"Tu vas finir par te tuer", "Tu ne sais pas conduire en fait": Mattéo, le motard qui a fauché la petite Kamilya à Vallauris, avait-il déjà une conduite à risque?
Des informaticiens ont examiné le téléphone du jeune motard qui a fauché la fillette, le 29 août 2024 à Vallauris. Pour la famille endeuillée, leur rapport atteste d’une dangerosité qui a pu favoriser le drame.
Article réservé aux abonnés
Christophe CironePublié le 16/05/2025 à 06:45, mis à jour le 16/05/2025 à 07:22
Mattéo, visage dissimulé et encadré par les policiers, lors de l’audience destinée à statuer à son maintien en liberté, le 10 septembre à Aix-en-Provence.Photo Dylan Meiffret
D’un côté, un père endeuillé. De l’autre, un père qui redoutait de l’être.
"Tu es inconscient, on va te perdre" : telle était la mise en garde adressée par son père à Matteo, 19 ans. Ce jeune motard a causé la mort de la petite Kamilya, 7 ans, le 29 août 2024 à Vallauris. Ce drame prend-il ses racines dans une conduite à risque? C’est tout l’enjeu de l’instruction en cours. Et c’est ce qui semble transparaître d’un récent rapport d’expertise, aux yeux de la famille de Kamilya.
Un laboratoire d’analyse numérique varois a examiné le contenu du téléphone portable de Mattéo. Il a livré son rapport à la juge d’instruction fin avril. SMS, messages audio, navigation sur des applications... Ces techniciens en informatique ont recherché des éléments susceptibles d’éclairer l’enquête. Leurs conclusions, dont Nice-Matin a pris connaissance, pourraient alourdir les charges pesant contre le motard.
Un fichier audio, en particulier, a retenu l’attention des cyber-experts. Un message du père de Mattéo, qui réprimande vertement son fils pour son comportement routier. Le fichier n’est pas daté. Mais tout porte à croire qu’il a été émis avant ce soir funeste où la Yamaha de 600cm3 s’est cabrée, avant de retomber sur un passage protégé au moment où Kamilya traversait avec son frère.
"Tu ne sais pas conduire"
Kamilya, 7 ans, a succombé trois jours après son accident.DR.
"Mat, tu as pas compris en fait, tu as vraiment pas compris", sermonne le père de Mattéo dans son message. Il suggère que son fils a eu un accident matériel. "Dès que tu as eu ton permis, tu vends la moto. Tu vas être à pied en fait parce que tu es inconscient, on va te perdre. Moi, je n’ai pas envie de me retrouver sans enfant, d’accord." Manifestement excédé, son père le met en garde: "Tu vas finir par te tuer", "Tu ne sais pas conduire en fait", "Y’a plus de deux-roues, et surtout ne t’avise pas de prendre le deux-roues de tes potes."
Ce message était-il en quelque sorte prémonitoire? Révélateur, en tout cas, pour Slim Oussaya. Le père de Kamilya est convaincu que la manœuvre était volontaire. "Les parents savaient très bien que la conduite de leur fils était dangereuse, déduit-il de l’expertise. Ce n’est pas un accident. Un accident, c’est quand on respecte le code de la route et la limitation de vitesse. "
Manœuvre involontaire selon lui
De nouveaux équipements sécurisent le passage protégé où Kamilya a été fauchée, avenue du Tapis-Vert à Vallauris.
Photo Patrice LapoiriePatrice Lapoirie / Nice Matin.
Le soir des faits, peu avant 19h, Mattéo a remonté la file de voitures par la gauche, avenue du Tapis-Vert, avant de faire un wheeling sur la roue arrière. Une manœuvre involontaire, et sans excès de vitesse, selon lui."Ce n’est pas facile à croire", l’avait averti le président de la chambre de l’instruction d’Aix-en-Provence, en septembre dernier. Parmi les milliers de photos exhumées du téléphone de Mattéo figurent deux clichés d’un motard "faisant une roue arrière".
Mattéo est mis en examen pour "homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité et de prudence par conducteur de véhicule à moteur". Cet étudiant, jusqu’alors inconnu de la justice, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Cette décision a suscité de vifs débats à Nice, puis à Aix, et l’incompréhension d’une partie de l’opinion publique.
D’autres expertises en cours
Slim Oussaya avec son avocat, Me Nabil Boudi, après l’audition par la juge le 16 septembre à Grasse.Photo Christophe Cirone.
Parmi les messages cités dans le rapport, figure un SMS envoyé par la mère de Mattéo le 2 septembre. La veille, Kamilya a succombé à ses blessures. Mattéo a été remis en liberté. Sa mère lui conseille d’évoquer un geste désespéré s’il devait aller en prison. "Leur seul objectif, c’est qu’il n‘y aille pas, estime Slim Oussaya. Ils ne veulent pas assumer la responsabilité de cet acte, comme si on parlait d’un accident banal..."
Dans l’attente de son procès, Mattéo reste présumé innocent. Son avocate n’a pas répondu à nos sollicitations. Sans doute la défense aura-t-elle une tout autre lecture du dossier. D’autres résultats d’expertises sont attendus, notamment sur la vitesse réelle de la moto. Une reconstitution a eu lieu il y a un mois, sur site, avenue du Tapis-Vert.
La ville de Vallauris y a récemment installé des équipements de sécurité. C’était l’un des objectifs des parents de Kamilya en rendant publique leur infinie douleur.
L’autre combat s’écrit sur le terrain judiciaire, avec leur avocat Nabil Boudi. Slim Oussaya salue l’enquête du SLPJ d’Antibes, "pas baclée", "faite dans les règles". Ce rapport le conforte dans ce qu’il pensait. "On n’avait rien à se reprocher. Kamilya était au mauvais endroit, au mauvais moment, devant la mauvaise personne. Vu son comportement, c’était inévitable, ça devait lui arriver un jour."
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires