70 ans de crus classés, les 230 vins de l'été... découvrez notre Guide des Vins 2025!

Cette troisième cuvée du Guide des vins en Provence-Alpes-Côte d’Azur le démontre de manière éclatante: avec son terroir exceptionnel baigné de lumière et ses pépites, la Provence viticole ne souffre plus du moindre complexe.

Derrière l’élégance de ses rosés qui s’arrachent à l’étranger, la délicatesse de ses blancs qui séduisent les sommeliers et la profondeur de ses rouges qui trônent fièrement sur les tables étoilées, notre région a gagné sa place (au soleil) parmi les grands.

Prenez les 18 Crus Classés de Provence, nés un siècle après ceux du bordelais. D’année en année, de génération en génération, ces joyaux ne cessent de se bonifier. Cela ne doit rien au hasard. Avec leurs vignerons d’exception, leurs techniciens exigeants, leurs investisseurs visionnaires et leurs stars en devenir, les châteaux et domaines de Provence ont su attirer les regards et la reconnaissance du monde entier. Entre tradition et innovation, les vins d’ici ont relevé leur niveau
d’exigence, accélérant une montée en gamme qui se confirme millésime après millésime. Bonne dégustation!

Denis Carreaux, directeur des rédactions du Groupe Nice-Matin

70 ans des crus de Provence: affaire non classée

En 1955, 23 châteaux et domaines de Provence ont obtenu le titre exceptionnel de Cru Classé. D’après une étude de leur terroir, de leur savoir-faire et de leur réputation. 70 ans après, que reste-t-il de cette élite parmi les dix-huit propriétés encore classées? 

C’est un classement né dans l'entre-deux-guerres, dans une Provence viticole jadis décriée, bien avant la naissance des appellations d'origine protégées. À cette époque, le vignoble méditerranéen traînait une mauvaise réputation de pourvoyeur d'ordinaire, ces vins issus de raisins généreusement mûris sous le soleil du Midi, qui se vendaient en vrac et circulaient dans toute la France pour améliorer les productions d'autres régions.

Dans le Var, Bandol, l'une des plus anciennes AOP de France avait certes ouvert la voie de la notoriété. Mais dans la vaste Provence, le vignoble n'avait pas affermi ses bases, hiérarchisé ses terroirs, adoubé ses meneurs. À Taradeau, à Lorgues, comme sur le littoral hyérois ou la presqu’île de Saint-Tropez, une élite de vignerons qui mettaient en bouteille leurs productions, les plaçaient sur des tables parfois prestigieuses en France et dans le monde, cherchaient un titre distinctif, comme cela avait été habilement fait à Bordeaux, avec le classement de 1855.

"Un premier projet de classification avait été entériné à la fin du XIXe siècle, en 1895, par des vignerons varois désireux de mettre en lumière leur savoir-faire viticole", retrace Adeline de Barry, vigneronne au château de Saint-Martin. Son aïeul, le Comte de Rohan Chabot, fut l’un des artisans de la classification provençale.

300 candidats en 1943

L’examen des 300 propriétés candidates aux "Crus Classés" commence au printemps 1943. Parmi les critères imposés à l’époque, la mise en bouteille à la propriété, la vente directe, une période de vieillissement de dix-huit mois pour les vins rouges et une situation exceptionnelle du point de vue du sol. De quoi décourager les velléités de classement chez les 300 propriétés candidates initialement (seulement 27 domaines seront présélectionnés, N.D.L.R.), et faire tomber les têtes même les plus motivées : la cave coopérative de Pierrefeu qui vend sa production en vrac, voit son dossier refusé ; à Hyères, Château Galoupet est adoubé de justesse.

"Du fait des évènements de guerre (occupation), nous n’avons pas pu déguster de vins vieux - quoique ce domaine soit apte à faire du vieillissement", notent, le 4 avril 1946, les experts dans leurs rapports sur la propriété. Les Allemands avaient bien entendu sifflé la cave !

--> L'intégralité de ce reportage est à retrouver dans notre Guide des Vins en Provence 2025, disponible en kiosque.