Ils ne se seront pas échappés longtemps dans la nature. Après l’interpellation d’un voleur de montre de luxe mardi dernier à Cannes, ses complices présumés sont à leur tour tombés dans les mailles du filet international dressé par la police.
L’affaire débutait pourtant avec une mauvaise blague de 1er avril. Alors que cela faisait des mois que le commissaire Christophe Haget et son équipe cannoise mettaient au point une planification pour lutter contre le fléau des vols de montres de luxe sur la Croisette, un nouvel épisode se déroulait sur la rue du Canada (proche du bord de mer) mardi dernier vers 18h.
Un homme s’approchait d’un touriste anglais qui se promenait en famille, détournait très brièvement son attention avant d’arracher sa montre Patek Philippe et de prendre la fuite en courant. L’alerte était aussitôt donnée aux forces de l’ordre, et avec l’appui du centre de vidéosurveillance, le fuyard était repéré et interpellé par les policiers municipaux, environ une heure plus tard dans le quartier de la République. Hélas, il n’avait déjà plus en sa possession la montre estimée à 100.000 euros selon la victime, ce qui laisse naturellement penser à l’intervention de complices.
Complices en Belgique
L’occasion de déclencher le plan tout juste élaboré pour l’enquête, même s’il n’avait pu être expérimenté avant.
"De Saint-Tropez à Menton, nous avons mis en place un système de coopération avec tous les services de police, nationale comme municipale, y compris la gendarmerie", indique le commissaire Haget.
Alors que le premier suspect était placé en garde à vue au commissariat de Cannes, de minutieuses investigations étaient actionnées d’après les signalements, témoignages et exploitation des images vidéo, qui permettaient d’identifier deux complices, circulant à bord d’une Mercedes louée en Allemagne.
En lien avec le centre de coopération de la police aux frontières, le véhicule était finalement localisé en Belgique, où la police bruxelloise a pu interpeller ces deux étrangers en situation irrégulière, pour les placer dans un premier temps en rétention administrative. Le parquet de Grasse a aussitôt saisi l’occasion pour émettre deux mandats d’arrêt européens, qui permettront de les placer en détention et de les entendre dans ce dossier. Quant au voleur, il a déjà reconnu les faits et a été écroué en détention préventive.
"Vigilance renforcée"
"C’est un cas d’école pour l’efficacité de toutes les polices et des magistrats en moins de 12h, se réjouit le commissaire Haget, en compagnie de Pascale Suzanne, cheffe de la Sûreté cannoise. On va encore améliorer nos process, mais ce cas permet déjà de mieux cerner l’action et le profil des voleurs de montre de luxe."
Les suspects? Des Marocains d’Espagne ou d’Allemagne, âgés d’une vingtaine d’années, "mais ce sont de vrais pros, tant pour leurs aptitudes physiques que pour leur faculté à cibler leurs victimes".
Petit bémol dans cette enquête, la montre volée n’a pas encore été retrouvée. Mais l’ouverture d’une information judiciaire par le procureur de Grasse permettra peut-être d’y remédier, avec le concours d’Interpol et Europol.
En attendant, la police cannoise mise aussi sur la prévention, à l’heure d’ouvrir la saison touristique.
"Tous les plagistes, taxis, hôteliers et restaurateurs ont été sensibilisés aux vols de montre de luxe, et une charte de bonne conduite devrait être élaborée pour une meilleure mise en sécurité de leurs clients. Tous les acteurs sont impliqués, et notre vigilance est renforcée."
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