie des Anges: "Mourir pour mourir, c’est en regardant Nice et la mer depuis la Colline du Château, le cimetière tout à côté, que je voudrais m’en aller". C’est malheureusement près de la zone industrielle de Carros, fauché par une voiture alors qu’il roulait à vélo, qu’il s’en est allé.

Voici comment Max Gallo présente son roman Que sont les siècles pour la mer?: "De chez moi on voit la mer, les îles. Là les Grecs ont débarqué, il y a deux mille cinq cents ans… J’ai écrit la première phrase: Un jour, le bateau de Nikos le Grec doubla le premier cap, celui de, l’Ouest". Et le reste du roman est venu. Apporté par la mer…

Et notre Prix Goncourt niçois Didier van Cauwelaert, n’a-t-il évoqué ainsi la plage de l’Opéra de Nice dans Le Père adopté: "Ce n’est pas la plus belle plage du monde, cette étendue de galets mornes au pied de l’Opéra de Nice, mais c’est là que l’imaginaire d’une autre m’a fait, à vingt ans, le plus inattendu des cadeaux". L’autre en question s’appelait Hélène. Son souvenir a permis à l’écrivain d’inventer sa vie à travers ses rêves.

Sortilèges de la mer niçoise…

La "Mer de Nice"

Le poète Théodore de Banville a écrit en 1860 un ouvrage, sous forme de lettres à un ami, intitulé La Mer de Nice. Extraits:

"Le soleil de Nice est aussi bon peintre que bon fleuriste, et il s’entend à reproduire les physionomies tout aussi bien qu’à varier les innombrables aspects de la mer d’azur, qui chaque matin montre une robe d’un bleu nouveau, de myosotis, de bluet, de lapis-lazuli ou d’outre-mer, semée de diamants et follement brodée de blanches écumes…

Qui dira l’irrésistible séduction de cette Méditerranée à peine plissée par le vent en tout petits plis ondoyants comme la tunique légère d’une nymphe endormie?

Nissa azurée des dieux, faite pour porter les Vénus et les Amphitrites, dont la main y caresse des guirlandes et des bouquets d’astres; à peine quelquefois une petite barque, fine, légère, à la voile blanche, vole en rêvant sur la cime des flots…"

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