"Un énorme écran de 2,7 hectares": les coulisses de l’immense vidéo-mapping qui va illuminer Biot et les Templiers dès ce vendredi

À peine installées sur le toit de l’espace Henri-Carpentier, en contrebas du village de Biot, les équipes techniques emboîtent déjà les structures métalliques qui serviront de support aux projecteurs. Soigneusement encapsulées pour éviter d’être perturbés par des sources lumineuses externes – comme des lasers –, ils vont bientôt concentrer leur faisceau sur les façades des maisons, à 700mètres de distance. Pas un seul bâtiment n’a été oublié par les savants calculs de l’entreprise spécialisée Proietta. " Biot va devenir un énorme “écran “d’une surface de 2,7 hectares", admire Gaspare Di Caro, son directeur. Un record de taille en Europe.

Il fallait bien renouveler une telle prouesse pour le célèbre festival de Biot et les Templiers, qui se tiendra ce week-end. "Dès 21 heures, vendredi et samedi [lire, aujourd’hui et demain], le public pourra assister à la projection du nouveau film d’animation Bérangère de Biot - L’Éveil du Templier", confirme la Ville. Vingt minutes de vidéo-mapping, dont le scénario a été créé par Angélique Samso, directrice de cabinet.

"C’est comme au cinéma"

L’histoire racontera le destin de Bérangère, situé "à la croisée des chemins": doit-elle quitter sa terre natale pour rejoindre les Templiers et défendre les routes du pèlerinage? L’architecture médiévale de Biot prendra vie en direct pour conter cette aventure. "Si notre collaboration se poursuit avec la municipalité, les différentes projections finiront, avec les années, par former une série cohérente", révèle à demi-mot Gaspare Di Caro, ambitieux.

Dessinées à la main à partir d’une photographie du village puis numérisées, les séquences seront projetées à un rythme classique de vingt-cinq images par seconde. "C’est comme au cinéma, mais il faut faire en sorte que chaque plan ne soit pas déformé par les reliefs et la perspective", confie-t-il, parlant ici d’un vrai "défi". Mieux vaut en effet être doué en optique pour que le spectateur apprécie le spectacle, où qu’il soit. Une seule erreur de superposition entre l’image et les bâtiments, "et l’œil peut dire merde à l’autre", plaisante l’expert, qui a facturé 50.000 euros à la Ville pour une partition sans fausse note.

Plus qu’une simple société de projection, Proietta renferme un vrai petit laboratoire de recherche et développement. "Cette année, nous avons renouvelé tout le matériel optique que nous fabriquons nous-mêmes." Les projecteurs utilisés seront ainsi, pour cette édition, moins énergivores et plus performants "pour donner une image nette" de près comme de loin. Un changement drastique qui a exigé de recalculer chaque détail du paysage biotois avant les grands soirs. Pas de panique, rassure Gaspare Di Caro: pour ce type de projet, deux bonnes semaines, voire moins, suffisent pour mettre en place un vidéo-mapping de cette ampleur, de sa création à sa projection. "On sait faire, car nous travaillons avec des procédés luminographiques clé en main."

Ultimes tests avant le final

La prudence étant mère de sûreté, plusieurs projections tests ont été effectuées avant le grand jour. "Il faut toujours avoir un train d’avance, car entre le moment où l’on nous propose ce genre d’opportunité et la finalité, on ne sait pas très bien comment cela va se passer", sourit le directeur. Un flou artistique qui reste maîtrisé grâce à ses trente-cinq ans d’expérience, qui poussent chaque fois Gaspare Di Caro à voir le monde "en mode no-limit" malgré les contraintes du terrain. Et d’espérer "un grand spectacle" pour un festival inoubliable.