'Prix du sang", "travailleur honnête"... Avalanche de réactions indignées après l'assassinat de Pierre Alessandri, agriculteur corse "lanceur d'alerte"

Pierre Alessandri, un producteur d'huiles essentielles a été assassiné lundi 17 mars dans la soirée sur son exploitation près d'Ajaccio, suscitant une indignation unanime dans l'île ensanglantée par quatre assassinats depuis janvier.

La rédaction Publié le 18/03/2025 à 17:40, mis à jour le 18/03/2025 à 17:40
Pierre Alessandri, un agriculteur a été tué par balles à Sarrola-Carcopino au lieu-dit Mandriolu. Vers 20 h 30, la victime a été transportée à l'hôpital de la Miséricorde à -Ajaccio où elle a succombé à ses blessures. ©Albert Saladini/MAXPPP

Il était un "lanceur d'alertes" et ce drame est une "tragédie", selon Anticor. Un producteur d'huiles essentielles a été assassiné lundi 17 mars dans la soirée sur son exploitation près d'Ajaccio, suscitant une indignation unanime dans l'île ensanglantée par quatre assassinats depuis janvier.

Pierre Alessandri, 55 ans, installé depuis 1993 à Sarrola-Carcopino (Corse-du-Sud), a été "blessé par arme à feu" ce lundi 17 mars peu après 19h00 sur son exploitation d'agrumes, a indiqué Nicolas Septe, procureur de la République d'Ajaccio.

Transporté dans la soirée à l'hôpital d'Ajaccio dans un état grave, ce père de famille y a succombé à ses blessures.

Une enquête ouverte pour "assassinat"

"Les premières investigations permettent de relever la trace d'au moins un tir certain porté dans le dos de la victime", a précisé le procureur ce mardi 18 mars, ajoutant qu'une autopsie était prévue jeudi.

"Plusieurs pistes sont exploitées (...) pour déterminer le mobile de (cet) acte criminel qui a manifestement fait l'objet d'actes préparatoires", a-t-il poursuivi, indiquant avoir ouvert une enquête pour "assassinat" confiée à la gendarmerie.

La distillerie de l'agriculteur avait été détruite par un incendie criminel en avril 2019, alors que ce nationaliste était secrétaire général pour la Corse-du-Sud du syndicat agricole corse "Via Campagnola", membre de la Confédération paysanne.

Au moment de cet incendie, jamais élucidé, la piste privilégiée par le procureur de l'époque avait été "celle d'une réaction violente liée aux positions syndicales de Pierre Alessandri".

La confédération paysanne s'est dite "en deuil" après avoir appris "avec horreur" le meurtre de l'agriculteur, qui avait également été en 1992 un membre fondateur du syndicat nationaliste étudiant "Ghjuventù Paolina", avant de rejoindre "Via Campagnola".

Pierre Alessandri, candidat à la présidence de la chambre d'agriculture de Corse-du-Sud en 2019, avait notamment été l'un des seuls syndicalistes agricoles à se féliciter de la tenue de contrôles sur l'attribution des aides agricoles européennes.

"Spirale criminelle"

"Il était un des lanceurs d'alerte dans l'affaire des fraudes aux subventions européennes en Corse", a rappelé dans un communiqué l'association anticorruption Anticor, dénonçant une "tragédie" qui "s'inscrit dans un climat de pratiques mafieuses et corruptives qui gangrènent le territoire corse".

"Nous ne laisserons jamais les forces obscures ruiner l'avenir de nos enfants", a promis sur X Jean-Baptiste Arena, nouveau président de la chambre d'agriculture de Corse, qui a remporté l'élection à la tête d'une liste associant les syndicats "Mossa Paisana" et "Via Campagnola" face à la liste des dirigeants sortants soutenue par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs.

Les partis autonomistes "Femu a Corsica" et "Parti de la nation corse" (PNC) ainsi que le parti indépendantiste "Core in Fronte", dont Pierre Alessandri avait été membre lorsqu'il s'appelait le "Rinnovu", lui ont rendu hommage mardi, saluant un "travailleur honnête" et un "patriote enraciné dans sa terre".

Pour Léo Battesti, membre fondateur du collectif antimafia "Maffia no, a vita iè", "c'est un symbole d'intégrité et du militantisme agricole vertueux qui a été abattu" et "un coup dur porté à la Corse de la créativité et du travail par ceux qui, par la terreur, veulent la dominer", a-t-il écrit sur X.

"Toute la Corse paye malheureusement le prix du sang: voyou, criminel mais aussi, et c’est bien plus grave, étudiante, simple citoyen et homme de bien. (...) Il est grand temps de rompre cette spirale criminelle", s'est indigné François-Xavier Ceccoli, député divers droite de Haute-Corse et producteur de clémentines.

Il s'agit du quatrième assassinat depuis le début de l'année en Corse. Un cinquième homicide a eu lieu à Borgo (Haute-Corse) début février mais dans un contexte familial.

Avec "18 homicides et 16 tentatives d'homicides" en 2024 pour 355.000 habitants -l'équivalent de la population de Nice-, la Corse se place "au premier rang national en la matière", a rappelé récemment le préfet de Corse, Jérôme Filippini.

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