"Puisse son décès réveiller les consciences": un an après la mort du gendarme Eric Comyn lors d’un refus d’obtempérer, sa veuve renouvelle ses critiques face au "laxisme" de l’État

Près de 200 personnes ont honoré ce mardi la mémoire d’Éric Comyn, gendarme tué à Mougins lors d’un refus d’obtempérer il y a un an, lors d’une cérémonie ce mardi à Mandelieu. Lors d’un discours sans concession, sa veuve a dénoncé un drame « qui ne doit pas rester vain ».

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Sandie Navarra Publié le 27/08/2025 à 04:00, mis à jour le 27/08/2025 à 09:00
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Un an après le drame, les mots restent aussi tranchants que la douleur. Ce mardi après-midi, devant l’hôtel de police municipale de Mandelieu, près de 200 personnes se sont rassemblées pour honorer la mémoire de l’adjudant-chef Éric Comyn, tué le 26 août 2024 lors d’un contrôle routier à Mougins.

Collègues, élus, citoyens et représentants des forces de l’ordre ont partagé un moment de recueillement marqué par une minute de silence et un dépôt de gerbe.

"Un drame qui n’aurait jamais dû survenir"

Une cérémonie pour "exprimer la solidarité des concitoyens de Mandelieu avec ses gendarmes, les représentants des forces de l’ordre, et ceux qui, tous les jours, risquent leur vie sur le terrain.", a déclaré le maire, Sébastien Leroy, en préambule, rappelant le contexte d’un drame "qui n’aurait jamais dû survenir".

Le gendarme du peloton motorisé, âgé de 54 ans et père de deux enfants, avait été fauché par un multirécidiviste, "déjà condamné dix fois, en état d’alcoolémie, et dont le permis de conduire avait été retiré".

Projeté une dizaine de mètres plus loin et souffrant de multiples fractures, le militaire n’avait pas survécu malgré les tentatives de réanimation. "Ce drame à lui seul montre à quel point aujourd’hui le système ne fonctionne plus", a martelé le maire.

Un rond-point et bientôt un monument à son nom

La commune a récemment donné le nom d’Éric Comyn au rond-point Saint-Exupéry, situé à proximité du peloton motorisé auquel il appartenait. Les lettres ont été apposées il y a quelques jours, et un monument commémoratif y sera prochainement érigé. Une annonce qui a particulièrement touché la famille du gendarme.

"Savoir que mes enfants pourront voir cet édifice au gré de leur passage, de leurs envies, me réchauffe le cœur. Mille mercis pour cela", a confié son épouse, Harmonie.

L’an dernier, la veuve d’Éric Comyn avait marqué les esprits en tirant à boulets rouges sur un système qu’elle jugeait défaillant, à travers une phrase choc: "La France a tué mon mari."

Des déclarations saluées par le maire de Mandelieu: "Depuis que vous avez prononcé vos paroles, vous avez libéré la voix de ceux qui ont tout perdu. Et avec eux, vous avez libéré la voix du peuple de France, qui aujourd’hui ne supporte plus cette situation, et qui, dans son écrasante majorité, demande que l’ordre soit rétabli."

"40 années de tolérance et de laxisme ont donné le permis de tuer à cet homme"

Harmonie Comyn continue de porter la mémoire de son mari, tué en service le 26 août 2024. Photo Patrice Lapoirie Photo Patrice Lapoirie.

Le silence et l’émotion étaient palpables parmi la foule. Anciens camarades, policiers municipaux, élus et habitants se sont tenus côte à côte pour témoigner leur soutien à la famille. "Je suis venue lui rendre hommage car c’est tellement injuste ce qu’il s’est passé", confiait une habitante de Mandelieu, bouleversée.

C’est dans ce climat de recueillement qu’Harmonie Comyn a pris la parole, réaffirmant ses accusations: "Je ne regrette pas mes propos de l’an dernier, bien au contraire. 40 années de tolérance et de laxisme ont donné le permis de tuer à cet homme. La mort de mon mari, son meurtre, ne doivent pas rester vains. Puisse son décès réveiller les consciences et pousser nos dirigeants à prendre enfin leurs responsabilités. Ce drame est devenu mon combat..."

L’enquête toujours en cours

Le parquet de Grasse rappelle que l’information judiciaire est toujours en cours. À ce stade, la qualification retenue – meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique – n’a pas été modifiée. Reste à déterminer si les juges retiendront un homicide volontaire ou involontaire.

Le conducteur avait assuré ne pas avoir vu Éric Comyn et avoir pris la fuite "dans la panique", une version qui n’a jamais convaincu la veuve du gendarme.

"Les éléments ne seront susceptibles d’évoluer qu’à l’issue de l’information, étant précisé que celle-ci devrait se clôturer dans les prochaines semaines", précise encore le parquet.

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