Plus de 30 plaintes pour violences et abus sexuels déposées, un surveillant accusé de viols toujours en activité... que s'est-il passé dans ce collège-lycée catholique de Bétharram?

Après une première salve, une seconde série de 13 nouvelles plaintes a été déposée, ce mardi, contre l'institution Notre-Dame de Bétharram, un établissement privé des Pyrénées-Atlantiques. De quoi porter le total à 33. Parmi elles, 8 ciblent un laïc, toujours surveillant à l'internat du collège. On fait le point.

Pierre Peyret Publié le 14/02/2024 à 11:02, mis à jour le 17/02/2025 à 15:45
Plus de 30 plaintes ont été déposées contre l'établissement privé des Pyrénées-Atlantiques. Photo AFP

L'affaire prend de l'ampleur. Une enquête préliminaire a été ouverte début février après le dépôt de 20 plaintes d'anciens élèves d'un établissement privé des Pyrénées-Atlantiques pour des faits de violences et d'agressions sexuelles et de viol commis il y a quarante ans. Ce mardi 13 février, 13 nouvelles plaintes ont atterri sur le bureau du procureur. 

Les plaintes, révélées par "La République des Pyrénées", portent "principalement sur des faits de violences, mais aussi, pour cinq d'entre elles, sur des faits d'agressions sexuelles et/ou de viol", précisait il y a quelques jours le procureur de la République de Pau, Rodolphe Jarry.

Quel est l'établissement concerné? 

Ces faits auraient été commis essentiellement au début des années 1980 dans l'enceinte du collège-lycée catholique Notre-Dame de Bétharram qui accueille aujourd'hui environ 280 élèves, contre 600 dans les années 1980.

Niché au pied des Pyrénées, à la frontière du Béarn et de la Bigorre, l'établissement, créé en 1837 et a la solide réputation, a toujours vu y atterrir des enfants de notables bordelais ou toulousains envoyés là pour "filer droit", comme le dit Sud Ouest dans son édition de ce mercredi. 

Une parole qui se libère via Facebook

Les plaintes, qui visent des religieux et des laïcs, concernent des faits pour la plupart aujourd'hui prescrits, mais "l'une des victimes n'est pas encore concernée par la prescription, donc sa plainte pourra être le support des autres", précise Alain Esquerre, plaignant et ancien élève de Bétharram de 1980 à 1985. 

C'est en créant un groupe Facebook pour récolter des témoignages sur les violences subies dans l'établissement qu'il a découvert des récits d'agressions sexuelles. "Des gens vous racontent leur détresse, des choses subies à l'âge de 10 ou 12 ans et qu'ils n'ont jamais racontées à personne. Ils se sont terré dans leur silence alors que certains habitent à dix kilomètres de là", a-t-il confié.

Cet ancien élève a "subi et vu des violences physiques au quotidien" et dénonce un "mode opératoire bien rodé" dans cette institution élitiste. "Les enfants étaient traités comme du bétail", résume-t-il. 

Un surveillant toujours en activité à l'internat visé par les plaintes

Parmi les 33 plaintes, 8 ciblent un laïc, toujours surveillant à l'internat du collège. Il travaille à l 'internat depuis 1984. Selon Sud Ouest, il a accompagné, durant quatre décennies, des sorties et camps de vacances scouts durant l'été. 

"Le gars était plutôt sympa avec moi", se rappelle Stéphane, qui témoigne dans les colonnes du quotidien. A tel point qu'il sera invité pendant les vacances scolaires chez une des tantes du surveillant. "J'ai subi des attouchements et des fellations de sa part à deux ou trois reprises. Et moi, je faisais semblant de dormir", confie-t-il.

D'autres témoignages font état de ces agressions sexuelles. "Il est venu avec moi dans la salle de bains, a fermé la porte à clé et m'a sodomisé", raconte Laurent, à propos d'un séjour au Maroc réalisé en 1984-1985. Laurent ne cible pas seulement ce surveillant, mais dénonce aussi les agissements d'un prêtre de l'établissement. "Il me préparait des bains, me caressait jusqu'à me faire des fellations. Il me faisait dormir à ses côtés". 

Des plaintes déposées devant la Commission reconnaissance et réparation de l'Eglise

Mais les plaintes ne visent pas que des abus sexuels, certains plaignants dénoncent des "coups de règles en métal sur des doigts en sang", des "courses pieds nus dans la neige", des "nuits dans le froid en slip".

L'établissement affirme n'avoir aucune information sur l'enquête en cours. Contacté, début février, le responsable de l'établissement, le père Jean-Marie Ruspil, s'est dit "attristé" et juge "très regrettable que de la violence ait pu être utilisée envers des enfants et des adolescents".

"Depuis le mois de novembre, j'ai moi-même reçu des témoignages d'anciens élèves surpris pour ne pas dire choqués", qui "regrettent que ne soient pas mis en lumière les bons souvenirs d'anciens", ajoute-t-il.

Ces plaintes seront aussi déposées devant la Commission reconnaissance et réparation de l'Église, créée pour les victimes d'abus sexuels dans l’Église. En 2017, une enquête canonique avait déjà été menée par l’Évêché de Bayonne, après la dénonciation d'abus sexuel commis sur un ancien élève, âgé de 10 ans au moment des faits qu'il dénonçait, par un prêtre. L'enquête de l’Église avait conclu à un non-lieu. Le religieux s'était donné la mort en 2000.

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