Décoré de la Légion d'honneur au 78e Festival de Cannes, le réalisateur russe en exil Kirill Serebrennikov fait le portrait d'un médecin nazi qui fuit en Amérique du Sud dans son dernier film
Avec ce film présenté dans la section Cannes Première, le cinéaste russe dit vouloir exposer "le système qui a rendu possible l'existence même de Mengele" et lui "a permis d'échapper au châtiment".
La rédaction (avec AFP)Publié le 21/05/2025 à 16:10, mis à jour le 21/05/2025 à 16:18
Le réalisateur russe en exil Kirill Serebrennikov.Photo Patrice Lapoirie
Sélectionné au 78e Festival de Cannes pour son film sur le médecin nazi Josef Mengele, le cinéaste russe en exil Kirill Serebrennikov a défendu dans un entretien à l'AFP la nécessité de "sans cesse parler d'Auschwitz" pour rappeler ce "dont est capable l'humanité".
Adaptation du roman éponyme du Français Olivier Guez, La disparition de Josef Mengele explore la fuite vers l'Amérique du Sud, après-guerre, du dignitaire nazi qui mena des expériences génétiques sur des déportés du camp d'extermination d'Auschwitz.
Avec ce film présenté dans la section Cannes Première, le cinéaste russe dit vouloir exposer "le système qui a rendu possible l'existence même de Mengele" et lui "a permis d'échapper au châtiment".
Mort au Brésil en 1979, le médecin nazi a mené grand train en Amérique latine sans jamais répondre de ses crimes, qui lui ont valu le surnom d'"Ange de la mort".
Dans un passage marquant de son film, tourné en allemand et en noir et blanc, Serebrennikov fait le choix risqué de filmer des expérimentations de Mengele et de reconstituer le camp d'Auschwitz.
"C'était effectivement un vrai problème, même si je savais depuis le début qu'il fallait absolument que je le montre, sinon on risquait de justifier Mengele", dit le cinéaste de 55 ans, qui réfute l'idée que la Shoah devrait échapper au champ de la fiction cinématographique.
"On peut tout", estime-t-il. "Je pense que ce concept qui est de ne pas en parler pourrait mener à l'oubli."
Kirill Serebrennikov a reçu samedi la Légion d'honneur à Cannes.Photo Patrice Lapoirie.
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Une "question actuelle"
Le débat sur la représentation de la Shoah à l'écran ressurgit régulièrement, depuis La Liste de Schindler (1993) de Steven Spielberg, jusqu'à La zone d'intérêt de Jonathan Glazer, Grand Prix à Cannes en 2023.
"On doit sans cesse rappeler ce qui est arrivé aux gens à Auschwitz", dit Serebrennikov. "Il faut rappeler ce dont est aussi capable l'humanité et se rappeler également que les gens qui ont construit Auschwitz aimaient la philosophie, la musique, la poésie. Et surtout, ne jamais oublier que la mémoire est courte."
Le réalisateur de Limonov, la ballade (2024) estime aussi que l'impunité dont a bénéficié Mengele reste une "question actuelle".
"Il y a des gens qui sont responsables de crimes contre l'humanité et qui, aujourd'hui, eux aussi, vont essayer d'échapper au châtiment", lance-t-il.
Serebrennikov, qui a fui la Russie après le début de la guerre en Ukraine en 2022, garde un œil inquiet sur "les choses terribles" qui se déroulent dans son pays, notamment pour les artistes.
"On va aujourd'hui en prison pour des poèmes anti-guerre", note le cinéaste, décoré de la Légion d'honneur française samedi à Cannes.
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