C’est une affaire exceptionnelle que vient de résoudre la Division de la criminalité territoriale du SIPJ 06. Un travail d’orfèvre à montrer dans les écoles de police. Le 7 juillet, un touriste émirati de 44 ans se fait dépouiller de sa montre, une Patek Philippe d’une valeur estimée à 200.000 dollars. Une moto s’était arrêtée à sa hauteur, vers 23 heures, sur la Croisette, à Cannes, à hauteur du Martinez. Face au canon de l’arme braquée sur lui par le passager d’une moto, le touriste n’avait pu qu’obtempérer et remettre la montre. Les malfaiteurs s’étaient échappés en un clin d’œil.
Débute alors, pour les services de police judiciaire de Nice, une enquête minutieuse. Le vol de montres à Cannes est un fléau, le sujet est une priorité.
Les limiers de la PJ étudient tout, la moto utilisée, les vidéos, les témoignages, et tracent les lignes téléphoniques utilisées dans le secteur. Un travail de fourmi qui va payer. Trois lignes suspectes sortent du lot. Leurs détenteurs ont filé direction l’Espagne. Les téléphones sont placés sous surveillance.
Le 15 août, un voyant rouge s’allume dans le bureau de la division de la criminalité territoriale du SIPJ 06. Les trois lignes téléphoniques viennent de borner au Perthus, à la frontière franco-espagnole. Pistés comme leur ombre, les trois suspects font alors des allers-retours dans le sud de la France.
Ce lundi, un équipage des Douanes arrête leur voiture au péage du Capitou (Var), sous prétexte d’un contrôle de routine. Leur signalement est immédiatement transmis à la PJ. Le filet se resserre. Le commissariat de Cannes est alerté, ainsi que la police municipale. Ils ont été "détronchés", la surveillance n’en est que plus facile pour les enquêteurs. Ils connaissent désormais leurs visages, leur véhicule et surveillent leurs lignes téléphoniques.
Les quatre hommes, des Vénézuéliens de 25 à 35 ans environ, inconnus des services de police en France, sont vus dans la foulée effectuant des repérages sur la Croisette. Leur dispositif est le même que pour l’attaque du touriste émirati en juillet: la même moto, épaulée par deux véhicules et une Citroën C4 de location.
Le top intervention est donné
La Bac se met en planque. Les quatre malfaiteurs ciblent la file d’attente d’un restaurant haut de gamme de la Croisette. Le gang de voleurs de montres s’apprête à frapper de nouveau. Le chauffeur de la moto est là, prêt à passer à l’action. Une feuille blanche dissimule la plaque d’immatriculation. Le SIPJ donne alors le top intervention. Les quatre hommes sont interpellés sur le champ, avant de pouvoir agresser de nouveau. Un des quatre réussit à s'enfuir, mais les trois autres sont interpellés grâce à la Bac de Cannes avec l’assistance de la police municipale.
Les trois individus seront présentés ce vendredi au parquet de Grasse. Une information judiciaire pour "tentative de vol en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime" va être ouverte dans la foulée. Le parquet va prendre des réquisitions de placement en détention provisoire, indique Émilie Taligault, procureur adjoint de la République de Grasse. Moto, tenues vestimentaires, lignes téléphoniques: les hommes vont être poursuivis pour les deux affaires. La Patek Philippe, volée en juillet, n’a pu être retrouvée, vraisemblablement écoulée en France ou en Espagne.
Les trois hommes nient les faits à ce stade, le quatrième est toujours en fuite.
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