Un Palestinien a été placé en garde à vue après avoir agressé un rabbin à coup de chaise, vendredi à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), suscitant l'indignation de la communauté juive et du gouvernement qui a pointé la "radicalisation" du débat public comme terreau de cet acte.
L'agresseur, qui s'en est pris au rabbin Elie Lemmel installé à une terrasse de café notamment en lui jetant une chaise au visage a été interpellé dans la foulée et placé en garde à vue, a appris l'AFP de source policière.
Une enquête en flagrance a été ouverte pour violences aggravées
Il s'agit d'un Palestinien en situation irrégulière en Allemagne mais titulaire d'un document lui permettant de circuler dans son Land allemand, a précisé une source proche du dossier, soulignant que l'agresseur bénéficie d'un statut qui offre une forme de "tolérance" pour les personnes qui ne sont pas expulsables vers un territoire en conflit.
Une enquête en flagrance a été ouverte pour violences aggravées, a également confirmé à l'AFP le parquet de Nanterre.
La victime, qui présente une plaie au front, a expliqué quelques instants après l'agression avoir déjà fait l'objet d'un acte similaire la semaine dernière à Deauville (Calvados). "J'ai l'impression qu'on est face à (...) un délit de faciès et c'est bouleversant", a déclaré sur BFMTV le rabbin, kippa sur la tête et longue barbe grise.
Elie Lemmel assure n'avoir jamais vu son agresseur dont il n'a pas anticipé le passage à l'acte sur la terrasse de café.
"J'étais concentré sur mon échange avec la personne en face de moi. Et donc il a peut-être crié, mais je n'ai pas du tout prêté attention à cela. Par contre le coup, clairement, je l'ai ressenti très fortement", a-t-il expliqué.
Le rabbin Lemmel assure ne pas connaître les motifs de l'agression: "Ce qui m'intéresse, c'est la suite, sur comment on construit, comment on avance et comment on agit pour que, justement, ça ne se repasse plus. (...) Et au fond, j'ai très peur qu'on soit dans un monde dans lequel les mots génèrent de plus en plus de maux", a-t-il affirmé.
"C'est une agression clairement parce que la personne agressée était un rabbin avec une apparence extérieure qui a mobilisé contre lui l'agression, le déchaînement, la haine d'une personne qui était là", a réagi le Premier ministre François Bayrou, en marge d'un déplacement à Montpellier.
S'il s'est félicité que "l'issue n'(ait) pas (été) tragique", le chef du gouvernement a déploré que "l'état de la société entraîne la radicalisation du débat public et que l'un soutient l'autre".
"La laïcité, qu'est ce que c'est? C'est le principe que ce n'est pas parce qu'on a des religions ou des origines différentes qu'on doit s'affronter. (...) Et c'est un principe qui n'est pas facile à défendre dans l'état de l'opinion aujourd'hui", a-t-il regretté.
Sur le réseau social X, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a condamné "avec la plus grande fermeté l’agression antisémite dont a été victime" le rabbin parisien.
"Quand on est identifié publiquement comme juif, on est potentiellement la cible d'activistes haineux qui peuvent, au nom d'une solidarité dévoyée avec la cause palestinienne, décider de s'en prendre à des Français juifs", a insisté également sur BFMTV le président du Crif Yonathan Arfi.
"Les actes antireligieux doivent entraîner une tolérance zéro", a pour sa part réclamé sur CNews le président du Consistoire central, Elie Korchia. En 2024, 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur.
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