Après une semaine où les yeux et la pensée ont été plongés dans les océans avec l’Unoc à Nice, relevons la tête vers le ciel.
Les étoiles furent le champ d’observation d’un des astronomes les plus célèbres de l’histoire de la science, Jean-Dominique Cassini, né il y a 400 ans, le 8 juin 1625, dans ce qui était à l’époque le comté de Nice.
La plupart des encyclopédies le qualifient d’"astronome niçois" même si sa commune de naissance, Perinaldo, se situe aujourd’hui en Italie, à dix kilomètres au-dessus de Vintimille.
Lui-même se revendiquait niçois, ainsi que le signale sa descendante Anna Cassini, dans un article publié en 2004 dans Nice-Historique: sa fiche de professeur à l’université de Bologne mentionnait "Persona molto virtuosa di origine nizzarda".
Perinaldo, ville natale de ce "virtuose de l’astronomie", fut un chef-lieu de canton des Alpes-Maritimes lors du premier rattachement du comté de Nice à la France en 1793, mais demeura piémontaise lors du second rattachement en 1860.
La tête dans les étoiles
Dès l’enfance, Cassini s’émerveilla des mystères célestes. Il fut élevé à l’école du père Aprosio à Vallebona, près de Bordighera puis au collège des Jésuites à Gènes. Tout au long de sa scolarité, il ne cessait d’avoir la tête dans les étoiles.
Cela le conduisit, à 25 ans, à devenir professeur à l’université de Bologne. La notoriété de l’"astronome niçois" grandit rapidement.
Elle alla jusqu’au pape Alexandre VII qui, en 1664, l’appela non pour s’occuper du ciel (c’était le domaine réservé du souverain pontife...) mais pour démêler les problèmes de circulation des eaux dans les sous-sols des États pontificaux.
À Rome, il rencontra l’ex-reine Christine de Suède, convertie dans le mécénat artistique. Il l’entraîna à observer les astres, partageant avec elle l’émerveillement de la nuit.
L’intérêt du roi Soleil
En 1665, il fit connaître les résultats de ses premières recherches: les vitesses de rotation de Jupiter, Mars et Vénus. Il découvrit ensuite quatre satellites de Saturne et fit avancer la connaissance de ses anneaux.
Et voilà qu’en 1669, Louis XIV s’intéresse à lui. Le roi de France veut s’attacher les services de l’"astronome niçois". Des négociations sont menées entre Colbert, l’université de Bologne et le Saint-Siège.
C’est en grand seigneur que Cassini arriva à Paris. L’auteur de contes Charles Perrault se chargea de lui trouver un logement. Il habita un temps dans les appartements du Louvre. Il devint ensuite directeur de l’Observatoire de Paris dont la construction s’achevait.
Sa famille à Nice
Mais voilà qu’en 1672 éclate la guerre entre la République de Gênes et le duché de Savoie. Sa ville de Perinaldo est meurtrie. Cassini fait déménager en urgence sa famille à Nice. Une plaque sur la place Garibaldi, près de l’actuelle rue Cassini, témoigne de la présence de cette famille à Nice.
Peut-être à cette occasion contempla-t-il le lever du soleil sur la Baie des Anges. Et peut-être est-ce là, dans ce frémissement d’or et de nacre que présente l’aurore, qu’il décida d’évaluer la distance entre la Terre et le Soleil.
Toujours est-il qu’en 1673, il en donna une mesure avec une précision jamais atteinte. Le monde savant s’inclina et lui offrit une entrée à l’Académie des sciences.
En 1674, il revient à des occupations plus terre à terre en se chargeant d’établir une cartographie de la France. Le voici arpenteur du pays, parcourant les chemins chaotiques, les vallées et les monts, les villages, les campagnes et les forêts.
Il a avec lui une série d’instruments allant du pendule au télescope qu’il transporte précautionneusement dans les malles des diligences.
Son fils Jacques, âgé de 17 ans, futur membre des Académies des sciences de Paris et de Londres l’accompagne, complice de ses savoirs et de ses espoirs. Tous deux font halte à Toulon et à Nice, accueillis avec déférence. À Nice, il est reçu au palais des ducs de Savoie.
Devenu aveugle
De Nice, il pousse jusqu’à Perinaldo où, sur les douces collines de son enfance, il promène le regard expert du savant qu’il est devenu et s’adonne à d’importantes observations sur la réfraction atmosphérique.
Peut-être est-ce à force d’avoir trop longtemps observé le soleil, il finit sa vie aveugle. L’"astronome niçois" s’éteignit à Paris le 14 septembre 1712, laissant derrière lui la trace lumineuse de son héritage scientifique.
Les Cassini, famille de scientifiques
Les principaux descendants de Jean-Dominique Cassini sont:
Jacques Cassini, son fils. C’est lui qui l’accompagna lors de sa tournée en France pour établir une cartographie du pays. Succéda à son père à l’Académie des sciences en 1712.
Dominique-Joseph de Cassini, premier fils de Jacques Cassini, maréchal de cavalerie du roi. Siégea au Sénat de Sienne.
César-François Cassini, second fils de Jacques Cassini. Entra comme astronome à l’Académie des sciences en 1735. Directeur de l’Observatoire de Paris.
Jean-Dominique Cassini, fils de César-François Cassini. Directeur de l’Observatoire de Paris en 1784, à la suite de son père. Emprisonné à la Révolution, il reçut le titre de comte de la part de Napoléon Ier. Acheva la carte de France entreprise par son arrière-grand-père.
Gabriel Cassini, fils de Jean-Dominique, conseiller à la Cour de cassation, pair de France. Membre de l’Académie des Sciences pour ses travaux sur les sciences naturelles.
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