Des phrases choc sur les murs de Paris pour "interpeller les passants" sur les féminicides
"Elle le quitte, il la tue", "Salomé, 100e féminicide en 2019"... Depuis une semaine, de grandes lettres noires sur fond blanc ont recouvert les murs des rues de Paris pour dénoncer les féminicides et rendre hommage aux victimes.
AFPPublié le 07/09/2019 à 15:30, mis à jour le 07/09/2019 à 15:32
Inscription sur les murs de Paris pour dénoncer les féminicides, le 6 septembre 2019AFP / Lionel BONAVENTURE
Vendredi soir, comme Marguerite et Sophia, elles sont plus d'une trentaine à arpenter la capitale pour "aller coller". Sénat, Assemblée nationale, Matignon et la Défense, les cibles sont "symboliques".
Le seau de colle dans une main, les paquets de feuilles dans une autre, Sophia Hocini, 26 ans et militante féministe depuis plusieurs années, emmène un groupe de six filles dans le VIe arrondissement, quasiment toutes sont novices dans les actions de rues. Alors avant le départ, les jeunes femmes sont "briefées".
Entre conseils techniques et juridiques, en cas de contrôles policiers ou d'interpellations, la trentaine de filles venues pour la soirée, écoutent attentivement les consignes, assises en cercle. Autour d'elles, les collages jonchent le sol et les murs pour sécher.
Depuis une semaine, la méthode est la même chaque soir: en moins de trois minutes, certaines collent une phrase "choc" - "Féminicides à qui la faute ?", "Plus écoutées mortes que vivantes"- quand d'autres guettent la venue de policiers.
"Il faut interpeller les passants car c'est en faisant bouger la société que l'on fera avancer les choses et que le gouvernement accordera plus d'argent à cette cause", assure Sophia Hocini, candidate aux élections européennes sur la liste PCF.
Basées au dernier étage du Jardin Denfert, un squat d'artistes dans le XIVe arrondissement, dans un immense local sous les toits, les militantes s'attèlent la journée, dans une ambiance "studieuse mais pas forcément lourde", à peindre les affiches et préparer le matériel. La nuit tombée, elles partent en petits groupes coller dans Paris.
"C'est fou, je suis contactée par plein de filles, même super jeunes, tout me dépasse un peu... Je ne réalise pas vraiment mais je suis heureuse que cette cause intéresse enfin", explique Marguerite Stern, cheveux blonds et bleus, des taches de peinture noire partout sur les jambes.
Cette ex-Femen, âgée de 28 ans, a lancé seule cette initiative "la semaine dernière", aujourd'hui elle essaye tant bien que mal de "garder le côté informel" de ses actions "type Femen".
"Vous pouvez être fières de vous"
"C'est hyper fort et symbolique: on se retrouve entre filles pour faire un truc illégal et investir un espace, la rue, où on est pas forcément bien traitée", raconte Camille Lextray, 23 ans, "militante féministe du quotidien mais jamais engagée".
Montage de photos d'inscriptions sur les murs de Paris à la mémoire de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, le 6 septembre 2019AFP / Lionel BONAVENTURE.
Margot Bremond, elle, est venue de Belgique: "j'ai entendu parler des collages sur les réseaux sociaux, je suis venue pour faire un petit stage pour ensuite importer ces actions à Bruxelles", détaille-elle, déterminée. Ailleurs en France, des collages ont aussi commencé à fleurir, comme à Bordeaux ou à Lyon.
Vers 23h, la soirée se termine autour d'une fontaine pour se laver les mains pleines de colle. La mine réjouie, les jeunes femmes ont le sentiment du devoir accompli: "vous pouvez être fières de vous les filles", leur lance alors Sophia. Elles reviendront le lendemain.
En 2018, le ministère de l'Intérieur a recensé 121 féminicides en France. En 2019, 100 victimes sont pour l'instant recensées, selon un décompte des associations.
Mardi, le gouvernement a annoncé à l'ouverture du "Grenelle contre les violences conjugales" des premières mesures pour endiguer ce fléau, suscitant des réactions mitigées chez les associations, comme la possibilité de déposer plainte à l'hôpital ou des "procureurs référents spécialisés".
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