"Tout le monde disait que mon frère n’allait pas bien, pourquoi on ne l’a pas aidé?" Sofiane ne peut retenir sa colère. Jeudi 17 juillet au soir, Lemjeb Haddadi a été découvert mort dans sa cellule, à la maison d’arrêt de Grasse.
"On m’a expliqué que mon frère se serait pendu avec un drap alors qu’il devait sortir cinq jours plus tard. Quelques jours avant, des codétenus et même des surveillants auraient alerté sur le fait qu’il ne sortait plus. Il prenait un traitement. Juste avant sa mort, ils l’ont retrouvé en train de se cacher sous son lit", rapporte Sofiane, qui a porté plainte avec constitution de partie civile pour non-assistance à personne en danger et manquement au devoir de protection.
"Il y a eu des signes alarmants mais ils l’ont laissé livré à lui-même. L’autopsie a eu lieu jeudi dernier mais nous n’avons pas eu les résultats. Pourquoi est-ce aussi difficile d’avoir des informations sur sa mort? Ce manque de transparence, ça nous fait cogiter et remettre en question le discours qu’on nous donne. Est-ce qu’il s’est passé autre chose?" déplore sa nièce, Sérine.
"Incompréhensible et choquant pour tout le monde"
Contactée, la directrice de la prison, Claire Doucet, se défend: "Lemjeb Haddadi a mis fin à ses jours en se pendant, j’ai reçu les quatre frères dès le vendredi matin et je leur ai tout expliqué. Mais il a été pris en charge, quand on a su qu’il n’allait pas bien, il a été reçu par la psychologue. Je ne souhaite pas entrer dans les détails publiquement, c’est incompréhensible et choquant pour tout le monde."
Également sollicité, le parquet de Grasse confirme qu’une "information judiciaire est en cours pour recherche des causes de la mort."
Un détenu de 19 ans retrouvé pendu en janvier
La mort de Lemjeb Haddadi fait écho à un autre drame, au sein de la prison. Un jeune homme de 19 ans, incarcéré, aurait porté plainte pour viol contre un autre détenu le 7 janvier 2025.
"Le lendemain, on m’a appelé pour me dire que mon fils s’était pendu. Sauf que quand j’ai vu son corps, il avait des traces de griffures, des bosses sur le crâne et des hématomes. J’ai l’impression qu’il a été frappé et qu’il est mort des suites de ses blessures", confie sa mère, qui remue depuis ciel et terre pour accéder avec son avocat au résultat d’autopsie.
"On ne nous donne pas accès et j’ai appris le 22 juillet que la justice a classé l’affaire car ils pensent que ça ne relève pas d’une mort suspecte. Je vais devoir me constituer partie civile, car je ne peux pas accepter que ça en reste là."
La directrice de la prison n’a pas souhaité s’exprimer sur cette affaire. Le parquet de Grasse a simplement répondu à Nice-Matin que "la procédure a fait l’objet d’un classement sans suite (motif 11: absence d’infraction), et demeure à la disposition de la famille pour consultation."
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