La photo en noir et blanc de cette petite fille vietnamienne gravement brûlée, courant nue sur une route après un bombardement au napalm à Trang Bang, dans le sud du pays, en 1972, avait contribué à changer la perception mondiale de cette guerre et demeure plus de 50 ans plus tard un symbole de ses horreurs.
Le photographe américano-vietnamien d'AP, Huynh Cong Ut, plus connu sous le nom de Nick Ut, avait reçu un prix Pulitzer et un prix World Press Photo pour cette image emblématique.
"La petite fille au napalm", Kim Phuc Phan Thi, devenue canadienne, a continué de témoigner adulte.
Un journaliste pigiste vietnamien?
En janvier, un documentaire projeté au festival américain de Sundance, "The Stringer", a attribué la photo à un journaliste pigiste vietnamien, Nguyen Thanh Nghe, interviewé dans le film.
AP a annoncé dans un rapport approfondi début mai qu'elle continuerait de créditer Nick Ut pour la photo, même si des "questions importantes" persistent.
Le documentaire "a suscité une profonde réflexion au sein de World Press Photo", qui a mené une enquête entre janvier et mai concernant la paternité de la photo, a indiqué le concours dans un communiqué.
"Aujourd'hui, vendredi 16 mai, World Press Photo publie des conclusions et un rapport indiquant que World Press Photo a suspendu l'attribution de "The Terror of War" ("La petite fille au napalm") à Nick Ut à compter d'aujourd'hui", a-t-il déclaré.
"Une analyse de World Press Photo a indiqué que, d'après l'analyse du lieu, de la distance et de l'appareil photo utilisé ce jour-là, les photographes Nguyen Thanh Nghe ou Huynh Cong Phuc étaient peut-être mieux placés que Nick Ut pour prendre la photo", a-t-il expliqué.
"La photo elle-même est incontestée"
"Il est important de préciser que la photo elle-même est incontestée et qu'elle représente sans aucun doute un moment historique réel qui continue de résonner au Vietnam, aux États-Unis et dans le monde entier", a déclaré Joumana El Zein Khoury, directrice exécutive du concours, citée dans le communiqué.
Le prix World Press Photo décerné au cliché demeure un fait établi, seule la paternité de la photo est suspendue "jusqu'à preuve du contraire", a précisé le concours.
"Cette question reste controversée, et il est possible que l'auteur de la photographie ne soit jamais pleinement confirmé", a-t-il ajouté.
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