Clarification manquée, élections perdues, double crise et instabilité chronique: Emmanuel Macron multiplie les ratés depuis la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin dernier.
La "clarification" manquée
La dissolution surprise, au soir des élections européennes remportées par l'extrême droite, devait favoriser une "clarification" politique, avait plaidé le chef de l'Etat face à l'incompréhension suscitée par sa décision.
Si les législatives qui ont suivi ont permis, à ses yeux, de démontrer que le Rassemblement national n'était pas encore en mesure d'accéder au pouvoir, on peine à percevoir une clarification dans un paysage politique plus éclaté que jamais, avec trois blocs minoritaires incapables de s'entendre.
Les élections perdues
"On y va pour gagner", martelait l'entourage présidentiel au soir de la dissolution. Dans l'esprit d'Emmanuel Macron, la gauche, divisée, allait être prise de court et incapable de s'unir, donnant à son camp une possibilité de l'emporter aux législatives anticipées.
Le résultat est tout autre: la gauche a rapidement fait alliance au sein du Nouveau Front populaire, arrivé en tête mais sans majorité. Et le président a lui-même reconnu la défaite de ses soutiens.
Deux crises pour le prix d'une
Autre argument invoqué par le chef de l'Etat pour justifier la dissolution: le parti Les Républicains préparait une censure pour l'automne. Autrement dit, au moment du budget.
"C'est dix fois pire, c'est la crise totale", expliquait-il en petit comité. "La dissolution c'était pour éviter des crises plus graves", ajoutait-il.
Finalement, la dissolution aura créé une crise politique sans empêcher la nouvelle secousse de la censure en plein budget qu'elle était censée éviter.
La "non-censurabilité"
Lorsqu'il s'est agi de nommer un Premier ministre après les législatives, le président de la République a invoqué le principe de la "stabilité" gouvernementale.
Son principal critère de nomination a donc été la "non censurabilité" par l'Assemblée nationale du locataire de Matignon. C'est sur cette base qu'il a refusé de nommer un profil de gauche, comme le demandait le NFP, et a choisi l'ex-ministre gaulliste Michel Barnier, que le RN s'était engagé à ne pas censurer a priori.
Trois mois plus tard, une censure ultrarapide et le gouvernement le plus éphémère de la Ve République.
Le "parfum de cohabitation"
Après cette défaite électorale, Emmanuel Macron avait donc choisi de placer à la tête du gouvernement un "opposant", et surtout pas une personnalité de son camp, pour répondre à la "demande de rupture et de changement".
Il fallait que du Premier ministre émane un "parfum de cohabitation", glissait son entourage.
Ce parfum s'est-il dissipé? On pourrait le croire à la lecture des principaux noms qui circulent pour succéder à Michel Barnier, qu'il s'agisse de son allié historique François Bayrou ou de son fidèle ministre des Armées Sébastien Lecornu.
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