En remontant l’allée goudronnée, une rangée d’hommes, le visage fermé, s’appuie contre un long muret. Chacun colle fermement son téléphone à l’oreille. Appellent-ils des proches, des amis? Sans doute.
La veille, lundi, deux enfants de 7 et 8 ans ont été retrouvés en arrêt cardiorespiratoire, vers 19 heures, sous une bâche de protection d’une piscine privée et hors sol d’une propriété qui serait située à proximité du terrain qu’occupe cette communauté des gens du voyage.
Malgré l’intervention des pompiers, les enfants n’avaient pas pu être réanimés. Leur disparition avait été signalée quelques heures plus tôt par leurs familles, inquiètes de ne pas les voir revenir.
Derrière les portails ouverts, donnant sur les dizaines de caravanes et les maisons en dur de la communauté sédentarisée sur ce secteur jouxtant l’avenue Jean-Michard-Pellissier, à Antibes, l’atmosphère est lourde, comme suspendue.
"Veillez à ne pas rouler trop vite, des familles sont en deuil ici. Il ne faudrait pas qu’un autre drame survienne", lance une femme aux traits tirés. Un peu plus loin, d’autres voisins errent avec chagrin, se poussant pour laisser passer des voitures de plus en plus nombreuses.
La piste accidentelle privilégiée
Comment deux bambins ont-ils pu échapper à la vigilance de leurs parents aussi longtemps? Dans quelles circonstances? Le flou demeure pour l’instant.
Le parquet de Grasse précise qu’une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes de leur mort. Celle-ci doit se poursuivre "dans les prochaines semaines" et, d’ici là, aucune décision judiciaire ne pourra être prise tant que l’ensemble des éléments n’auront pas été analysés.
Pratiquées rapidement, dès ce mardi après-midi, les autopsies livrent déjà de premiers éléments: "À ce stade, elles invitent à écarter toute intervention d’un tiers et à retenir l’hypothèse d’une noyade accidentelle."
Des analyses anatomo-pathologiques – examens médicaux réalisés sur les tissus du corps (comme les organes ou les cellules) pour observer d’éventuelles anomalies ou lésions – et toxicologiques sont toutefois en cours pour compléter les examens.
"Les mesures de prévention doivent être prises"
Face à l’émotion suscitée par cette tragédie, le maire d’Antibes, Jean Leonetti, a publié dans la foulée une déclaration empreinte de gravité: "Deux enfants qui meurent noyés… c’est un drame absolu. [...] Il ne faut parfois qu’une minute d’inattention pour qu’un drame survienne."
L’élu a insisté sur l’importance de la prévention sans chercher à pointer du doigt les familles endeuillées, en réponse aux nombreux commentaires sur les réseaux sociaux allant dans ce sens: "Il ne faut pas culpabiliser les parents, qui doivent vivre un deuil insupportable. [...] Cela reste un poignard dans leur cœur toute leur vie."
Et de rappeler que les noyades en piscine représentent près d’un tiers des noyades en France, l’édile a également souligné les dispositifs mis en place tout au long de l’année, à Antibes, pour apprendre aux enfants à nager, bien qu’il reconnaisse que cela ne constitue "pas une garantie absolue", mais "une protection importante".
Comment apprendre à nager à Antibes?
Outre les cours scolaires assurés dans le cadre de l’attestation du savoir nager en sécurité (ASNS), piloté par la Fédération française de natation et l’Éducation nationale, le stade nautique Jean-Bunoz propose des stages réguliers à partir de 6 ans sous l’œil d’Alain Bernard.
Pendant les vacances scolaires, les enfants peuvent ainsi suivre cinq séances de 45 minutes, pour 40 euros la semaine. "Et ce, tout au long de l’année, même pendant les travaux qui ont lieu en ce moment", indique la municipalité.
Le Mini‑Club du Cercle des nageurs d’Antibes, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, dispense lui aussi un apprentissage individualisé et progressif, avec un suivi pédagogique. Pour les plus grands, des stages intensifs pour les 10‑17 ans sont disponibles.
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