Le club Ultra Cimiez a ouvert ses portes mercredi presque comme si de rien n’était, accueillant une bonne trentaine d’enfants, en dépit des vidéos qui circulent depuis vendredi et les témoignages de violences gratuites commises sur des enfants par l’encadrement. "Je ne comprends même pas que ce soit ouvert", lâche une maman sur place.
Elle se souvient de cette journée, en mars 2022, où elle avait récupéré son fils trempé, en pleurs. "On lui avait vidé une bassine d’eau sur la tête, j’avais menacé de porter plainte." Sans parler des tirs de ballon…
Comme elle, plusieurs parents sont venus dire au patron d’Ultra, Pierrick Bihoué, qu’ils retiraient leurs enfants, à la suite de nos révélations. Pierrick Bihoué dit avoir tout découvert le 7 mars – ce que plusieurs parents contestent – et identifié "trois animateurs". "Les vidéos semblent dater de 2022-2023", a-t-il écrit dans un communiqué lundi, mais plusieurs directement concernées certifient que certaines datent de 2024.
Des appels de toute la France
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Selon l’une des mamans auditionnées par la brigade des mineurs mardi, de nombreux appels arriveraient de toute la France: des familles en vacances sur la Côte dont les enfants ont passé une journée à l’Ultra Cimiez, et subi des violences. "Ça prend des proportions dingues, mais ça m’a soulagé de voir que ça a été pris au sérieux", dit-elle.
Le procureur de la République Damien Martinelli, qui a ouvert dès lundi une enquête d’initiative pour "violences sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité", a dit avoir reçu quatre plaintes pour l’instant.
Et de nouvelles vont bientôt arriver: plusieurs familles se sont rassemblées en collectif, sous l’égide de l’avocate Me Audrey Vazzana, qui se laisse encore quelques jours afin de rassembler les preuves et les témoignages. "Pour l’instant, les familles interrogent les enfants, et c’est compliqué car ils sont très jeunes, il ne faut pas les brusquer", explique-t-elle.
Car certains enfants, revenus à la maison avec des stigmates, n’ont pas forcément raconté la vérité à leurs parents à l’époque des faits. Mais aujourd’hui, les langues se délient…
Une enquête administrative diligentée par l’Académie
Benjamin Haupaix, directeur du collectif Ensemble sublimons l’animation, dénonce les dérives de ces clubs Ultra, "dont la structure en elle-même pose question".
Selon lui, elle devrait être déclarée en tant qu’Accueil collectif de mineurs, et ainsi respecter tout un cahier des charges, notamment en ce qui concerne le taux de qualification de l’équipe et les règles de sécurité. Mais ce n’est pas le cas.
"Les enfants ne sont pas encadrés par des animateurs, mais par des intervenants, peut-être des éducateurs, mais sûrement pas des animateurs, explique-t-il. Ce ne sont pas des accueils de loisirs déclarés comme ils devraient l’être. Et je peux vous dire que le secteur est assez remonté, car ceux qui font les choses dans les règles doivent se plier à tout un tas de contrôles."
Contactée, l’Académie de Nice, qui supervise ces structures, se contente de dire qu’une "enquête administrative" a été diligentée par le Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, refusant de communiquer au-delà.
Les instances sportives s’indignent
Les instances sportives se sont indignées, hier. "La ligue Provence-Alpes-Côte d’Azur de tennis et le comité départemental de tennis des Alpes-Maritimes font part de leur stupéfaction concernant les vidéos relayées par les réseaux sociaux, montrant des actes inacceptables de la part d’enseignants", ont-ils écrit dans un communiqué.
La Ligue et le Comité rappellent "leur extrême vigilance pour le respect des valeurs du sport et de la République", et que "les usagers des clubs de sport en général, et de tennis en particulier, ont la faculté de signaler toute situation de maltraitance avérée ou suspectée par le biais de la cellule Signal-sports: signal-sports@sports.gouv.fr.". Même son de cloche du côté du comité départemental olympique et sportif des Alpes-Maritimes.
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