"Il avait le cœur sur la main": qui était Yoann Pietri, poignardé en pleine rue à Nice le 9 juillet?

En face du tabac Le Cessole, le banc à côté duquel Yoann Pietri a été poignardé mortellement à la gorge le 9 juillet, peu avant 20 heures, est envahi de marques d’affection de riverains, choqués par la mort brutale de celui que beaucoup connaissaient dans le quartier, mais aussi des proches, de la famille.

Sur une petite feuille blanche scotchée, une écriture presque enfantine: "On t’aime tonton très fort. Repose en paix, on t’oubliera jamais". Et autour, des brassées de fleurs, des bougies funéraires, des photos du défunt qui allait fêter ses 43 ans le 16 août, et ce "Paix à ton âme, fraté" pour rappeler les origines corses de Yoann, originaire de Corte.

"Il aurait donné sa chemise"

"Il aurait donné sa chemise, même s’il n’avait rien. Il était là pour tout le monde", s’étrangle Nathaniel, le "frère de cœur". Ils se connaissaient depuis le collège. "On s’était perdus de vue, un temps, mais on s’était retrouvés", confie l’ami du père de famille. Yoann Pietri avait deux grands adolescents.

La générosité, c’est la première chose qu’inlassablement posent tous ceux qui ont croisé la route du quadragénaire. "C’était une bonne personne. Il était tellement gentil, il ne pensait qu’à rendre service", confirme Paule, l’une de ses amies et voisines. Elle vient de déposer une rose blanche et prend un café non loin du lieu de l’agression. "Je passe tous les jours devant ce banc, c’est dur", souffle-t-elle.

Gaston qui habite lui aussi tout près, connaissait Yoann de vue. "Il parlait avec tout le monde ici. Il était très souriant et très bavard", glisse-t-il en jetant un œil aux énormes bouquets installés en hommage.

Un coach bénévole apprécié des enfants

"C’était un très bon coach, il s’occupait des enfants et des ados, il était bénévole, Yoann était vraiment apprécié", se souvient Hinda, présidente de la Kempo Académie Saint-Pancrace, le club où il a longtemps pratiqué plusieurs disciplines, dont le kickboxing. Il avait aussi fréquenté un club à Contes. "Il a été neuf fois champion du monde dans plusieurs disciplines. Il avait des valeurs et le cœur sur la main", sourit Nathaniel. Qui en est certain: "Le soir du drame, il est mort parce qu’il a voulu aider quelqu’un, comme d’habitude, j’en suis sûr".

Le 9 juillet, Yoann Pietri a reçu un coup à la gorge. Une lame fine, selon l’autopsie réalisée quelques jours après.

Les enquêteurs de la crim’ s’emploient maintenant à éclaircir les circonstances de cette agression mortelle. Le quadragénaire connaissait-il celui qui a porté le coup mortel? Ce dernier a-t-il accosté la victime avec l’envie d’en découdre? Dans le quartier, le meurtrier présumé "est connu", jurent de nombreux habitants. "Yoann, lui, n’a rien à se reprocher", promet le frère de cœur.

Selon la police, il n’était effectivement pas connu de la justice.

"Il s’était un peu perdu, il remontait la pente"

"Il travaillait pour moi, comme plombier. Il dormait un peu chez moi, un peu chez un autre pote, Cyril. Il n’a jamais eu une vie très heureuse, il s’était un peu perdu, mais il était en train de remonter la pente", soupire Nathaniel. Yoann Pietri n’avait pas encore de domicile vraiment fixe.

Sur le banc transformé en autel, un QR code est à la disposition de tous ceux qui veulent aider la famille de Yoann pour financer les funérailles. Elles auront lieu en l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, mardi à 10h30, avant une inhumation au cimetière de l’est. "Il va y avoir un monde fou, tout le monde l’aimait", conclut Nathaniel.