Florian R., 32 ans, chauffeur-livreur, fait partie de ces dizaines d'hommes recrutés sur internet par Dominique Pelicot pour venir violer sa désormais ex-épouse Gisèle, préalablement droguée à son insu, à leur domicile de Mazan (Vaucluse).
Dans un réquisitoire qui doit être, selon eux, un "message d'espoir" pour les victimes de violences sexuelles, les deux avocats généraux ont réclamé, pour la grande majorité d'entre eux, des peines d'au moins 10 années de réclusion, et de 13 ans dans le cas de Florian R.
"Ces réquisitions sont sauvages. Je suis persuadée que vous n'êtes pas un broyeur dans lequel on injecte toute cette misère sociale", a plaidé l'avocate de Florian R., Guilaine Michel, en demandant à la cour criminelle de Vaucluse de prononcer un acquittement.
Si la "matérialité" des faits "est établie", l'intention de commettre un crime fait défaut, a estimé Me Michel, en revenant sur la nuit du 12 au 13 décembre 2019.
"Le départ de feu, c'est la connexion sur coco.fr (un site de rencontres depuis fermé). Il tombe sur Dominique Pelicot qui lui propose un plan à trois. A Mazan, il découvre un vieil homme, il se laisse téléguider. Dominique Pelicot lui dit: Déshabille-toi, elle est dans la chambre, elle nous attend".
"Madame Pelicot est invisible, entièrement recouverte d'une couette. Il y a une pénétration de cinq minutes. Florian R. essaie de pousser la couette pour voir comment elle vit la situation, mais Dominique Pelicot la replace. Il entend un premier ronflement, comprend qu'elle ne joue pas et, en 13 secondes, il stoppe tout, il part. Savait-il qu'elle était sédatée? Non", affirme l'avocate.
Me Emilie Blas, qui défend Nicolas F., a fait le même constat: "Sept minutes pour réclamer 14 années!". Ce journaliste indépendant de 42 ans a toujours affirmé s'être rendu chez Dominique Pelicot pour une relation homosexuelle. Il prodigue d'ailleurs une fellation à Dominique Pelicot dans le salon puis, "à sa surprise", son hôte insiste pour que la suite se déroule dans la chambre car cela l'excite".
Nicolas F., qui commet alors des pénétrations digitales sur Gisèle Pelicot, "a reconnu la matérialité des faits" mais pas l'intention criminelle, relève l'avocate, qui ne plaide pas l'acquittement mais se demande "pourquoi le faire réincarcérer".
"Moins de 10 minutes pour une peine de 10 ans, je vous laisse apprécier", a aussi relevé Me Alix Gros-Le Maut. Son client, Mathieu D., 53 ans, reconnaît également les fait mais pas l'intention criminelle. L'avocate souhaite qu'il "sorte libre".
Les plaidoiries dans ce procès emblématique des violences faites aux femmes doivent durer jusqu'au 13 décembre et le verdict est attendu le 20 décembre.
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