La haine s’étale en lettres capitales. En haut des escaliers jouxtant le collège Henri-Matisse, une série de graffitis nauséabonds, découverte fin avril, déverse une islamophobie décomplexée. "Stop islamiks.com = barabars", peut ainsi décoder un passant, malgré les fautes d’orthographe. S’essayant à une hasardeuse comparaison entre le IIIe Reich et la religion musulmane, l’auteur (ou les auteurs) a jugé bon de tracer deux croix gammées (dessinées à l’envers), associées, par des flèches, à "l’islam".
Par-dessus, quelques coups de crayons noirs raturent l’intolérable message, barrent le symbole nazi. Mais comme sur un palimpseste (1), l’écriture des vandales se superpose, persiste et signe d’un "Pros arabes". Plus loin, dans une perpendiculaire de l’avenue de la Marne menant au Domaine de Cimiez, un trottoir est gribouillé d’un large "Stop islam". Même slogan. Un tag qui a été repéré fin mars. Un mois plus tard, la pluie semblait l’avoir dilué.
Contactée, la Ville "dénonce avec la plus grande fermeté tous les tags, et encore plus lorsqu’ils ont un caractère haineux. Les services sont immédiatement intervenus le 2 mai pour les retirer dès qu’ils ont été informés. Une plainte sera déposée." Sollicité pour savoir si d’autres plaintes ont été déposées, le parquet n’a pas répondu.
"Normalisation des discours anti-musulmans"
"Je ne sais pas qui fait ça, mais c’est révoltant", s’insurge Julien. Le Niçois a contacté Nice-Matin pour signaler son "effroyable découverte", fin avril, alors qu’il visitait des amis dans le quartier. "Il y a une telle normalisation des discours anti-musulmans dans l’espace public, dans les médias et les discours politiques. Des gens se félicitent d’être islamophobes! Face à ces comportements, il y a trop d’indifférence. Mais pensons-nous un instant à ce que ressentent nos concitoyens français de confession musulmane face à de tels propos? Que pensent les collégiens musulmans qui passent tous les jours devant ces tags?"
Le trentenaire marque un silence, visiblement affecté. "Au vu de l’actualité, ces tags sont encore plus dramatiques. Je me dis qu’entre les mots et le passage à l’acte, il peut y avoir qu’un pas." Vendredi, Aboubakar Cissé, un Malien âgé d’une vingtaine d’années, a été poignardé à mort dans une mosquée de La Grand-Combe (Gard). Le suspect, Olivier H., s’était filmé en train d’insulter Allah.
1. Parchemin dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte.
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