Léa Drucker, Iris Mittenaere, Diane Kruger, Mélanie Laurent... une montée des marches très glamour ce jeudi pour le film français "Dossier 137"

C'est une autre "mission impossible": avec Dossier 137, présenté ce jeudi 15 mai à Cannes, le cinéaste Dominik Moll ausculte l'épineuse tâche de policiers enquêtant sur des violences commises par leurs collègues lors du mouvement des "gilets jaunes", qui a saisi la France fin 2018.

Dans ce long-métrage en lice pour la Palme d'or, pas de cascades, mais une minutieuse radiographie du travail d'une commissaire de la "police des polices", campée par Léa Drucker, au plus fort des manifestations qui ont précipité des millions de personnes dans les rues en 2018-2019.

Le même soir, l'équipe du film a arpenté le tapis rouge et monté les marches du Palais des Festivals. Suivis pas une belle brochette de stars.

"Cela a vraiment ébranlé le pouvoir et secoué la France, mais le Covid est arrivé juste après et c'est comme si ça avait un peu tout effacé", a indiqué ce jeudi à l'AFP Dominik Moll, dont le précédent film La Nuit du 12, lauréat de sept César, décortiquait une enquête policière sur un féminicide.

Son nouveau long-métrage, dans les salles françaises en novembre, se penche sur la réponse très musclée des forces de l'ordre aux "gilets jaunes".

Une intense polémique avait éclaté en France après que des manifestants eurent été grièvement blessés par des grenades de désencerclement ou des tirs de LBD. 

Le "dossier 137" dont hérite l'actrice française Léa Drucker s'ouvre ainsi après la plainte d'un jeune grièvement blessé à la tête par cette arme non létale, alors qu'il était venu manifester en famille à Paris en décembre 2018.

"Au début, un sujet comme ça, on se dit toujours que c'est compliqué et ça fait un peu peur. Mais comme à chaque fois, à partir du moment où on se documente, on trouve des pistes pour raconter des histoires humaines", relate le réalisateur français.

En plongeant dans les arcanes de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), Dossier 137 sonde les tiraillements de ces enquêteurs qui sont chargés de faire respecter l'éthique des forces de l'ordre mais n'ignorent rien de la difficulté de leur tâche. 

"Il y a une double mission impossible", résume Dominik Moll, qui a passé plusieurs jours en immersion à l'IGPN pour préparer son film, dont il cosigne le scénario.

D'un côté, "pour beaucoup de policiers, le maintien de l'ordre, c'est une mission impossible parce qu'on les envoie dans des situations ingérables en leur disant: 'voilà c'est la guerre, allez-y'", détaille-t-il. Et de l'autre, "l'enquête de policiers sur des policiers, ce n'est pas simple non plus".

Le film montre ainsi le personnage de Léa Drucker pris entre deux feux: les policiers mis en cause l'accusent de trahir les siens tandis que les proches de la victime la soupçonnent de vouloir enterrer l'affaire et n'ont plus aucune foi dans les institutions. 

"Restaurer ce lien de confiance avec la police et la justice, c'est un chantier énorme, mais ça ne peut venir que des politiques", estime Dominik Moll, frappé par un trait commun aux affaires de violences policières qu'il a étudiées pour le film.

"Il y a toujours une non-considération, le sentiment que ça n'a pas eu lieu et que tout le monde s'en fout", affirme le cinéaste.

"Ce que je ne comprends pas, ajoute-t-il, c'est pourquoi les politiques ne sont pas capables, à un moment donné, de dire: 'Écoutez, c'était une situation un peu exceptionnelle, on a envoyé des policiers qui n'étaient pas formés au maintien de l'ordre et il y a eu des gens blessés qui n'auraient pas dû être blessés'".

Selon lui, "cette négation agit comme une deuxième violence", aggravée par le fait que très peu de procédures aboutissent à des procès, et encore moins souvent à des condamnations.

Une belle brochette de stars (du monde du cinéma et d'ailleurs) sur le tapis rouge

L'actrice et mannequin Andie McDowell a été aperçue sur le tapis rouge, ainsi que le réalisateur oscarisé Costa Gavras.

Très glamour, l'ancienne Miss France Iris Mittenaere et le rugbyman Antoine Dupont étaient également présents sur le tapis rouge ce jeudi soir.

Comme chaque soir lors du Festival de Cannes, on ne savait plus où donner de la tête et de l'appareil photo.