Le métier de surveillant pénitentiaire n’est décidément pas de tout repos. Et même si la maison d’arrêt de Grasse n’a pas subi d’attaques revendiquées par le groupe Défense des droits des prisonniers français (DDPF) il y a quelques mois, son personnel n’en subit pas moins quelques "coups de chauffe".
Une surveillante expérimentée en a encore fait l’amère expérience, puisqu’elle a été violemment agressée ce mercredi 25 juin au matin par un détenu récemment admis au quartier des arrivants. Déjà la veille, cet homme âgé d’une soixantaine d’années, connu pour des violences et dégradations, s’était fait remarquer défavorablement. Depuis sa cellule, il tenait le crachoir en monopolisant l’interphone toute la journée pour des futilités, alors qu’il est réservé aux signalements d’urgence, par exemple en cas de malaise ou problème de santé d’un détenu.
La surveillante est donc intervenue pour un rappel à l’ordre, et aurait alors essuyé un flot d’insultes, accompagné de menaces de morts, lui promettant notamment de la "kalacher". Face à ce comportement, l’intéressée a donc fait un signalement à la direction, accompagné d’un rapport disciplinaire. Mal lui en a pris.
Entraînée au sol et frappée
Ce mercredi matin à l’heure d’ouvrir la cellule à 7h15 pour l’inspection de contrôle habituelle, la même surveillante a subi l’assaut du détenu récalcitrant. Après l’avoir invectivé et tenté de lui jeter de l’eau dessus, il lui aurait arraché son gilet pare-lame avant de la saisir par le cou par-derrière, comme pour l’étrangler. Une fois au sol, le forcené lui aurait encore asséné deux coups de poing à la tempe. Par chance, un autre agent a pu déclencher l’alarme portative, et des renforts sont rapidement intervenus pour maîtriser l’agresseur et le placer en cellule disciplinaire.
Quant à la surveillante, elle serait actuellement en arrêt de travail, en attendant d’être examinée par un médecin-légiste, selon FO justice. Mais le syndicat majoritaire monte déjà au créneau pour soutenir leur collègue et dénoncer une "violence inadmissible." À l’égard de son agresseur, "on réclame une sanction exemplaire et son transfert dans un établissement spécialisé pour détenu violent ou dans un centre de soins aménagé si ce type est un déséquilibré", clame Laurent Marino, secrétaire interrégional.
Une procédure en cours
De son côté, la directrice de la maison d’arrêt Claire Doucet indique que le procureur de la République a bien été saisi des faits et qu’une procédure va être enclenchée avec dépôt de plainte, "comme à chaque fois qu’il y a une telle agression".
Tout en se montrant rassurante sur l’état de santé de la surveillante, la directrice confirme que le détenu sera prochainement entendu et sanctionné avant un transfert. En attendant, deux agents (au lieu d’un seul) devraient être affectés à ses contrôles.
N’empêche, Laurent Marino estime aussi qu’il manque une bonne trentaine d’agents pour surveiller l’établissement grassois aux 788 détenus pour 574 places.
Une maison d’arrêt qui comptabiliserait déjà vingt agressions ou tentatives d’agressions sur agents depuis le début de l’année.
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