Le scandale éclate début mars. Sur WhatsApp et les réseaux circulent des vidéos sur lesquelles on voit des enfants se prendre un ballon de football en pleine tête ou encore un petit garçon qui tombe d’un muret après avoir été poussé à coup de pied par un animateur.
En fond, des rires d’adultes.
Alerté, le procureur de Nice, Damien Martinelli, ouvre une enquête préliminaire le 10 mars pour violences sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité.
Dans la foulée, le directeur du club déclare avoir lancé une procédure disciplinaire dès la diffusion des vidéos et avoir déposé plainte. Huit enfants sont identifiés comme victimes dans ce dossier.
Trois animateurs et le directeur placés en garde à vue
Les 11 et 12 juin, quatre personnes (3 animateurs et le responsable du centre) sont interpellées et placés en garde à vue, à Nice et en Corse. Trois d’entre elles, sans antécédents judiciaires, sont ensuite déférées.
Les chefs de mise en examen retenus incluent: violences sans ITT sur mineurs par personne ayant autorité en présence d’autres mineurs, enregistrement et diffusion d’images de ces violences, ainsi que non-dénonciation de mauvais traitements sur mineurs pour le gérant. Du banc des victimes, il glisse sur celui des prévenus…
Deux poids, deux mesures?
Certains parents sont aujourd’hui partagés entre la colère et l’incompréhension. Eva Modet, dont le fils de 7 ans fréquentait le centre depuis ses 3 ans, ne cache pas sa stupeur: "Je suis très choquée par le comportement du directeur qui a eu le culot de déposer plainte et qui aujourd’hui se retrouve suspect. Et ce n’est pas tout, lorsque l’affaire a éclaté, il a créé une adresse mail pour recevoir les doléances des parents. Beaucoup d’entre eux pensaient que les témoignages seraient ensuite communiqués à la police. Mais ça n’a pas été le cas."
"Rien de mieux pour préparer sa défense", selon elle. L’indignation monte d’un cran lorsqu’elle évoque les décisions prises par le juge des libertés à l’encontre des trois prévenus.
A géométrie variable d’après la mère de famille qui est aussi avocate, puisque "les deux animateurs ont été interdits d’exercer auprès de mineurs et lui ne l’a pas eu. Je suis très inquiète pour les enfants qui vont fréquenter ses clubs cet été", souffle-t-elle.
A noter que le procureur avec requis cette interdiction pour les trois prévenus.
Maître Audrey Vazzana, avocate d’un collectif de parents, est catégorique. Elle déclare que "si l’infraction est constituée, c’est un homme qui a validé des agissements graves sur des enfants. Et il continue en toute impunité".
Elle pointe également l’absence de mesures administratives: "Les parents ne comprennent pas pourquoi il n’y a pas eu de fermeture de ses centres. On laisse un directeur soupçonné de tels faits continuer à exercer sans n’avoir procédé à aucun contrôle des structures."
Un autre parent, qui souhaite rester anonyme, résume l’état d’esprit général et déplore: "Il y a un problème. Soit il a des bras tentaculaires, soit il y a un dysfonctionnement."
La défense appelle à la prudence
Contacté et invité à réagir, Maître Mathurin Lauze, l’avocat du gérant insiste sur le respect de la procédure et tempère.
Il "considère que la décision rendue par le juge des libertés est parfaitement conforme au principe de la présomption d’innocence" et la juge "proportionnée, compte tenu du fait qu’aujourd’hui, le jugement sur le fond n’est pas intervenu".
Si une audience relais est prévue en septembre, le procès n’aura pas lieu avant janvier 2026.
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